Yasser Abu Shabab, chef des Forces populaires, une milice locale du sud de Gaza, se tient armé devant un convoi de véhicules de l'ONU. Photo tirée du compte Facebook des Forces populaires
Yasser Abou Chabab, chef d'un groupe armé palestinien opposé au Hamas, a reconnu dimanche dans un entretien diffusé par une radio israélienne qu'il coopère avec l'armée israélienne pour mener des actions dans le sud de la bande de Gaza.
Ce territoire palestinien est le théâtre d'une guerre depuis 21 mois entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.
Yasser Abou Chabab affirme pouvoir se déplacer « librement » dans les zones sous contrôle de l'armée israélienne, avec laquelle il dit communiquer avant les opérations de son groupe armé. « Nous les tenons juste informés, mais nous menons seuls les actions militaires », dit-il dans un entretien à Makan, la radio publique israélienne en langue arabe. Le chef du groupe armé évoque « un soutien logique et financier venant de plusieurs parties », sans citer directement Israël. « Il y a des choses dont nous ne pouvons pas parler publiquement ».
Abou Chabab dans le viseur du Hamas et du Jihad islamique
Dans la journée du dimanche, une coalition de factions palestiniennes de Gaza, dont le Hamas et le Jihad islamique, a annoncé son intention d'assassiner des membres du gang Abou Chabab, une milice armée et soutenue par Israël dans la bande de Gaza. « Ces agents agissent sur ordre de l'occupation (israélienne, ndlr) », ont accusé les coalitions dans un communiqué cité par le quotidien israélien de gauche, le Haaretz. « Leur sort est dans la poubelle de l'histoire », ont-ils poursuivi.
Plus tôt cette semaine, une cour militaire dépendant du Hamas avait donné un ultimatum de dix jours à Yasser Abou Chabab pour se rendre afin d'être jugé. Un groupe de plusieurs mouvements palestiniens a accusé dimanche sa milice, nommée les « Forces populaires », de « collaborer sans honte avec l'ennemi ». « Ils sont rejetés par l'ensemble de notre peuple », a affirmé ce groupe dans un communiqué. « Nous ne leur accorderons aucune clémence, ni à quiconque suit leurs traces en aidant l'occupation (israélienne). Ils seront traités comme il se doit, en traîtres et collaborateurs ».
Les autorités israéliennes avaient reconnu en juin soutenir et armer un clan palestinien opposé au Hamas, sans nommer directement celui dirigé par Yasser Abou Chabab. « Nous agissons de diverses manières contre le gouvernement du Hamas », avait dit le porte-parole de l'armée israélienne Effie Defrin.
Le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) décrit Yasser Abou Chabab comme le chef d'un « gang criminel » opérant dans la région de Rafah — une ville à cheval entre la bande de Gaza et l'Egypte — et accusé de piller des camions d'aide humanitaire à Gaza. « Nous n'appartenons à aucune idéologie ou organisation politique », soutient Yasser Abou Chabab dans son entretien avec Makan, disant lutter contre « l'injustice » et la « corruption » du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.« Nous continuerons à nous battre, peu importe le sang versé », ajoute-t-il. « En ce moment, le Hamas est en train d’agoniser. Ils savent que leur fin est proche ».