
Le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam, à Baabda le 5 juin 2025. Photo tirée du compte X de la présidence
Et maintenant ? Que fera le Hezbollah ? Si le parti chiite, satellite local de l’Iran, s’est abstenu, jusqu’ici, de s’immiscer dans la guerre en cours entre la République islamique et Israël, la frappe américaine sur des sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche (marquant l’intervention officielle de Washington dans le conflit) a certainement de quoi pouvoir changer la donne. L’option de voir Téhéran se tourner vers ses bras armés dans la région semble ainsi de plus en plus probable. Mais le Liban officiel est déterminé : c’est l’État, et l’État seul, qui détient la décision de paix et de guerre. Le Hezbollah doit donc faire preuve de sagesse et éviter les aventures dont les conséquences seraient désastreuses. Parallèlement, les appels au désarmement de la milice chiite se font de plus en plus audibles, même si rien ne prête à croire que des démarches concrètes sont à attendre dans un avenir proche.
Joseph Aoun : Quelques heures après la triple frappe américaine en Iran, le président de la République, Joseph Aoun, a réitéré son niet catégorique à toute intervention du Hezbollah dans une guerre dont le Liban ne peut payer le prix. « Les dirigeants, les partis et le peuple libanais sont conscients aujourd'hui plus que jamais qu'ils ont payé cher les guerres qui ont éclaté sur leur territoire et dans la région, qu'ils ne sont pas disposés à payer davantage et qu'ils n'ont aucun intérêt national à le faire, d'autant plus que le coût de ces guerres a été et sera supérieur à leur capacité à les supporter », peut-on lire dans un communiqué publié dimanche sur le compte X de la présidence de la République. Le chef de l’État a en outre estimé que le bombardement par les États-Unis d'installations nucléaires iraniennes « fait craindre une aggravation des tensions menaçant la sécurité et la stabilité de plus d'une région et de plus d'un pays », appelant à la « retenue et au lancement de négociations constructives et sérieuses pour rétablir la stabilité et éviter de nouvelles tueries et destructions ».
Nawaf Salam : À son tour, le Premier ministre, Nawaf Salam, a appelé à garder le Liban à l’abri de la guerre en cours. « Face à la dangereuse escalade des opérations militaires et aux risques de leurs répercussions sur l'ensemble de la région, il est de plus en plus important que nous nous en tenions strictement à l'intérêt national suprême qui exige d'éviter d'impliquer ou d'entraîner le Liban de quelque manière que ce soit dans la confrontation régionale en cours », a estimé le chef du gouvernement sur X. « La prise de conscience de notre intérêt national suprême est notre arme la plus puissante dans ces circonstances délicates », a-t-il ajouté.
Au-delà de ces appels, MM. Aoun et Salam se sont entretenus par téléphone. Ils sont convenus de « maintenir les canaux de communication ouverts et d'œuvrer conjointement pour épargner au pays les répercussions de ces événements (en cours dans la région), donner la priorité à l'intérêt national suprême et préserver l'unité et la solidarité nationales », peut-on lire sur le compte X de la présidence du Conseil. Celui-ci ajoute que M. Salam est également entré en contact avec les ministres de la Défense, Michel Menassa, et de l'Intérieur, Ahmad Hajjar, ainsi qu’avec le commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, « afin de coordonner les efforts et de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires pour maintenir la stabilité et sauvegarder la sécurité nationale dans cette phase délicate ».
Le tandem chiite : Après plusieurs heures de silence, le Hezbollah a publié un communiqué dans lequel il a condamné « avec la plus grande fermeté » l’attaque américaine contre les installations nucléaires civiles en Iran, la qualifiant d’« agression barbare, illégale et dangereuse ». Il s’agit, selon le mouvement, d’une violation flagrante du droit international et d’une menace directe pour la sécurité régionale et mondiale. Le Hezbollah ajoute que cette attaque vise à réaliser ce qu’Israël n’a pas pu accomplir militairement : affaiblir l’Iran et briser sa volonté souveraine. Il y voit « une nouvelle manifestation de la politique de domination et d’arrogance américaine, menée en étroite coordination avec Israël, dans une tentative d’imposer à la région une logique de soumission ou de destruction ». Le Hezbollah souligne que l’Iran a toujours privilégié la voie diplomatique et le respect du droit international, tout en défendant ses droits légitimes. Face à cette agression, « la République islamique a pleinement le droit de riposter et de défendre sa souveraineté, ajoute le texte qui exprime la solidarité totale du parti chiite avec l’Iran (...) qui saura faire face à l’agression, infliger à l’ennemi américain et israélien la défaite, et poursuivre son progrès et son développement malgré les attaques », peut-on encore lire. Après les récents propos de Naïm Kassem qui a affirmé que son parti n'était pas neutre dans cette guerre et se tiendrait au côté de l'Iran comme il le juge approprié, le communiqué du Hezbollah a donc maintenu le flou quant à éventuelle implication directe dans le conflit. Même si l'on peut en déduire que, du moins pour le moment, une telle décision n'est pas encore prise.
