Une femme réagit à son arrivée pour assister à une messe célébrée par le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, en l’église Saint-Élie, au lendemain d’un attentat-suicide ayant visé ce lieu de culte, dans le quartier de Doueilaa à Damas, le 23 juin 2025. Photo AFP/ Bakr Alkasem.
Dans un message sur un compte Telegram, un mystérieux groupuscule jihadiste syrien répondant au nom de « Saraya Ansar el-Sunna » (« Brigade des partisans des sunnites »), a revendiqué mardi l'attentat à la ceinture piégée perpétré deux jours plus tôt dans l’église Saint-Élie à Damas, qui a fait au moins 25 morts et 63 blessés dimanche 22 juin, selon un dernier bilan.
Le message justifie son « opération de martyre », menée par un dénommé Mohammad Zayn al-Abidin Abou Othman, par une « provocation des Nazaréens (les chrétiens, NDLR) de Damas contre l’appel (à Dieu) et les gens de la foi — une provocation qui est passée de l’allusion à la déclaration explicite ».
« Ils ont osé porter atteinte aux fondements de la daawa (invitation à écouter le message de l'islam, NDLR), ont bafoué la sainteté de la foi » précise le communiqué, sans que la référence à cet évènement ne soit claire. Le message n'est accompagné d'aucune photo ou vidéo.
En mars, une altercation avait éclaté après que des riverains aient protesté contre la diffusion de chants islamiques via les haut-parleurs d’une voiture devant l’église Saint-Élie, dans le quartier mixte de Doueilaa. Une vidéo circulant en ligne documente apparemment la scène.
L'attentat avait été au préalable attribué au groupe jihadiste État islamique (EI) par les autorités syriennes. Interrogé par L'Orient-Le Jour, Aymen Jawad al-Tamimi, chercheur et analyste basé en Syrie, explique que le fait que l'EI n'ait toujours pas revendiqué cet attentat ni publié de communiqué pour démentir celui du groupuscule ne permet pas pour autant d'exclure totalement cette hypothèse.
S'agissant de l'identité de « Saraya Ansar al-Sunna », le chercheur explique, en s'appuyant sur le témoignage d'une source interne au groupe, qu'il s'agirait « soit d'une dissidence pro-EI issue principalement de déserteurs de HTC (...) soit d'un groupe-vitrine de l’EI ». Et d'ajouter que, selon la même source, la direction du groupe est composée de deux déserteurs de HTC, ainsi que d’un ancien membre de Hurras al-Din, une faction affiliée à el-Qaëda.
« Ce qui vient ne vous laissera aucun répit »
« Nous affirmons que ce qui a été publié dans les médias du gouvernement de Jolani (nom de guerre du président syrien par intérim, Ahmed el-Chareh, NDLR) est dénué de toute véracité, forgé de toutes pièces, sans preuve ni fondement rationnel. Il s’agit d’un mépris grotesque de l’intelligence des gens du Cham (la Syrie) » poursuit le message du groupuscule.
Lundi, les autorités syriennes avaient annoncé avoir arrêté six personnes « impliquées » dans l'attentat-suicide. « Le chef de la cellule et cinq membres ont été arrêtés, tandis que deux autres ont été tués : l'un était le principal planificateur de l'entrée du kamikaze dans l'église, l'autre préparait également une attaque terroriste dans un quartier de la capitale », a expliqué le ministère de l'Intérieur.
« Nous réaffirmons — et notre parole est décisive — que ce qui vient ne vous laissera aucun répit et n’épargnera pas votre insouciance. Nos soldats — martyres et assaillants infiltrés — sont pleinement prêts, en armes et en nombre, dans une position de guet inébranlable », menace ensuite « Saraya Ansar el-Sunna » dans son communiqué.
Le compte en question, créé le 2 mars dernier, ayant publié son premier message le 21 mars, et n'ayant pas plus de 2 800 abonnés, a un contenu ressemblant sur le fond et la forme à celui de l’EI. Il critique notamment dans des communiqués précédents Ahmad el-Chareh, l'accusant d'être un « agent » américain, et de faire preuve d'un « laxisme excessif », notamment pour avoir amnistié d’anciens responsables du régime Assad.
Doutes sur l'authenticité du groupe
De nombreux comptes ont le même nom et le premier est apparu uniquement en janvier 2025. Les experts s'accordent à dire qu'il pourrait s'agir de transfuges sans affiliation directe à un groupe. Un message signé par «Saraya Ansar el-Sunna » a déclaré le 10 mai que le groupe était devenu actif à Tripoli (Liban-Nord), sans que des attaques n'aient été perpétrées dans la ville depuis.
Le groupe appelle régulièrement à la violence et documente ses prétendues exactions sur différents canaux Telegram. Il a notamment revendiqué sa participation aux massacres contre les alaouites début mars au nord-ouest de la Syrie, durant lesquels plus de 800 personnes, selon le Syrian Network for Human Rights, en majorité des civils, ont été assassinées dans des conditions glaçantes.
Dans un article publié le 13 février 2025 par la BBC, la spécialiste des mouvements jihadistes Mina al-Lami émettait « des doutes importants (...) quant à son authenticité et ses affiliations », surtout que « le groupe a reçu très peu de reconnaissance ou de mention dans les cercles jihadistes et islamistes en ligne ». L’experte présentait différentes options quant à leur identité, sans pouvoir en confirmer aucune : « un bras secret du gouvernement d’Ahmad el-Chareh chargé de mener des opérations clandestines » ; « un véritable groupe jihadiste extrême cherchant à déclencher une guerre confessionnelle » ; « un outil du régime pro-Assad cherchant à attiser les tensions confessionnelles et saper l’autorité du gouvernement actuel ».
Il ne faut pas chercher midi à 14 heures ! L'Occident en misant sur les jihadistes (cf. les déclarations de l'ancien 1er ministre français : "ils font du bon boulot") pour renverser Bachar, a élevé une vipère. La voila au pouvoir avec ses petits qui reviennent au naturel : des assassins disant agir au nom de Dieu (comme tous les intégristes) !
11 h 52, le 25 juin 2025