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Campus - MÉDIATION

À Beyrouth, un bootcamp forme des étudiants du Moyen-Orient à devenir artisans de paix

Un atelier de médiation organisé par l’AUF et le CPM de l’Université Saint-Joseph a rassemblé à Beyrouth 50 étudiants de la région pour les former au règlement pacifique des litiges.

À Beyrouth, un bootcamp forme des étudiants du Moyen-Orient à devenir artisans de paix

Cinquante étudiants universitaires de différentes nationalités ont pris part au premier bootcamp régional de médiation organisé les 20 et 21 mai par l’AUF Moyen-Orient et le CPM de l’USJ. Photo AUF

Construire des ponts plutôt que des murs et bâtir une paix durable par le biais de la médiation et de la résolution amiable des conflits : telle est la mission qui a été assignée aux 50 étudiants universitaires ayant pris part au premier bootcamp régional de médiation organisé les 20 et 21 mai par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF Moyen-Orient) et le Centre professionnel de médiation (CPM) de l’Université Saint-Joseph (USJ). Représentant 20 universités issues de 7 pays de la région, à savoir l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, la Palestine, le Soudan, le Yémen et le Liban, ces derniers se sont initiés, durant deux journées marathons tenues au Centre d’employabilité francophone de Beyrouth (CEF), à déjouer les tensions pour créer des passerelles entre des parties en conflit, instaurer les conditions d’un dialogue, rétablir les rapports et renouer une communication non violente et positive. Encadrés par des formateurs du CPM de l’USJ, ils se sont également exercés, lors des ateliers pratiques et des simulations de médiation, à développer leur empathie et à pratiquer une écoute active et bienveillante. Mais entre concepts, techniques et outils, théorie et pratique, ils ont surtout appris à échanger et partager, à mieux se connaître et à tisser, à partir de leurs différences, des liens voués, comme l’escomptent les organisateurs, à dépasser les frontières géographiques et les limites culturelles, pour se transformer en un réseau étendu et interconnecté d’acteurs de changement, voire d’artisans de paix œuvrant à remettre l’unité là où il y a division et à cocréer des solutions durables et respectueuses au sein de leurs propres sociétés et pays.

Réunis à la Bibliothèque nationale, en présence de Jean-Noël Baléo, directeur régional de l’AUF Moyen-Orient, du recteur de l’USJ, le RP Salim Daccache s.j., de Johanna Hawari-Bourjeily, fondatrice et directrice du CPM, et de leurs formateurs, les étudiants ont reçu des attestations de participation après avoir présenté des restitutions interactives axées autour de trois thématiques, notamment la notion de conflit, la communication positive et efficace, la médiation, et illustrant les techniques acquises durant cette formation intensive.

Poursuivant un master en sciences du langage à l’Université de Bagdad en Irak, Aya Taha s’est déclarée à l’occasion « extrêmement reconnaissante pour cette précieuse opportunité » qui lui a permis de « prendre conscience de l’importance de la médiation comme d’un outil efficace pour la résolution amiable des conflits ».

« Lors de ce programme intensif, nous nous sommes familiarisés avec des outils et mécanismes pratiques pour gérer efficacement les différends. Nous nous sommes aussi familiarisés avec les concepts de base de la médiation tout comme avec le rôle du médiateur en tant que tiers intermédiaire, neutre et impartial, qui œuvre à faciliter le dialogue entre les parties en conflit, loin de tout jugement ou favoritisme », indique-t-elle.

« Nous avons évoqué les différents types de conflit et les étapes de son escalade et appris comment la communication positive et efficace ainsi que l’écoute active peuvent contribuer à désamorcer les tensions et à rétablir la confiance », a-t-elle encore ajouté, avant de souligner que « cette formation a offert non seulement une occasion de développer de nouvelles aptitudes, mais aussi une plateforme pour discuter collectivement des façons de consolider la culture du dialogue et de tolérance au sein notamment des institutions et sociétés du monde arabe ».

