Une vue aérienne montre des personnes se baignant sur la plage de Lattaquié, ville côtière méditerranéenne syrienne, le 11 juin 2025. Photo : Omar Haj Kadour / AFP
Deux jours après la publication d'un décret indiquant que les femmes devraient porter des burkinis ou d'autres maillots de bain couvrant le corps sur les plages publiques syriennes, le ministère syrien du Tourisme affirme que sa décision avait été « mal comprise » et qu'elle n'interdisait pas les tenues de plage « occidentales » dans le pays.
« Nous n'avons pas interdit le maillot de bain occidental sur les plages publiques », a affirmé Ghaith el-Farrah, le ministre adjoint du Tourisme et du Développement, lors d'une interview donnée à la chaîne el-Akhbariya. « Le mot 'interdit' n’est mentionné nulle part dans le décret et il n'y a pas de sanctions prévues » a insisté le ministre adjoint.
« Cette décision a pour but de préciser quel type de tenues est autorisé en fonction des plages et des établissements », a-t-il encore souligné, rappelant qu'une exception a été requise pour les hôtels de luxe classés quatre étoiles et plus, ainsi que pour les plages et les clubs privés, où le maillot de bain occidental demeure autorisé.
« Ceux qui souhaitent entrer en tenue occidentale (sur les plages publiques) en ont le droit, mais nous avons autorisé le burkini, qui était interdit dans certains lieux, pour répondre à la demande d’une large partie de la société », a encore expliqué le haut responsable.
« Nous prenons en compte la diversité de la Syrie »
« Ce n'est pas parce qu'un type de tenue est autorisé dans un lieu qu'un autre est interdit, mais nous prenons en compte le goût public et la diversité religieuse et sociale de la Syrie », a-t-il ajouté, soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un décret présidentiel et qu’il pourrait être modifié à la fin de la saison. Des détails sur les types de vêtement requis en fonction des lieux de baignade seront bientôt publiés par les gouvernorats et les villes côtières, a encore précisé M. el-Farrah.
Daté du 9 juin, ce décret ministériel signé par le ministre du Tourisme, Mazen el-Salahani, dispose que les visiteurs des plages et piscines publiques doivent porter « des maillots de bain appropriés qui respectent la décence publique et les sentiments des différents segments de la société ». Il préconise ainsi des « maillots de bain plus modestes » et spécifie « le burkini ou des vêtements de bain qui couvrent davantage le corps ». Les hommes, quant à eux, doivent porter un t-shirt lorsqu’ils ne se baignent pas et ne sont pas autorisés à apparaître torse nu « dans les espaces publics en dehors des zones de baignade — halls d’hôtels ou restaurants », précise le texte.
Ces directives concernant les tenues de plage font partie de dispositions plus larges portant également sur la sécurité publique en prévision de la saison estivale, avec des recommandations sur l'exposition prolongée au soleil, la protection des enfants, les dispositifs de secouristes ou encore « se méfier des méduses ».
La publication de ce décret a provoqué de vives réactions en Syrie et à l'international, alors que les autorités de Damas émettaient pour la première fois des directives concernant les vêtements que les femmes peuvent porter depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre, alors que le président par intérim Ahmad el-Chareh a promis de protéger les libertés dans la nouvelle Syrie et une Constitution provisoire garantissant les droits des femmes.
Sous le joug du régime Assad, marqué par une idéologie nationaliste arabe laïque, l'État n'imposait aucune restriction de ce type, même si les gens s'habillaient souvent modestement sur les plages publiques, reflétant ainsi les normes sociales conservatrices du pays. Mais les nouvelles autorités syriennes issues d'une coalition islamiste se sont déjà faites remarquer dans ce registre depuis leur prise de pouvoir qui a suivi la chute du régime Assad le 8 décembre 2024. En mars, les autorités syriennes étaient notamment rapidement revenues sur une décision de fermer des bars, cafés et restaurants servant de l'alcool dans des quartiers à majorité chrétienne de Damas, après le tollé provoqué par cette mesure.
Pour éviter les désirs malsains des hommes, les femmes doivent cacher leur corps. Mais pourquoi les hommes ne devraient pas susciter des désirs malsains chez les femmes?Ils devraient eux aussi s'habiller en burkini ! En Syrie, le progrès fait rage ! Petite remarque @Dofler : le si moderne Israël serait bien inspiré d'inviter sur ses plages, ses véritables indigènes, à savoir les palestiniens.
01 h 09, le 13 juin 2025