Parallèlement, le mouvement Amal croit toujours aux assurances lancées par son chef, Nabih Berry, il y a quelques jours. « Il n’y aura pas de guerre, j’en suis sûr à 200 % », avait-il affirmé. « Ce constat est toujours valable. Mais il ne faut pas oublier qu’Israël bombarde le Sud au quotidien », se contente de dire Kassem Hachem, député berryste, comme pour ne pas dévoiler toutes les cartes de son camp à ce stade.
« L’ère du Hezbollah armé est finie »
Walid Joumblatt : Au niveau des chefs de file et partis politiques, le leader druze, Walid Joumblatt, était – comme d’habitude – l'un des premiers à commenter la frappe US, sans pour autant adresser des messages ni au Hezbollah ni au pouvoir en place. « Dans cette bataille, le rapport de force est favorable à l’Occident. C’est pourquoi un cessez-le-feu est nécessaire en vue d’éviter des destructions supplémentaires », s’est-il contenté d’écrire sur X.
Marwan Hamadé : C’est en revanche, Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf, qui a adressé des messages au parti chiite via L’Orient-Le Jour. « L’ère du Hezbollah armé est finie, de même que son hégémonie sur la scène politique libanaise. Le parti ne doit donc plus faire montre de supériorité. Il devrait plutôt s’engager dans le processus étatique. D’autant plus que si son aile armée est finie, il demeure un parti politique et devrait agir comme tel », lance le parlementaire, appelant le pouvoir en place à accélérer le processus de démantèlement de l’arsenal de la milice chiite.
Les Forces libanaises : Même son de cloche chez les Forces libanaises, qui se veulent le fer de lance du camp anti-Hezbollah. « (Le président américain) Donald Trump a mis fin aux ambitions nucléaires de l’Iran et à la supériorité militaire de ses protégés régionaux. Et le Hezbollah doit bien comprendre cela », estime le porte-parole du parti de Samir Geagea. À la question de savoir comment ce développement pourrait se répercuter sur la scène libanaise, Charles Jabbour répond sans mâcher ses mots : « Nous ne devons demander la retenue à personne. Personne n’a le droit de mener le Liban dans la guerre. C’est une décision souveraine qui revient au gouvernement libanais. Et le Hezbollah devrait respecter cela. »
Le Courant patriotique libre : Quant au Courant patriotique libre, dont l’alliance avec le Hezbollah a vacillé dans la foulée de l’ouverture du front de soutien à Gaza en 2023, il partage aujourd’hui la lecture du camp opposé au parti chiite. « La frappe américaine a changé la donne et asséné un très fort coup à l’Iran », commente pour L’Orient-Le Jour Nagi Hayek, vice-président du CPL pour les affaires régionales. « Aujourd’hui, il faut que le Hezbollah rende ses armes conformément aux dispositions du cessez-le-feu de novembre 2024 », ajoute-t-il, tout en lançant une petite fleur à Joseph Aoun, pourtant grand adversaire du parti chrétien. « Le président attendait-et peut-être à juste titre – que les conditions du désarmement du Hezbollah soit réunies. Je crois que désormais, il peut aller de l’avant. »
Mark Daou : C’est sur son compte X que Mark Daou, député de la contestation, a pour sa part, commenté la frappe américaine. « Le projet d’armes en dehors de l’État est fini. Celui qui ne veut pas comprendre l’importance de ce moment historique joue avec les vies des Iraniens et des Libanais », a-t-il écrit, soulignant que « c’est l’heure de nouvelles ententes avec la Syrie et Israël pour poser les jalons de relations arabes et internationales à même de garantir les intérêts du Liban ».
L'ancien ministre Michel Pharaon a regretté sur X que « l'Iran et Israël s'accordent sur le langage des intérêts par le terrorisme ou le terrorisme d'État ». « La politique de la volonté de domination par la force et le dossier nucléaire ont fait perdre des opportunités de solutions à l'Iran et au Hezbollah », a-t-il encore déploré, ajoutant que « les Libanais en paient le prix depuis des décennies ».
S.V.P arrêtez de les convaincre de ne pas se mêler de cette guerre. Vous voulez en finir avec ces vendus? Alors encouragez les plutôt à, ne serait ce que lancer un premier missile pour voir comment ils pourraient réagir ou s’il leur reste du temps pour dire ouf avant d’être exterminer. Ils le savent lieux que personne alors arrêtez de nous faire croire et surtout leur faire croire que grâce à vous deux et à leur patriotisme ils ne l’ont pas fait. Cela risque de vous coûter cher après, une fois que les mollahs n’existeraient plus.
14 h 32, le 23 juin 2025