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Culture - Concert

Amman-Beyrouth : l’Autostrad est électrique

Dans une performance survoltée sur les toits du KED, le groupe jordanien indie a livré un concert généreux et fédérateur, mêlant funk, rock et sonorités orientales devant un public conquis.

Amman-Beyrouth : l’Autostrad est électrique

Plus de 600 spectateurs au concert beyrouthin du groupe Autostrad. Photo L'OLJ

C’est un souffle musical venu d’Amman qui a rafraîchi la moiteur de la nuit beyrouthine, mercredi 3 juillet. Le groupe jordanien Autostrad a embrasé la scène en plein air du KED, sur le port meurtri de la capitale, transformant le lieu en un vaste espace vibrant de vie, de danse, d’amour et de musique. Au programme : un savant mélange de funk, de rock et de reggae teinté d’accents orientaux, latins et bédouins.

Durant trois heures, le public – quelque 600 personnes, de la vingtaine à la cinquantaine – a repris en chœur des dizaines de titres phares du groupe, anciens ou récents, comme Rahat ya Khal, Orkod 'ala gym, Matrouh, Istanna chouai  ou encore Bahebak bel-Terki. Des chansons à la fois simples, sincères et profondément ancrées dans le quotidien des jeunes Jordaniens, des récits qui résonnent aussi fort chez les Libanais, qu’il s’agisse d’amour, de mariage, de précarité professionnelle ou de luttes économiques. Sur scène, la synergie entre le groupe et son public relevait du ping-pong émotionnel : une circulation d’énergie constante, généreuse et fluide.

Le groupe jordanien indie a livré un concert généreux et fédérateur au KED. Photo L'OLJ

Formé en 2007, Autostrad est composé de six musiciens soudés comme une famille : Yazan al-Rousan (guitare, chant), Avo Demerjian (basse, chant), Bachar Hamdan (saxophone, clavier), Burhan al-Ali (percussions et chant), Abdelrahman Attari (guitare) et Mohannad Shwayat (clavier). Leur signature ? Une spontanéité assumée, des performances vivantes et des morceaux joués avec une fraîcheur quasi improvisée. Chaque note pulse d’âme et de renouveau, chaque mot épouse une mélodie qui accélère les battements du cœur.

Interrogé par L’Orient-Le Jour, le saxophoniste Bachar Hamdan confie : « Le public est une partie intégrante de notre parcours. Nous ne faisons pas que jouer de la musique, nous la respirons, nous la vivons. Chaque concert est un accomplissement, une première fois, et nous ne tenons jamais une prestation pour acquise. » Yazan, chanteur et moteur du groupe, ajoute : « Beyrouth compte beaucoup pour nous. C’est l’une des premières villes à avoir accueilli et soutenu les musiques alternatives. Le public libanais est d’une rare sensibilité, cultivé, curieux, et il réagit toujours avec une intensité qui nous donne une formidable bouffée d’énergie. »


Le dialecte ammanien

Le secret d’Autostrad ? Une alchimie rare entre ses membres, unis depuis l’enfance par une passion commune pour la musique. Chacun apporte sa propre influence : du folklore jordanien au rock psychédélique de Pink Floyd, du reggae de Bob Marley aux hits égyptiens des années 90, de la musique classique aux rythmes nubiens de Mohammad Mounir. Ce patchwork de références nourrit un son original et une identité musicale singulière. Leurs chansons, en dialecte ammanien, sont de véritables confessions du quotidien, des instantanés de vie entre humour, tendresse et poésie.

« Depuis le début, on compose à partir de ce que l’on vit et de ce que l’on voit autour de nous, sans artifice », explique Yazan. « Nos textes sont imprégnés de la culture de la rue jordanienne, de nos quartiers, et ils traduisent notre identité. L’écriture est un travail collectif : aucun d’entre nous n’écrit seul. Tout se fait en atelier, comme dans une cuisine ou un labo. On remanie les textes et les compositions des dizaines de fois. Certaines chansons restent dans les tiroirs, d’autres sont enregistrées mais jamais jouées en concert. Ce qui nous unit, c’est l’amitié, et ce rêve commun qui s’appelle musique », poursuit-il.

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Après 18 ans d’existence, qu’est-ce qui a changé ? « Tout évolue, répond Avro, chaque chanson, chaque concert est une progression. Nous apprenons constamment, en restant connectés à ce qui se fait ailleurs. Mais notre identité musicale reste notre socle. Les gens reconnaissent notre son parmi des centaines. C’est cela notre force. »

Le groupe, qui compte à son actif plusieurs albums – Autostrad, Fi Autostrad, Nitrogen, Analog –, prépare un nouveau disque à paraître dans deux mois, fruit d’une collaboration avec le label saoudien MDLBEAST Records. Il promet un projet aux sonorités nouvelles et éclectiques. Le concert de Beyrouth s’inscrivait dans une tournée qui les mène à travers l’Europe, puis en Jordanie, au Qatar, aux Émirats et en Arabie saoudite.

Un vent chaud, libre et joyeusement indocile souffle décidément sur la scène musicale arabe.

C’est un souffle musical venu d’Amman qui a rafraîchi la moiteur de la nuit beyrouthine, mercredi 3 juillet. Le groupe jordanien Autostrad a embrasé la scène en plein air du KED, sur le port meurtri de la capitale, transformant le lieu en un vaste espace vibrant de vie, de danse, d’amour et de musique. Au programme : un savant mélange de funk, de rock et de reggae teinté d’accents orientaux, latins et bédouins.Durant trois heures, le public – quelque 600 personnes, de la vingtaine à la cinquantaine – a repris en chœur des dizaines de titres phares du groupe, anciens ou récents, comme Rahat ya Khal, Orkod 'ala gym, Matrouh, Istanna chouai  ou encore Bahebak bel-Terki. Des chansons à la fois simples, sincères et profondément ancrées dans le quotidien des jeunes Jordaniens, des récits qui résonnent aussi fort...
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