
Des frappes sur les hauteurs de la région de Nabatiyé, au Liban-Sud, le 27 juin 2025. Photo envoyée par Mountasser Abdallah
La tension monte au Liban-Sud. Après la fin de la guerre entre l’Iran et Israël, et alors que de nombreux observateurs espèrent une désescalade au niveau de la région, l’État hébreu a mené ces deux derniers jours des frappes meurtrières en territoire libanais, tuant au moins trois personnes. Vendredi, une femme a été tuée et 21 personnes blessées dans la région de Nabatiyé. Identifiée comme Afaf Chahrour, la victime a été tuée après un tir de drone sur les étages supérieurs de son immeuble à Nabatiyé el-Faouqa. Quatorze autres personnes ont été blessées par cette frappe. Peu avant, les forces israéliennes avaient mené une vingtaine de bombardements sur des zones boisées des hauteurs de la région de Nabatiyé. Ces raids ont fait sept blessés légers, selon le ministère de la Santé.
Commentant ces frappes, l’armée israélienne a déclaré avoir attaqué « un site utilisé pour gérer les systèmes d’incendie et de protection du Hezbollah » faisant « partie d’un projet souterrain qui a été mis hors service suite à des raids de l’armée israélienne dans la zone », selon un message de son porte-parole arabophone, Avichay Adraee. Dans un second message, il a démenti avoir visé un « bâtiment civil », prétextant que l’immeuble aurait été touché par un « obus qui se trouvait sur le site visé lors des premières frappes, qui aurait été propulsé et aurait explosé ». Il a réitéré ses accusations contre le Hezbollah qui selon lui « stocke des obus à proximité d’habitations » et tenu le gouvernement libanais pour « responsable, dans la mesure où il n’a pas saisi les armes lourdes et les obus » du parti.
Dans un communiqué, le Premier ministre Nawaf Salam « a condamné fermement les agressions israéliennes dans les environs de Nabatiyé, qui constituent une violation flagrante de la souveraineté nationale et des dispositions de cessation des hostilités conclues en novembre dernier ». Le président Joseph Aoun a aussi condamné les frappes visant « des habitants innocents (…) et la poursuite par Israël de ses violations de la souveraineté du Liban et de l’accord de novembre 2024 ».
Par ailleurs, en soirée, l’armée israélienne a menacé de faire exploser trois maisons dans le quartier sud de Khiam (caza de Marjeyoun), vers lesquelles elle s’était infiltrée plus tôt et qu’elle a piégées. Elle en a informé la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et l’armée libanaise (qui s’est rendue sur place) via le Comité de surveillance de l’application du cessez-le-feu. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’armée israélienne avait déjà mené plusieurs attaques, larguant par des drones trois bombes sur le quartier « Chouat » de Aïta el-Chaab (caza de Bint Jbeil). Deux tirs d’artillerie avaient également visé cette localité. Des tirs de mitrailleuse israéliens avaient visé les abords de Kfar Kila (caza de Marjeyoun) et un obus d’artillerie a ciblé la colline Haramoun (caza de Bint Jbeil).
À l’aube, l’armée israélienne a procédé à une opération de ratissage avec des mitrailleuses moyennes depuis le site militaire du « Radar », en direction des abords de la localité de Chebaa (caza de Hasbaya). Plus tôt jeudi, deux personnes avaient été tuées dans des frappes similaires. L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir « éliminé (…) un commandant de la Force al-Radwan du Hezbollah » dans la zone de Baraachit, en référence à l’unité d’élite du mouvement pro-iranien, ainsi qu’un membre de « la force d’observation » du Hezb à Beit Lif.
Aoun s’entretient avec Salam et Haykal
Dans ce contexte tendu, un nouveau général français a remplacé Guillaume Ponchin au sein de la « Task Force Cèdre », le comité de supervision de l’application des modalités du cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Le général Valentin Seiler fait donc désormais partie de ce groupe et il a pris ses fonctions lors d’une cérémonie organisée jeudi à la Résidence des Pins à Beyrouth. Étaient présents Hervé Magro, ambassadeur de France au Liban, et de nombreux généraux de l’armée libanaise, selon une publication du compte X de la mission de défense française au Liban. La Task Force Cèdre est un comité composé de représentants de la Finul, d’Israël, du Liban, de la France et des États-Unis (qui préside le groupe), dont la mission principale est d’assurer la mise en œuvre du cessez-le-feu et le démantèlement des armes au Liban-Sud par le biais de l’armée libanaise.
Sur le plan politique, Joseph Aoun s’est entretenu successivement vendredi avec le commandant en chef de l’armée, Rodolphe Haykal, puis avec Nawaf Salam. Ce dernier « a informé le chef de l’État des résultats de sa visite au Qatar et des réunions qu’il a tenues avec l’émir, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ainsi qu’avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, le cheikh Mohammad ben Abdelrahmane al-Thani », selon l’Agence nationale d’information. Le commandant en chef de l’armée a, quant à lui, informé le président Aoun « des développements sécuritaires ainsi que des mesures prises par l’armée pour préserver la sécurité et la stabilité dans le pays », selon la présidence.
Par ailleurs, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, a déclaré que le Hezbollah « résistera pour (son) pays, quels que soient les sacrifices », tout en « s’enorgueillissant » d’être « aux côtés de l’Iran », dont il a loué la résilience face à « l’agression » d’Israël pendant la dernière guerre qui a opposé les deux pays. Le chef du parti chiite prononçait une allocution jeudi soir à l’occasion du début du mois de mouharram dans le calendrier musulman, important pour la communauté chiite parce que son 10e jour est marqué par la commémoration de Achoura. « L’Iran d’aujourd’hui est plus fort qu’avant la guerre, il est un soutien pour la résistance, un allié pour les voisins et les amis et il est capable d’assurer la sécurité collective des pays de la région sans avoir besoin de l’Amérique et de ses alliés », a-t-il déclaré.
Au fait, il est où Kassem? Dans le même bunker que Khamenei? Ils sont forts ces gens et surtout un peu naïfs de croire qu’un bunker peut leur assurer une sécurité. Il suffit qu’ils haussent le ton pour qu’on sache où ils se trouvent. Le ton de Khamenei lors de son denier discours en dit long sur son courage et sa détermination à gagner cette guerre voulue et orchestrée par lui en se croyant à l’abri de tout danger, ainsi que ses commandants qui tombent comme des mouches.
11 h 28, le 28 juin 2025