Washington offre jusqu’à 10 millions de dollars pour des renseignements sur le Hezbollah en Amérique latine

Le programme « Rewards for Justice » (RFJ, ou récompenses pour la justice) du département d'État américain a annoncé lundi offrir « une récompense pouvant aller jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information permettant de perturber les mécanismes financiers du Hezbollah » en Amérique latine. 

Le RFJ explique que le Hezbollah « est présent dans l'hémisphère ouest (qui compte l’Amérique latine entre autres, ndlr) depuis les années 1980, en particulier dans la zone des trois frontières (TBA), située entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay ».

« Le groupe est responsable d'attentats terroristes dans l'hémisphère ouest, notamment l'attentat à la bombe du 18 juillet 1994 contre la Société d'aide mutuelle juive argentine », poursuit le texte. Et de poursuivre : « Le Hezbollah a également été impliqué, avec l'Iran, dans les attentats de 1992 contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires, en Argentine, ainsi que dans l'attentat à la bombe de 1994 contre le vol 00901 d'Alas Chiricanas à Colón, au Panama. »

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Le Hezbollah est sur la liste des organisations terroristes des Etats-Unis, allié de son ennemi juré, Israël. Plusieurs membres du Hezbollah font l’objet de sanctions américaines, dont les derniers annoncés le 15 mai sont deux hauts responsables du Hezbollah et deux facilitateurs financiers, visés pour leur rôle dans la coordination de transferts vers le parti soutenu par l'Iran. Le 28 mars, cinq individus et trois entités ont été désignés comme « impliqués dans un réseau d'évasion des sanctions basé au Liban, soutenant l'équipe financière du Hezbollah », selon un communiqué diffusé par le Trésor américain.

Le Hezbollah est sorti très affaibli militairement de son dernier conflit avec Israël en 2023-2024, ainsi que son réseau financier.

Blanchiment d’argent, trafics et contrebande

Dans la zone des trois frontières en Amérique latine, le département d’Etat américain accuse « les membres, les sympathisants et les facilitateurs du Hezbollah (d’être) impliqués dans des projets générateurs de revenus à grande échelle, notamment le blanchiment d'argent basé sur le commerce, le trafic de stupéfiants, la contrebande de charbon et de pétrole, le commerce illicite de diamants, la contrebande d'espèces en vrac, la contrebande de cigarettes et de produits de luxe, la falsification de documents et la contrefaçon de dollars américains ».

« Ils génèrent également des revenus par le biais d'activités commerciales dans toute l'Amérique latine, notamment la construction, l'import-export et la vente de biens immobiliers », poursuit le texte.

Selon le département d’Etat, les financiers et les facilitateurs du Hezbollah dans la TBA disposent de « réseaux multinationaux qui génèrent des millions de dollars de revenus ». Il soupçonne nombre de ces personnes d’avoir également organisé des activités de collecte de fonds et transféré les recettes d’Amérique latine vers le Hezbollah au Moyen-Orient.

L'offre de récompense par le RFJ vise à obtenir des informations permettant de « perturber » les mécanismes financiers du Hezbollah. Elles pourraient, selon le communiqué, porter sur des sources importantes de revenus pour le Hezbollah, des contributions financières de donateurs et de facilitateurs financiers liés à ce parti, des transactions importantes d’institutions financières et de maisons de change au profit du Hezbollah, des entreprises ou investissements détenus ou contrôlés par le parti ou ses financiers, des activités internationales de sociétés écrans, des plans « criminels » impliquant des membres et des sympathisants du Hezbollah, des projets financiers illicites, des preuves sur des affaires conclues entre des institutions financières officielles et le Hezbollah, des transferts de fonds et de matériel par le parti pro-iranien à ses mandataires et partenaires, ou encore des traces sur la facilitation de ses transactions par des institutions financières ou des maisons de change.

Le communiqué rappelle que le 8 octobre 1997, le département d'État a désigné le Hezbollah comme organisation terroriste étrangère en vertu de la section 219 de la loi sur l'immigration et la nationalité (Immigration and Nationality Act), puis comme organisation terroriste mondiale le 31 octobre 2001. En conséquence, suivant le communiqué du département d’Etat américain, « tous les biens et intérêts du Hezbollah soumis à la juridiction américaine sont bloqués et il est généralement interdit aux ressortissants américains d'effectuer des transactions avec le Hezbollah, de lui fournir sciemment un soutien matériel ou des ressources, ces actions étant considérées comme des délits ».