
Le chef de l'Église maronite Béchara Raï célébrant la messe à Bkerké à l'issue du Synode des évêques, le 14 juin 2025. Photo ANI
Les évêques maronites ont invité samedi le chef de l’État Joseph Aoun et le gouvernement libanais à « prendre les mesures audacieuses nécessaires » pour le rétablissement de l’autorité de l’État et la restauration du monopole des armes entre les mains des seules forces armées officielles.
Cet appel figure dans le communiqué final publié à l’issue du Synode des évêques maronites qui s’est déroulé au siège patriarcal de Bkerké, du 4 au 14 juin.
« Face à l'accélération des événements politiques au Moyen-Orient et leurs conséquences éventuelles sur le Liban, les évêques maronites estiment que le président Joseph Aoun et le gouvernement doivent utiliser le soutien international au Liban pour prendre les mesures audacieuses, fermes et décisives que tous les Libanais attendent, et rétablir l’autorité de l'État dans leur vie et leur destin, car ce soutien est une opportunité unique à ne pas manquer » , souligne le communiqué de clôture du synode.
Dans son homélie lors de la messe de clôture, le patriarche maronite Béchara Raï a qualifié de « honteuses » les guerres dévastatrices entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, entre Israël et l’Iran, ainsi qu'entre la Russie et l’Ukraine, alors que Téhéran et Tel-Aviv échangent frappes et missiles depuis une première attaque lancée par Israël à quelques jours d’un nouveau cycle de négociations entre les autorités iraniennes et américaines sur le nucléaire iranien.
« Tant d’argent est généreusement dépensé en armes et en armements, alors que des millions de personnes meurent de faim, et que des millions d'autres sont déplacées, perdant leurs biens, vivant dans la rue sans moyens, vêtements et nourriture », a-t-il dit dans des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Parmi les défis que le chef de l’État et le gouvernement sont appelés à relever pour sortir le pays de la spirale de l’effondrement, figurent « la restitution intégrale des dépôts bancaires, la mise en œuvre pleine et entière de la résolution internationale 1701, la restauration des armes à l'État, la réforme et l'indépendance du système judiciaire, la reconstruction, la restructuration des banques et de la dette publique, la réforme du secteur bancaire et du système fiscal, le renforcement de la gouvernance et la lutte contre la corruption, l'amélioration de l'environnement des affaires et des investissements, le contrôle des passages frontaliers et la prévention de la contrebande », précise le communiqué.
Après l’ouverture par le Hezbollah d’un front de soutien à Gaza, le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, l’armée israélienne s’est déchaînée contre le parti chiite au Liban, tuant plusieurs de ses dirigeants, parmi lesquels son secrétaire général Hassan Nasrallah, et provoquant des grandes destructions au Liban-Sud, dans la Békaa, et la banlieue sud de Beyrouth. Malgré un cessez-le-feu adopté le 27 novembre 2024, l’Etat hébreu continue de bombarder des régions du pays, disant cibler des membres du Hezbollah.
« Cinquante ans après le début de la guerre (1975-1990), le Liban est confronté à une grave crise qui menace son entité et son identité et le place dans une situation existentielle et fatidique. Mais des signes d'espoir ont commencé à apparaître au début de cette année avec l'élection d'un président de la République, la nomination d'un Premier ministre et la formation d'un nouveau gouvernement. Tous ont promis de construire un État de droit et de restaurer la confiance du peuple libanais », ont ajouté les évêques, en souhaitant aux responsables de « réussir ».
Après plus de deux ans de blocage, le président Aoun a été élu le 9 janvier 2025 et un nouveau gouvernement, dirigé par Nawaf Salam, a été formé le 8 février.
C’est dans ce cadre que les évêques maronites ont salué « le lancement du processus de nominations dans l'administration publique, le système judiciaire et les institutions militaires et de sécurité, qui marque le début de la mise en œuvre des réformes requises et attendues par tous les Libanais », en réitérant leur soutien au président Aoun et au gouvernement, et réclamant « la poursuite de ce processus plus rapidement ».
Les évêques ont enfin insisté sur la nécessité d’accomplir le travail de mémoire qui n’a jamais été réalisé, après le conflit libanais (1975-1990) qui a été conclu par les accords de Taëf. Ils ont annoncé la formation d'un comité épiscopal chargé d'élaborer un plan d'action et un mécanisme de mise en œuvre, qui sera communiqué à toutes les parties libanaises.
J'espère que le President a enfin compris que les libanais s'impatientent. Et ce n'est sera pas une visite du Pape qui changera les choses.
16 h 42, le 14 juin 2025