
Image satellite montrant des camions et bulldozers près de l'entrée du site nucléaire de Fordo, près de Qom, en Iran, le 20 juin 2025. Photo Maxar Technologies/REUTERS
Le président libanais Joseph Aoun a souligné dimanche, dans un message sur le compte X du palais présidentiel de Baabda, que le Liban ne veut plus payer le prix des guerres sur le territoire national et dans la région, quelques heures après des frappes américaines sur trois installations nucléaires en Iran.
« Les dirigeants, les partis et le peuple libanais sont conscients aujourd'hui plus que jamais qu'ils ont payé cher les guerres qui ont éclaté sur leur territoire et dans la région, qu'ils ne sont pas disposés à payer davantage et qu'ils n'ont aucun intérêt national à le faire, d'autant plus que le coût de ces guerres a été et sera supérieur à leur capacité à les supporter », peut-on lire dans le texte. Le chef de l’État a en outre estimé que le bombardement par les États-Unis d'installations nucléaires iraniennes « fait craindre une aggravation des tensions menaçant la sécurité et la stabilité de plus d'une région et de plus d'un pays », appelant à la « retenue et au lancement de négociations constructives et sérieuses pour rétablir la stabilité dans les pays de la région et éviter de nouvelles tueries et destructions ».
« Éviter d'entraîner le Liban dans la confrontation régionale »
De son côté, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a souligné sur X que « face à la dangereuse escalade des opérations militaires et aux risques de leurs répercussions sur l'ensemble de la région, il est de plus en plus important que nous nous en tenions strictement à l'intérêt national suprême qui exige d'éviter d'impliquer ou d'entraîner le Liban de quelque manière que ce soit dans la confrontation régionale en cours ». « La conscience de notre intérêt national suprême est notre arme la plus puissante dans ces circonstances délicates », a-t-il ajouté.
Selon un autre message publié sur le compte du Grand Sérail, M. Salam est entré en contact avec Joseph Aoun pour examiner les derniers « développements dangereux dans la région et leurs répercussions potentielles sur le Liban. » « Il a été convenu de maintenir les canaux de communication ouverts et d'œuvrer conjointement pour épargner au pays les répercussions de ces événements, donner la priorité à l'intérêt national suprême et préserver l'unité et la solidarité nationales », souligne le texte.
Le Hezbollah, ennemi juré d'Israël, n'a pas mené d'attaques jusqu'à présent contre l’État hébreu en riposte aux frappes israéliennes quotidiennes sur l'Iran depuis la nuit du 12 au 13 juin. Le parti chiite, après des pressions des autorités libanaises, avait affirmé qu'il ne lancerait pas unilatéralement d'offensive contre le territoire israélien, mais son chef Naïm Kassem avait affirmé la semaine dernière qu'il était prêt à réagir « de la manière que le parti jugerait appropriée » et réaffirmé sa solidarité avec Téhéran.
Le parti chiite avait ouvert seul en octobre 2023 un front de soutien au Hamas, suite à la riposte israélienne sanglante à l'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël du 7 octobre. La guerre de 13 mois qui s'en était suivie, avec deux mois d'escalade violente entre fin septembre et fin novembre 2024, a fait des dégâts considérables au Liban, tué plus de 4 000 personnes et lourdement affaibli le Hezbollah.
Nawaf Salam s'est également entretenu avec le ministre de la Défense Michel Menassa, le ministre de l'Intérieur Ahmad Hajjar et le commandant en chef de l'armée, le général Rodolphe Haykal, « afin de coordonner les efforts et de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires pour maintenir la stabilité interne et sauvegarder la sécurité nationale dans cette phase délicate. »
De son côté, le ministre des Finances Yassine Jaber, s'est félicité de la « position ferme et unifiée pour épargner au Liban toute répercussion négative sur la situation intérieure », ce qui « nous donne la confiance nécessaire pour reprendre notre souffle économique et financier ». « La région traverse des circonstances cruciales et dangereuses, mais nous continuons de miser sur notre unité et sur la conscience de nos dirigeants » a-t-il ajouté, au cours d'une cérémonie de remise de diplômes dans un lycée de Nabatiyé, rapporte l'ANI.
M. Le président, ça n’est pas ce genre de phrase qu’on attend de vous. On attend que les autorités interdisent tout libanais de lever une arme depuis son sol sous peine d’être traduit en justice pour haute trahison. Il ne s’agit pas de moyens dans cette guerre mais du devoir de chaque citoyen à être loyal envers son pays. Les moyens, nous ne les avons plus depuis des décennies grâce aux fossoyeurs déguisés en résistants que personne n’a essayé d’arrêter leur ardeur pour les empêcher de détruire leur propre pays et leur communauté par la même occasion en jurant les protéger.
14 h 52, le 23 juin 2025