D’origine camerounaise, Gérard Amougou est étudiant à l’Université Senghor d’Alexandrie. Pour la première fois à Beyrouth, le jeune homme assure vouloir partager et démultiplier cette expérience enrichissante une fois de retour en Égypte. « Nous avons eu deux jours de travail intense où nous avons pu faire de nouvelles rencontres et acquérir de nouvelles notions relatives à la médiation », avance-t-il. « Je suis en management des entreprises culturelles et j’ai pu comprendre qu’on peut intégrer la médiation dans tous les domaines, y compris celui de la culture », renchérit-il. Et de poursuivre sur sa lancée : « Mais au-delà des simples connaissances et acquis académiques, nous avons discuté et réseauté avec des étudiants dans d’autres domaines. En les côtoyant, en communiquant avec eux, nous avons pu comprendre aussi quelles sont nos différences et comment, surtout, nous accepter, parce que si nous sommes dans la médiation, nous sommes dans cette logique où nous voulons amener le monde à s’aimer, à se comprendre et à s’accepter. » Lui-même enseignant d’éducation artistique et culturelle, le jeune Camerounais estime qu’il est primordial d’éduquer et de former les enfants dès le bas âge à la médiation, à l’acceptation de l’autre et à la résolution pacifique des conflits à l’échelle de la famille, de la communauté, de l’école, mais aussi à l’échelle nationale et internationale.

La reconnaissance et la validation mutuelle sont essentielles

Contente de sa formation, Rooa Waleed, étudiante à la filière francophone d’économie et de sciences politiques à l’Université du Caire, revient, elle, sur les séminaires interactifs, la pédagogie dynamique et non traditionnelle, le jeu de rôles, les simulations, la pertinence du contenu, la diversité des participants, le professionnalisme des formateurs, leurs conseils et leurs encouragements. « Au cas où j’aurais la chance, à l’avenir, de participer une deuxième fois à un camp de médiation, je n’hésiterai pas », nous confie la jeune de 22 ans. « Avant ce bootcamp, je croyais que la médiation se limitait à la politique, à tout ce qui a trait à la géopolitique… mais j’ai découvert que la réalité est tout autre, qu’il s’agit d’un concept plus large que je peux appliquer dans un contexte professionnel ou personnel, qui me permet d’apprendre à mieux me connaître, qu’il s’agit de savoir comment traiter les situations conflictuelles non seulement entre des États, mais aussi entre des personnes, voire des conflits personnels, psychologiques, internes », raconte-t-elle, soulignant au passage la richesse des échanges qui ont permis à tous les candidats d’aboutir à un langage commun en dépit de leurs différences culturelles. En quatrième année de droit à l’Université islamique de Beyrouth, Razane Aoudé a quant à elle souligné l’importance que revêt la médiation, plus particulièrement dans les pays qui ont traversé des guerres, tels que le Liban. « On a trop à gagner en acceptant que l’autre puisse avoir un point de vue différent, à communiquer avec lui, à comprendre ses émotions, à l’écouter en essayant de se mettre à sa place », estime-t-elle.

De son côté, Laurie Kreymati, étudiante en journalisme à l’Université Notre-Dame de Louaïzé (NDU), affirme surtout avoir appris deux choses fondamentales : d’abord, que le conflit est nécessaire, humain et inévitable, et qu’il est possible de l’aborder à travers la médiation et le médiateur. Ensuite, que la reconnaissance et la validation mutuelle sont essentielles dans toutes les relations humaines.


Construire des ponts plutôt que des murs et bâtir une paix durable par le biais de la médiation et de la résolution amiable des conflits : telle est la mission qui a été assignée aux 50 étudiants universitaires ayant pris part au premier bootcamp régional de médiation organisé les 20 et 21 mai par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF Moyen-Orient) et le Centre professionnel de médiation (CPM) de l’Université Saint-Joseph (USJ). Représentant 20 universités issues de 7 pays de la région, à savoir l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, la Palestine, le Soudan, le Yémen et le Liban, ces derniers se sont initiés, durant deux journées marathons tenues au Centre d’employabilité francophone de Beyrouth (CEF), à déjouer les tensions pour créer des passerelles entre des parties en conflit, instaurer les...
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