Un panneau d'Al-Qard al-Hassan, affilié au Hezbollah, le 21 octobre 2024, dans la banlieue sud de Beyrouth, au lendemain d'une frappe israélienne. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Citant des sources diplomatiques libanaises de haut niveau, le site d'information émirati Erem News a rapporté vendredi qu'une unité de lutte contre le blanchiment d'argent et les crimes économiques à l'ambassade des États-Unis au Liban soupçonne que l'association al-Qard al-Hassan, système bancaire parallèle du Hezbollah, aurait transféré ces derniers mois 21 millions de dollars à l'appareil militaire du parti chiite.
Al-Qard al-Hassan est sous sanctions américaines. Après des frappes intenses ayant ciblé des dizaines de ses succursales en octobre et novembre, lors du pic de la récente guerre entre le Hezbollah et Israël, elle a rouvert ses agences dans diverses régions quelques jours seulement après le cessez-le-feu, le 27 novembre 2024, assurant que les fonds et actifs de ses clients n’avaient pas été détruits.
Selon ces mêmes sources, l’unité de l’ambassade américaine est confrontée à un lien manquant concernant 21 millions de dollars qui avaient été placés sous le contrôle de l’association al-Qard al-Hassan, dont le statut actuel, la localisation et l’usage restent inconnus.
Les sources ont ajouté que cela coïncidait avec des informations révélées lors d’enquêtes menées par cette même unité américaine, selon lesquelles une opération financière aurait été réalisée afin de répondre à certains besoins de financement du système militaire du Hezbollah.
La situation militaire et financière du Hezbollah s’est fortement dégradée après plus de treize mois de conflit avec Israël et la chute, en décembre 2024, du régime de Bachar al-Assad en Syrie, son allié, coupant ainsi la ligne d’approvisionnement directe entre Téhéran et le parti. Les difficultés d’approvisionnement ont été aggravées par le renforcement du contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes par les autorités libanaises, à la suite de l’élection du président Joseph Aoun en janvier et de la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam en février.
Les sources ont expliqué, dans des déclarations à Erem News, que de forts soupçons pèsent sur la redirection des 21 millions de dollars vers l’appareil militaire du Hezbollah, notamment après des crises liées à un manque de financement pour les unités militaires de la milice chiite au cours de la période récente.
Les sources ont indiqué que cette unité, qui opère sous l’égide de l’ambassade des États-Unis et collabore avec des institutions bancaires et sécuritaires gouvernementales libanaises pour remplir sa mission de surveillance des activités financières et commerciales du Hezbollah, a découvert lors de ses enquêtes que 21 millions de dollars avaient disparu des opérations financières enregistrées par Al-Qard al-Hassan.
Enfin, les sources ont souligné que parmi les principales sources de financement reçues par Al-Qard al-Hassan figuraient des transferts d’argent répétés, de montants variables, liés à des transactions commerciales impliquant des usines ou des entreprises. Ces fonds étaient envoyés vers des comptes bancaires et ensuite intégrés aux opérations financières de l’association. De plus, des transferts financiers provenaient de citoyens libanais naturalisés vivant dans des pays européens, ainsi que de personnes non libanaises en Russie, en Europe et dans des pays arabes. Ces transferts étaient souvent acheminés vers des individus liés à l’association via des bureaux de change au Liban.