Le discours de Naïm Kassem retransmis dans la banlieue sud de Beyrouth, lors d'une commémoration de Achoura, le 6 juillet 2025. Photo Nicholas Frakes / L'Orient-Le Jour
« Je déclare, au nom du Hezbollah, que nous sommes prêts pour l’un des deux choix qui s'offrent à nous : pour la paix, la construction d’un État et la coopération en faveur de l’essor et la stabilité, tout comme pour la confrontation et le combat. Mais nous ne nous rendrons pas et nous ne compromettrons pas nos droits et notre dignité. » Par ces mots prononcés dimanche dans son discours à l’occasion de la commémoration de Achoura, le secrétaire général du Hezbollah Naïm Kassem a répondu à ceux qui demandent à sa formation une réponse claire à la feuille de route de l’émissaire américain Thomas Barrack, exigeant notamment le désarmement du Hezbollah dans un délai défini, sur tout le territoire libanais.
Le Liban devrait donner sa réponse officielle à cette feuille de route lundi avec l’arrivée de Thomas Barrack à Beyrouth. Le Hezbollah a tardé à apporter sa propre réponse aux questionnements du gouvernement et du président du Parlement, son allié Nabih Berry. Le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et M. Berry sont d’accord sur le fait que « l’époque des armes hors du contrôle de l’État est révolue » et conviennent de « ne permettre à aucune partie d’entraîner le Liban vers la destruction ». Le président du Parlement aurait aussi adressé un message au Hezbollah disant : « Si vous ne répondez pas, nous avancerons sans vous », selon certains médias locaux.
« Nous sommes des hommes de terrain »
Dans son discours, Naïm Kassem a estimé que « le problème c’est Israël et ses violations quotidiennes, et non la Résistance ». « Nous sommes face aux deux phases de l’application de la résolution 1701 de l’ONU (à la base du cessez-le-feu qui avait mis fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël en novembre 2024, ndlr), nous sommes prêts à compléter la première phase de l’accord de cessez-le-feu avant de mettre en application la résolution de manière globale », a-t-il ajouté.
Selon lui, le Hezbollah « a autant de flexibilité qu’il le faut, mais n’est pas concerné par l’équation d’Israël et des États-Unis qui menacent d’assassinats et exigent une reddition ». « Nous sommes attachés à nos droits et prêts à mourir pour eux s’il le faut, nous sommes des hommes de terrain », a-t-il martelé.
Un État « fort et exempt de corruption », plaide Fadlallah
Également à l’occasion de la commémoration de Achoura, l’uléma chiite Ali Fadlallah a évoqué pour sa part la question des conditions américaines et israéliennes pour un désarmement du Hezbollah. « Nous n’allons pas obtempérer aux diktats qui nous sont imposés », a-t-il dit pendant son prêche dans une mosquée à Haret Hreik, dans la banlieue-sud de Beyrouth.
« Nous sommes bien conscients du déséquilibre des forces au regard des moyens dont se dote l’ennemi (israélien) et de l’appui dont il bénéficie, mais cela ne nous oblige pas à reculer et à accepter le fait accompli, nous restons fidèles à notre engagement vis-à-vis du Prophète et de Hussein », a-t-il poursuivi, rappelant qu’il s’agit de la commémoration de la bataille dans laquelle le fils du calife Ali Ben Abi Taleb a été tué, un événement à la base du chiisme. « Si le présent n’est pas en notre faveur, l’avenir n’est pas fermé non plus, et le temps nous donnera raison face aux tyrans. »
L'uléma Fadlallah a aussi abordé la question des réformes, se disant favorable à « un État fort, exempt de corruption et œuvrant dans l’intérêt de ses fils sans distinction et sur base de la compétence ». Il a plaidé pour « plus d’unité nationale » et davantage de ponts entre les pays arabes et islamiques.
Amal : Pas de reconstruction conditionnée
Pour sa part, le mufti jaafarite Ahmad Kabalan, proche du Hezbollah, a assuré que « le Liban n’a pas de valeur sans sa résistance », affirmant qu’il « ne faut pas croire le mensonge des garanties qui n’ont pas de place dans ce monde ». Il a dénoncé « les atteintes américaines à la souveraineté libanaise », en référence aux exigences des États-Unis pour le désarmement du Hezbollah.
« Nous n’accepterons aucun projet fondé sur le chantage, et la situation du pays ne supporte pas de positions en demi-teinte », a-t-il insisté dans un message à l’occasion de l'Achoura.
De son côté, le président du comité exécutif du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah, Moustapha Fouhani, a déclaré que son groupe « reste fidèle aux sacrifices des martyrs et attaché à ses constantes nationales et communautaires. Il n’acceptera en aucun cas que la reconstruction, notamment dans les villages frontaliers, soit soumise à des engagements politiques ou des conditions contraires à la souveraineté ».
« Cheikh Naïm, répétez après moi »
Plusieurs détracteurs du Hezbollah, notamment parmi les Forces libanaises (FL), ont répondu au discours de Kassem. Dans un message sur son compte X, le député Pierre Abou Assi a ainsi lancé au secrétaire général du Hezbollah : « Cheikh Naïm, répétez après moi, la guerre et la paix sont l’affaire de tout le peuple libanais à travers ses autorités officielles. C’est tout ». Il faisait référence au fait que le Hezbollah a, à plusieurs reprises et notamment le 8 octobre 2023, déclaré unilatéralement la guerre à Israël.
Pour sa part, également sur X, le député Razi el-Hajj, également du bloc FL, a dénoncé le fait que « le secrétaire général du Hezbollah et le président du Parlement prennent, une nouvelle fois, des risques sur l'avenir du Liban (…) Jouer avec les mots dans la réponse à l’envoyé américain, se diviser les rôles, ne profitera à personne et perdra le Liban qui se trouve aux portes d’une nouvelle guerre destructrice », selon lui. « Le gouvernement doit se réunir incessamment et prendre une position claire à transmettre au Parlement », a-t-il ajouté.
Je n'ai toujours pas compris a qui ils pensent se rendre? Le principe est de désarmer les milices pour que le pays prospère. C'est a l’armée LIBANAISE qu'ils doivent rendre les armes ou est la honte? Une autre question: qu'est ce que le prophète et Hussein vienne faire ici pardi? De ces deux déclarations je comprends que le Hezbollah s'est battu pour le prophète et Hussein, le Liban et les Libanais il s'en moque, et refuse de remettre ses armes a l’armée et donc considère l’armée et le peuple Libanais comme des ennemis et non seulement Israël et les USA. On en fait quoi de cela?
15 h 21, le 07 juillet 2025