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Économie - Réformes

Le FMI évoque « des discussions positives » à Beyrouth, mais reste prudent

« Il y a eu des avancées, nous avons désormais une idée plus claire du programme » a déclaré le ministre des Finances Yassine Jaber.

Photo de la réunion élargie entre les responsables libanais et la délégation du FMI au Grand Sérail, le 5 juin 2025. Photo ANI

Le Premier ministre Nawaf Salam a présidé, en fin de matinée jeudi au Grand Sérail, la réunion de clôture de la visite de la délégation du Fonds monétaire international (FMI), arrivée la semaine dernière à Beyrouth et conduite par le chef de mission Ernesto Ramirez Rigo.

« L’objectif était de faire le point (...) en vue de préparer la prochaine visite du FMI, prévue, selon moi, entre la fin de l’été et le début de l’automne », a déclaré le ministre des Finances Yassine Jaber à l’issue de la réunion, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). « Il y a eu des avancées, nous avons désormais une idée plus claire du programme, et il est impératif de traiter rapidement la question des banques, qui constitue une priorité. Il faut aussi régler le problème des déposants, afin qu’ils sachent ce qu’il adviendra de leurs dépôts », a-t-il ajouté.

En fin d’après-midi, le Fonds a lui aussi dressé, dans un communiqué, le bilan de cette nouvelle visite, la troisième depuis la relance du processus de négociations avec le Liban, amorcé dans le sillage de l’élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et de la formation du gouvernement de Nawaf Salam au début de l'année. Le Liban a envoyé une délégation à Washington lors des réunions du printemps du FMI et de la Banque mondiale.

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À en croire le ton et le contenu du communiqué, qui évoque des « discussions positives devant se poursuivre entre le siège du FMI à Washington et à travers des missions de suivi », les responsables libanais semblent toujours bénéficier de la dynamique créée par l’adoption par le Parlement d’une loi réformant le secret bancaire, désormais conforme aux standards internationaux. Ils doivent à présent négocier le prochain virage : faire adopter la loi sur la résolution bancaire, récemment validée par l’exécutif. Une étape qui pourrait, dans l’idéal, être franchie dès juin, à condition que certaines modifications soient apportées au texte actuellement transmis, et que le Fonds a consignées par écrit.

La restructuration bancaire, une « priorité absolue »

Selon les informations relayées dans les médias ainsi que nos propres sources, le FMI considère notamment incompatible avec les standards internationaux le fait que le projet permet de regrouper les comptes des déposants dans toutes les banques et de fixer le plafond de recouvrement en fonction du total obtenu, tout comme le fait de permettre aux banques de contester les évaluations indépendantes effectuées en amont de la résolution et de demander une seconde évaluation, ou encore celui d’exempter totalement les dépôts des agences publiques du processus de résolution.

Faire adopter une loi de résolution bancaire conforme aux attentes du Fonds représente ainsi un passage obligé dans un processus qu'il envisage avec un optimisme très prudent, en mettant en avant l’ampleur du chantier auquel le pays est confronté depuis l’éclatement de la crise économique en 2019, aggravée ces dernières années par la guerre entre Israël et le Hezbollah.

Dans son communiqué, la délégation a aussi souligné que la restructuration du secteur bancaire demeure une «priorité absolue» afin de lui permettre de recommencer à fonctionner normalement, en finançant l’économie, en protégeant les déposants autant que possible, et en s’éloignant de l’économie du cash. « Compte tenu des importants besoins de reconstruction du Liban, de sa marge budgétaire limitée et de son incapacité à emprunter, le pays aura besoin d’un soutien conséquent de la part de ses partenaires extérieurs, accordé à des conditions hautement concessionnelles », a-t-il encore indiqué.

Toujours selon le communiqué, les discussions ont porté sur plusieurs axes de réformes, qui semblent définir le brouillon de ce qui pourrait être le prochain accord préliminaire (Staff-Level Agreement SLA) entre le Liban et le Fonds : la restauration de la viabilité du secteur bancaire et la protection des déposants dans toute la mesure du possible ; la réalisation d’une soutenabilité budgétaire et de la dette, tout en renforçant les filets de sécurité sociale et en reconstruisant les capacités institutionnelles ; la mise en place de cadres crédibles pour la politique monétaire et le régime de change ; le renforcement de la gouvernance et de la transparence ; l’amélioration du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ; et enfin, la réforme des entreprises publiques.

