Manifestation de solidarité avec l'Iran dans la banlieue-sud de Beyrouth, le 20 juin 2025. Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le Hezbollah a condamné « avec la plus grande fermeté » les frappes américaines sur les sites nucléaires iraniens, tout en maintenant le flou quant à une implication directe du parti chiite dans la guerre entre l'Iran et Israël, après plusieurs heures de silence.
Le secrétaire général Naïm Kassem avait affirmé le 19 juin que le Hezbollah agira comme il le juge « approprié face à cette agression israélo-américaine barbare » et qu'il se tient « aux côtés de l’Iran face à cette injustice mondiale » qu’il attribue aux États-Unis et à Israël. De leur côté, le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berry ont exclu toute entrée du Liban dans une nouvelle guerre dans des déclarations distinctes.
Le parti chiite a qualifié l'attaque américaine « d'escalade folle et dangereuse, irréfléchie, qui risque d’élargir le cercle de la guerre et de précipiter la région et le monde dans l’inconnu, si elle n’est pas immédiatement stoppée et fermement condamnée ». Dans la nuit du 21 au 22 juin, les États-Unis ont mené des frappes sans précédent sur l'Iran, visant trois sites nucléaires : l'installation de Fordo, enfouie entre 80 et 110 mètres sous une montagne, une usine d'enrichissement plus importante à Natanz qu'Israël a frappée il y a quelques jours, et un troisième site près de la ville antique d'Ispahan.
Pour le parti pro-iranien, cette opération surnommée « Midnight Hammer » (la marteau de minuit) « révèle le véritable visage des États-Unis qui représentent la plus grande menace à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales », constituant une « une violation flagrante du droit international ». Le Hezbollah ajoute que cette attaque vise à réaliser ce qu’Israël n’a pas pu accomplir militairement : affaiblir l’Iran et briser sa volonté souveraine.
« La perfidie et la tromperie éhontées pratiquées par le président américain Donald Trump, guidé par ses illusions de domination et d’arrogance, et cette folie d’agresser un État souverain en bombardant ses installations nucléaires pacifiques pourtant placées sous la surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), confirment que les États-Unis, ainsi que les tyrans de l’arrogance mondiale, ne cherchent qu’à soumettre les nations libres et indépendantes à leur hégémonie, en leur imposant un choix inique : soit la soumission et l’humiliation, soit la mort et la destruction », peut-on lire dans le communiqué.
Et le Hezbollah d'ajouter : « Cette attaque confirme la complicité totale et directe entre les États-Unis et Israël dans la planification et l’exécution non seulement de la guerre contre la République islamique, mais également dans toutes les guerres et crimes perpétrés dans la région — à Gaza, au Liban, en Syrie et au Yémen — prouvant au monde entier que les États-Unis sont le parrain officiel du terrorisme, ne respectant ni traités internationaux, ni lois humanitaires, ni engagements ou obligations ».
Le Hezbollah souligne que l’Iran a toujours privilégié la voie diplomatique et le respect du droit international, tout en défendant ses droits légitimes, mais que face à cette agression Téhéran « détient pleinement le droit de riposter et de défendre sa terre, son peuple et sa souveraineté », ajoute le texte qui exprime la solidarité totale du parti chiite avec l’Iran.
« Nous appelons également les Nations unies, les instances internationales et juridiques, en particulier l’Agence internationale de l’énergie atomique, à assumer leurs responsabilités face à cette agression grave qui aurait pu entraîner une contamination nucléaire menaçant la sécurité de vastes régions du monde et coûter la vie à des dizaines de milliers de personnes, sans les mesures préventives prises par l’Iran », conclut le communiqué.
Au lendemain de l'attaque israélienne de grande ampleur contre l'Iran dans la nuit du 12 au 13 juin, le Hezbollah avait affirmé qu'il n'attaquerait pas unilatéralement Israël. Des sources gouvernementales avaient indiqué avoir effectué des pressions sur le parti chiite pour éviter qu'il ne s'implique dans le conflit. Le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du Hamas en Israël, le Hezbollah avait ouvert un « front de soutien » au mouvement islamiste palestinien, qui avait déclenché plusieurs mois de guerre dévastatrice au Liban.
Alors là quelle surprise! LoL
18 h 17, le 23 juin 2025