Josée, la fête du Canada et moi !

En hommage au Canada, la lettre à Josée est rédigée dans un dialecte du Québec !

Je te jase un brin et te conte comment on va par icit, histoire de te donner des nouvelles du boutte du monde où j’crèche. Accroche-toi ben, ce n’est pas une carte postale d’un coin de paradis que tu vas recevoir : ça sent la boucane, la poussière pis le vieux mazout.

Le Liban ? Une téléréalité fauchée que personne veut produire ! Les politiciens ? Un cirque ambulant. Y’a du monde qui débarque d’un peu partout, le cousin français qui se prend pour Napoléon, le chum à Uncle Sam avec son sourire Colgate, le pharaon aux grosses lunettes qui parle beaucoup mais qui fait pas grand-chose. Pis pendant qu’y viennent nous promettre la Lune, ben nous autres, on reste poignés dans notre trou à rats.

On vit dans une société en

carton-pâte, toute faite d’apparences, comme une cabane à sucre montée juste pour la photo, mais où y’a pas une goutte de sirop à l’intérieur. Le Libanais, faut qu’il paraisse l’air heureux, brillant, même si en dedans, c’est creux comme une vieille citrouille d’Halloween. Y court après les likes comme un écureuil après une crotte de pain. Pas besoin d’être, faut juste avoir l’air. Un sourire fendu jusqu’aux oreilles, pis c’est comme si tout allait bien. Être, ça demande trop d’efforts. Paraître, c’est plus brillant pis ça fait jaser. Le vide, on le remplit avec des filtres pis des discours vides comme une canisse de lave-glace en janvier.

La livre libanaise, ça vaut même pas le prix d’un sac de Doritos à rabais ! Tu veux faire l’épicerie ? Prépare ta calculette parce que la facture c’est un sac de nœuds ! Pis là, faut pas oublier le gros éléphant dans la pièce : notre argent que le monde a mis à la banque après des années à trimer comme des forçats dans des pays froids, à suer comme un cheval sortant du bois… nos sous y sont restés pognés comme enterrés dans un champ à patates ! On regarde notre compte comme on regarde un menu de restaurant fancy quand t’as pas une cenne dans les poches : tu salives, mais tu commandes rien.

Pis la corruption, parles-en. C’est pas juste un problème icitt. C’est une culture. Une tradition. Comme le pâté chinois le mardi soir. L’ex-ministre de l’Économie ? Y s’est gavé pendant que le monde ramassait des restants au marché. Un vrai cochon à l’érable. On l’arrête pour corruption. Fraude. Détournement. Le buffet complet !

Y pleut toujours des bombes au Sud, comme au Festival d’été de Québec, version apocalypse. Les familles se poussent en char, en pyjama, les enfants dans les bras, dans des champs qui ressemblent plus à des gruyères qu’à des potagers. On reconnaît le genre de drones au bruit qu’y fait en traversant le ciel.

Mais icitt, à Beyrouth, ça fume la chicha ! Les terrasses sont pleines, les stories Instagram aussi. On attend toujours que les festivals commencent pour aller swinguer et se déhancher comme une truite sur le bord du quai. On s’en fiche du Sud, c’est ben loin ça. Tellement loin qu’on oublie qu’y a des gens qui crèvent là-bas.

Pis Gaza, j’te le dis, c’est rendu une tragédie en boucle. Ça dure depuis plus longtemps que la carrière de Céline Dion. Des familles qui se font raser au bulldozer, des gosses qui apprennent à courir plus vite que l’éclair. Pis nous autres ? On publie un carré noir avec Pray for Gaza ! Pis après, on passe au nouveau resto végane à Mar Mikhaël, qui sert des burgers au charbon activé qui coûtent un bras pis une jambe !

J’te jure, depuis que ça pète dans le Sud pis que la guerre des 12 jours, une game de fléchetes entre deux géants armés, nous a brassés comme un sac de chips oublié sur la banquette arrière en plein été, chaque Libanais est soudainement devenu un expert en géopolitique. Y grimpent tous sur les rideaux et ont tous un doctorat en sciences politiques de l’Université du café du coin. Chacun y va de son analyse comme on pige dans un bol de bonbons à l’Halloween. Un jour, ce sont les Américains qui nous sauvent, le lendemain, c’est l’Iran qui a « un plan ». On est rendus toughs comme des clous, mais vidés comme des vieilles batteries d’hiver.

Pis le 4-Août. Le plus gros bang non nucléaire. Une claque dans la face ! Des morts par centaines, des blessés par milliers, des rêves en miettes. Pis aujourd’hui ? Silence radio. Les coupables ? Toujours au brunch du dimanche. Les survivants ? Y ferment les rideaux pis prennent leurs pilules.

Au Canada vous nous aimez, on le sait. Vous nous regardez un peu comme on regarde un épisode tragi-

comique, mais heureux de pas être dans le sketch. Parce que vous, au moins, vous avez trouvé un État et des droits qui vous protègent. Vous êtes dans un monde où les pétards, c’est festif, pas traumatisant. Où les files, c’est pour le Tim Hortons, pas pour le pain. Où les nouvelles parlent de hockey, pas de ruines ni de morts. Où la peur, c’est de pogner un rhume, pas de perdre sa maison dans un bombardement aveuglant.

Merci de pas nous avoir lâchés ! Continuez à vous plaindre de la neige, des canicules, à chialer sur les taxes, à voter pour de vrai, à mettre du ketchup sur votre poutine. Chez vous, vous êtes pas mal allumés, straight comme une barre de fer.

Nous autres, ben… on va continuer à rire dans le noir ! En espérant que le courant revienne avant que le four grille.

Bonne fête, ma Josée. Tiens-moi une p’tite place sur ton divan, au cas où je débarque avec mon baluchon pis un pot de labneh sous le bras !

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