Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Le cahier des charges de l'enfant-roi : le beau, l'utile, l'agréable...

LE CAHIER DES CHARGES DE L’ENFANT-ROI:
LE BEAU, L’UTILE, L’AGREABLE...
Il est coutume de faire des vœux en période de fêtes. Et de privilégier les enfants. Histoire de leur rendre la vie moins dure. Et si nous leur donnions la parole à ces diablotins? On ne s’étonnera pas: ce qu’ils savent le mieux faire, c’est réclamer. Pour les vêtements, les études et les loisirs. Mais ils ont aussi la dent dure quand il s’agit de dénoncer les travers des uns, des autres ou des adultes...
Il n’y a pas que les CD et les jeux qui les fascinent, les vêtements, cela compte beaucoup pour eux. Ils en discutent à la récré, les garçons autant que les filles. La plupart se plaignent du look que les parents leur imposent. D’autres, avec un clin d’œil, disent mettre leur mère dans leur poche à tous les coups. Il y a également ceux qui laisseront indéfiniment dans le placard tel ou tel vêtement qu’ils détestent, mais useront jusqu’à la corde tel autre qu’ils chérissent.
Evidemment, quand ces bêtes de mode débarquent dans les boutiques, suivis de maman, bonjour les dégâts. Habiller, nourrir, ses enfants? Un mirage! Ce sont eux et eux seuls, qui le plus souvent décident de ce qu’ils vont porter, ou de ce qu’il y aura dans leur assiette. Normal. Les courses et le lèche-vitrine sont devenus leur plus grand plaisir.
Alors qu’ils ânonnent encore à peine leur table de multiplication, les petits de l’école primaire sont déjà diplômés côté mode, ont des idées plus qu’arrêtées sur leur look, particulièrement celui qu’ils arborent en cour de récréation. Les goûts évoluent vite chez les enfants.
«Tu ne vas pas aller en caleçon à l’école!» s’exclame horrifiée la mère. «Mais toutes mes copines en portent», argumente la fille. Avec des baskets épais, et montants, des T-shirts aussi larges que longs et des casquettes à grande visière, genre rap, les filles et les garçons du primaire et du collège (pour eux, jean ou pantalon noir) ont l’air de porter un même uniforme. Faisant fi des conditions météo, ils affirment n’avoir jamais froid et préfèrent quand la température baisse, enfiler une chemise de bûcheron et plusieurs sweat shirts l’un sur l’autre, les ourlets dépassant pour faire des vogues. Prière de ne pas rectifier les désalignements ou de rentrer la chemise dans le pantalon: leur mode est aux superpositions bien visibles.
Notre bureau des réclamations a enregistré un certain nombre de plaintes concernant le ras le bol de plus en plus précoce des robes à smocks — dès 6/7 ans maintenant — la «détestation» des mocassins, la haine du tablier encore obligatoire dans certaines écoles primaires... Toutes les astuces sont bonnes pour y échapper comme de le tartiner régulièrement et abondamment de peinture, de prétendre tous les lundis matins que maman n’a pas fait tourner la machine à laver pendant le week - end. Et puis, deuxième clin d’œil des interviewés, «ma grand-mère, ma marraine ou ma tante, quand je lui demande un truc elle me le donne toujours». Les parents sont court-circuités, leur bonne éducation les empêche d’aller échanger le vêtement qui ne leur plaît qu’à moitié et parfois, pas du tout. Il paraît que nombre d’uniformes noirs se sont constitués de cette façon. Dans les cours d’école, on se file également les bons tuyaux. Pas les fluctuations des bons de trésor évidemment, mais celles des étiquettes des jeans par exemple.
Côté assiette, le topo est le même. Le menu idéal de ces mioches reste le désormais classique hamburger — frites — boisson gazeuse. En deuxième position, le poulet grillé au charbon avec beaucoup de «toum» (sauce à l’ail). Ils se débrouillent pour manger sandwiches et manakiches à l’école pour ne pas passer à table à la maison. Les ragoûts, les «bémieh» ou autres, ils n’en veulent pas. Que ce soit entendu une fois pour toutes. Il y en a même qui ont carrément viré végétarien.

Devoirs...

Passons aux choses un peu plus sérieuses. «Trop de devoirs, trop de stress et trop de maths». C’est la litanie éternelle des gosses. Le stress, ils le mettent sur le dos de l’école mais aussi des parents. Ils dénoncent une réelle anxiété, une pression presque insupportable. «Une moyenne en dessous de quinze, et on pense déjà qu’on est mal parti», se plaint une fillette. Il faut dire qu’on sent aussi une très grande inquiétude chez les parents «L’école aujourd’hui, c’est la compétition de son enfant contre celle des autres», dit une mère. «Les places, à l’école, sont chères. Si l’enfant n’obtient pas de bons résultats, il perdra ce privilège que sont les études», renchérit un père. Les parents ne se contentent donc plus d’écouter, ravis, leur bambin réciter La Fontaine: «Rien ne sert de courir». Aujourd’hui, ils savent bien que la morale de l’histoire penche nettement en faveur du lièvre. Ils incitent les enfants à travailler plus, à aller plus vite, plus loin. Et ils ne laissent plus leurs rejetons affronter leurs cahiers tout seuls. Les mères savent tout du contenu des cartables, des emplois du temps, des manuels, des devoirs, des leçons apprises la veille. Elles connaissent les professeurs, les voient régulièrement et se transforment volontiers en répétiteur. Si les parents ne se chargent pas eux - mêmes de les aider, ils se font assister par des cours particuliers.
Les marmots se trouvent donc complètement écrasés sous le poids des études, auxquelles s’ajoutent les tensions d’une compétition serrée. L’idéal pour eux serait un remaniement du curriculum. Moins de devoirs à la maison, plus d’activités artistiques et sportives et moins de maths. Ah les maths, cela tourne au cauchemar. Angoisse des familles, hantise des élèves, et pourtant voie obligée de la réussite, les maths continuent à jouer les terreurs à l’école. Les enfants veulent que l’on détrône l’idole, arrête le gachis, bref,que l’on change tout le programme. Les enfants peinent, les parents se désespèrent. «Le Bac C ou rien, me disent mes parents, vous trouvez ça normal?». «La note en math n’est pas loin de l’interprétation du Qi. si vous avez 4 en math, ça veut dire que votre intelligence vaut quatre».
Ils veulent également des heures de loisirs. Encore et toujours plus. Qu’ils tenteront de caser vaillamment dans un emploi de temps chargé, s’il leur reste un peu de force au milieu du reste.
En attendant... Ils attendent avec impatience le week-end pour se défouler. Donc pour la plupart des jeunes, le week-end est l’exutoire de la semaine. Il leur permet de décompresser, de terminer les corvées de la semaine et, surtout, de faire leurs devoirs...

Maya GHANDOUR
LE CAHIER DES CHARGES DE L’ENFANT-ROI: LE BEAU, L’UTILE, L’AGREABLE...Il est coutume de faire des vœux en période de fêtes. Et de privilégier les enfants. Histoire de leur rendre la vie moins dure. Et si nous leur donnions la parole à ces diablotins? On ne s’étonnera pas: ce qu’ils savent le mieux faire, c’est réclamer. Pour les vêtements, les études et les...