Bassil : Une seule percée à Beyrouth est une atteinte à la parité

Le député Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), a commenté, dans une conférence de presse lundi, la percée du président d’une liste concurrente à celle des partis dans les élections municipales de la capitale dimanche. « Une seule percée est une atteinte à la parité dans le conseil municipal de Beyrouth », a-t-il dit, estimant que Beyrouth a montré qu'elle restait attachée à la parité mais que « cette dérogation à la règle s’est avérée possible, malgré l’éveil politique ».

Bien que les résultats finaux du scrutin de dimanche à Beyrouth n’aient pas encore été publiés, il est quasiment certain que le chef de la liste « Beyrouth t’aime », Mahmoud el-Jamal, a effectué une percée par rapport à la liste « Beyrouth nous unit », qui rassemble les principaux partis des différentes communautés, réunis, malgré leurs grandes divergences politiques, sous le slogan de la nécessité d’assurer la parité confessionnelle au sein du conseil municipal. La percée de ce candidat sunnite, dans une liste appuyée entre autres par la Jamaa islamiya, se ferait au détriment d’un des candidats chrétiens de l’autre liste.

La loi électorale des municipales n’impose pas de quotas précis dans les conseils municipaux. La parité dans le conseil municipal de la capitale (douze chrétiens et douze musulmans dans un conseil de 24), et bien que la ville compte bien plus d’électeurs musulmans que chrétiens, s'apparente à une coutume, consacrée depuis la fin de la guerre de 1975-1990, notamment grâce à l’influence incontestée de Rafic Hariri à l’époque.

Gebran Bassil, dont la formation fait partie de cette large alliance, a martelé lundi que « toute atteinte à la parité (au sein de ce conseil) équivaut à une atteinte à la coexistence ». Il a appelé à régler cette question « dans les textes ».

Selon le chef du CPL, le parti des Forces libanaises (FL, parti fortement opposé au Hezbollah) a « justifié sa présence dans une même liste avec le tandem chiite par la nécessité d’une sauvegarde de la parité », ce qui justifie par le fait même, précise-t-il, l’alliance conclue précédemment par son propre parti avec le Hezbollah (en 2006, souvent décriée par ses adversaires).

Le député a également attaqué « les ONG, leurs mensonges et leur diabolisation des partis politiques », estimant que « les élections municipales ont montré leur incapacité à jouer un rôle développemental et politique, notamment à Beyrouth ». Une référence probable à la liste Beyrouth Madinati, appuyée par les députés issus de la contestation (d’octobre 2019), et qui a réalisé un score assez faible à ce scrutin. Cette mouvance met souvent dos à dos tous les leaders politiques du pays, les soupçonnant de travailler à leurs propres intérêts bien plus qu’à ceux de la population libanaise, malgré leurs divergences.

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Une « présence significative » dans la Békaa

Abordant le scrutin dans la Békaa, M. Bassil a assuré que son parti a prouvé sa présence et sa force dans toutes les régions. « A Rachaya, nous avons prouvé que nous sommes la composante chrétienne la plus puissante », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Dans la Békaa-ouest, nous avons appuyé les ententes. Dans les villages du caza de Zahlé, nous avons fait preuve d’une présence significative. »

Le député a estimé que la liste appuyée par son parti dans le village frontalier de Qaa a perdu la bataille au profit de celle des FL « en raison de divergences internes », sans donner plus de détails. « Mais en contrepartie, nous avons gagné la bataille dans les localités de Ras Baalbeck et Jdeidet el-Fakiha, qui ont un poids électoral non négligeable », a-t-il affirmé.

Dans la ville de Zahlé, où la liste appuyée par les FL a raflé la mise contre une alliance de partis et de personnalités politiques de la ville, le CPL avait choisi de donner à son électorat la liberté de choix. « Nous nous sommes heurtés au refus des FL de collaborer avec nous parce qu'ils pensaient pouvoir gagner seuls, alors que nous avons un problème avec (le chef de l'autre liste) Assaad Zoughaib », a-t-il ajouté. Il a assuré que sa formation, qui est la deuxième force dans la ville après les FL selon lui, effectuerait une révision de sa prestation politique et populaire dans le chef-lieu de la Békaa.