Dans sa déclaration, le ministre des Finances a également évoqué les travaux en cours sur « l’audit des comptes de l’ensemble des administrations et institutions publiques au Liban ». Il a aussi cité la réforme des douanes parmi les chantiers prioritaires, réforme qui passe notamment par la modernisation des équipements, la réhabilitation des bâtiments et le renforcement des contrôles préalables sur les marchandises importées.

Liste grise du GAFI

S’il avait déjà été mis en avant comme un pilier à part entière de réforme, « le renforcement du régime libanais de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » semble avoir encore plus d’importance aujourd’hui qu’il n’en avait au moment du dernier SLA signé en avril 2022.

M. Jaber a rappelé que le développement de l’économie du cash au Liban — l’un des stigmates de la crise — avait conduit, il y a moins d’un an, le Groupe d’action financière (GAFI) à inscrire le pays sur sa liste grise des juridictions jugées non conformes, en lui enjoignant d’appliquer un plan d’action préparé par ses autorités pour en sortir. Dans son communiqué, le Fonds indique donc clairement que la mise en œuvre effective de ce plan d’action fera partie des cases à cocher par le Liban pour convaincre le conseil d'administration du FMI. Cela ne voudra pas dire que le Liban ne pourra pas accéder à un programme d'assistance tant qu’il ne sera pas sorti de la liste grise, mais qu’il devra être en bonne voie de le faire au moment où il y souscrira.

Si rien n’a été explicitement dit à ce sujet par le FMI ou les dirigeants libanais, les prochaines assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues en octobre à Washington, devraient constituer une étape décisive dans le processus de négociations entre le Liban et le Fonds, comme l’ont été les réunions du printemps en avril dernier. C’est aussi accessoirement à cette période que le GAFI tiendra l’une de ses trois réunions annuelles, au cours desquelles il officialise les résultats de ses évaluations. D’ici là, de nouvelles missions du FMI auront probablement lieu, et il est très probable que le gouverneur de la Banque du Liban, Karim Souhaid — qui participait lui aussi à la réunion de jeudi — se rende aussi à Washington pour faire avancer les dossiers qui lui incombent.

Si les dirigeants libanais continuent sur leur lancée, plus de détails sur un éventuel programme, son montant et sa durée, pourront alors être confirmés — le SLA de 2022 prévoyait un décaissement de 3 milliards de dollars sur 4 ans.

Le Premier ministre Nawaf Salam a présidé, en fin de matinée jeudi au Grand Sérail, la réunion de clôture de la visite de la délégation du Fonds monétaire international (FMI), arrivée la semaine dernière à Beyrouth et conduite par le chef de mission Ernesto Ramirez Rigo.« L’objectif était de faire le point (...) en vue de préparer la prochaine visite du FMI, prévue, selon moi, entre la fin de l’été et le début de l’automne », a déclaré le ministre des Finances Yassine Jaber à l’issue de la réunion, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). « Il y a eu des avancées, nous avons désormais une idée plus claire du programme, et il est impératif de traiter rapidement la question des banques, qui constitue une priorité. Il faut aussi régler le problème des déposants, afin qu’ils...
commentaires (3)

C’est pour quand,La restitution des dépôts ?

Wow

14 h 30, le 08 juin 2025

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Commentaires (3)

  • C’est pour quand,La restitution des dépôts ?

    Wow

    14 h 30, le 08 juin 2025

  • Le blocage repose sur la part que l’Etat sera autorisé ( par le FMI ! ) à mettre au pot pour régler la question des dépôts, l’Etat étant le principal responsable. La justice est inopérante, que dire des audits inachevés et du manque total de transparence sur les pertes et leurs causes… Le FMI ainsi que des confrères libanais, sous prétexte de maintenir une excellente solvabilité de l’Etat, imposent des critères extrêmes qui ne tiennent pas compte des spécificités libanaises où et quand les entreprises et particuliers n’ont plus de dettes significatives… Les déposants sont priés d’accepter…

    Sam

    12 h 16, le 06 juin 2025

  • et qui dit que les representants du FMI ne sont pas trop heureux d'y etre envoyes...pour multes raisons, assez pour donner a leurs patrons de fausses donnees relatives aux libanais et a leurs reformes mises sur des rails.... encore inexistants ?

    L’acidulé

    10 h 27, le 06 juin 2025

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