« La récession mondiale et le désendettement », qui entraînent une contraction de la liquidité sur les marchés financiers, « vont rester les facteurs dominants » du marché des matières premières à moyen terme, affirme Robin Bhar, analyste de Calyon Crédit agricole.
Malgré la baisse de production des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ou dans le secteur minier, qui licencie à tour de bras, la demande de métaux et d'énergie va continuer à se contracter cette année, reflétant le ralentissement économique.
Un début de reprise n'étant pas attendu avant la fin du troisième trimestre, il ne faut pas attendre de stabilisation des cours d'ici là, fait valoir Harry Tchilinguirian, analyste de BNP Paribas.
D'autant que le rôle des spéculateurs et investisseurs institutionnels, qui avaient largement contribué à l'envolée des cours jusqu'à la mi-2008, « joue beaucoup moins quand le marché baisse », souligne Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières et président du cercle Cyclope, une société spécialisée dans l'analyse des marchés des matières premières.
Le fer devrait accuser le plus grand plongeon cette année, avec des cours attendus en moyenne cette année à 60 % sous leur niveau moyen de 2008 et 20 % plus faibles en ce qui concerne l'aluminium, selon Cyclope.
Mais ces chiffres s'appliquent aux moyennes annuelles, et « par rapport aux cours actuels, ça ne peut pas tellement tomber plus bas », remarque M. Chalmin. L'aluminium, notamment, est déjà à son plancher depuis plus de six ans.
L'or, valeur refuge en temps de crise, devrait mieux résister. L'once de métal précieux est repassée fin janvier au-dessus de 900 dollars, un sommet depuis trois mois et demi, et Cyclope ne prévoit qu'un léger repli de 2 % du cours moyen sur 2009 par rapport à celui de 2008.
Côté pétrole, Goldman Sachs pense que le baril pourrait chuter sous les 30 dollars d'ici à la fin du trimestre avant de rebondir à 65 dollars en moyenne au second semestre.
Les denrées agricoles devraient tirer le meilleur parti de 2009. Elles sont moins sensibles au recul de l'activité industrielle que l'énergie ou les métaux, et la récolte 2009/2010 a de fortes chances d'être moins bonne que celle de 2008/2009, qui a été « extraordinaire », rappelle M. Chalmin.
En outre, « les plus gros importateurs de blé et de riz sont des pays producteurs de pétrole comme le Nigéria et l'Algérie ». Avec des cours du pétrole anémiés, ils ne peuvent plus payer des cours élevés, argumente-t-il.
Cyclope prévoit, en moyenne, la stabilité des cours du blé en 2009, comparé à 2008, mais une hausse de 8 % du cours moyen du cacao, qui plane à des records qu'il n'avait plus atteint depuis 25 ans, de 12 % pour le maïs et de 23 % pour le sucre.
La demande « chinoise et indienne n'a pas disparu, vu les besoins d'industrialisation de ces pays », et les coûts de production, qui « ont beaucoup augmenté ces cinq dernières années », ne sont pas retombés malgré la crise et pourraient contribuer à renforcer les cours, précise M. Chalmin.