Mais montrer son appartenance à la chrétienté reste exceptionnel à Ninive. Dans ces contrées où les extrémistes d'el-Qaëda sévissent toujours, l'habitude est de cacher tout signe religieux non conforme à la confession sunnite majoritaire. Pourtant, M. Dallou est optimiste : « J'ai l'impression que la prochaine étape verra la reconstruction du pays et un retour de la réconciliation nationale. »
Plus revendicatif, Sargon Hanna ne pensait pas se déplacer dans un premier temps. Cet employé quinquagénaire n'avait déjà « pas pu voter aux dernières élections de 2005 à cause du terrorisme ». Sargon n'est pas le seul à avoir hésité. « Je ne pensais pas voter, mais malgré l'injustice que nous subissons, j'ai décidé de participer au vote pour faire sortir la peur de mon cœur et de ceux de ma famille », explique Amina Aboush Boulos, une enseignante. « J'ai pu voter et rentrer sans problème. C'était un rêve. Je sens que le gouvernement irakien est honnête quand il dit qu'il veut assurer la participation de tous les Irakiens, c'est la première fois que nous, chrétiens, ressentons cela », s'extasie-t-elle.
Malgré l'ambiance délétère, « les chrétiens sont venus aujourd'hui en grand nombre », constate Imad Sami Jahjou, un ingénieur de 39 ans. « Pour crier à la face du monde entier qu'ils aiment leur pays et rejettent les divisions. » Et, bien sûr, élire un chrétien à coup sûr : la loi électorale a instauré des quotas pour les minorités, et un siège sur 37 est réservé aux chrétiens dans la province de Ninive.
Marwan IBRAHIM (AFP)