
Une vue de la salle des Pas perdus du Palais de justice de Beyrouth. Photo C.A.
Karim Salam, frère et collaborateur de l’ancien ministre de l’Économie Amine Salam, a fait l’objet jeudi dernier d’un acte d’accusation rendu par le premier juge d’instruction de Beyrouth par intérim Bilal Halaoui. L’accusation se fonde notamment sur des articles du Code pénal relatifs à la corruption de personnes chargées d’une mission dans le cadre de la fonction publique. Le juge Halaoui a toutefois ordonné la remise en liberté de Karim Salam, contre une caution de 200 millions de livres libanaises (environ 2 200 dollars ). Il l’avait lui-même arrêté le 8 avril, sur base de poursuites engagées par le parquet financier que présidait Ali Ibrahim, parti depuis à la retraite. La juge Dora el-Khazen, qui a succédé par intérim à M. Ibrahim, a contesté, jeudi, la décision de remise en liberté devant la chambre d’accusation de Beyrouth, présidée par Maher Cheaïto. L’appel n’étant pas suspensif, Karim Salam restera en détention tant que la chambre n’aura pas tranché. Selon nos informations, ce recours devrait parvenir à la chambre mardi.
Les poursuites contre M. Salam reposent sur une plainte présentée en 2023 par des propriétaires de compagnies d’assurances, qui accusent le frère de l’ancien ministre de leur avoir extorqué des pots-de-vin pour régulariser la situation financière de leurs sociétés, après qu’elles ont été déclarées en cessation de paiement en raison de la perte d’une grande partie de leur capital avec la dépréciation massive de la livre libanaise après 2019.
La compagnie al-Mashrek reproche plus particulièrement à M. Salam de lui avoir demandé de régler ses problèmes de liquidités en lui imposant de recourir aux services d’une société d’audit appartenant à Fadi Tamim, conseiller financier présumé d’Amine Salam, en échange de paiements considérables. L’affaire avait été déférée à la cour criminelle de Beyrouth qui avait condamné M. Tamim à un an de prison, et renvoyé Karim Salam devant le parquet financier pour un approfondissement de l’enquête. En décembre 2024, l’ancien procureur financier Ali Ibrahim avait demandé à la Commission d’enquête spéciale de la banque centrale (CSI) de geler et analyser ses comptes.
Outre l’« extorsion » de fonds, le parquet avait poursuivi le frère de l’ancien ministre pour falsification de registres officiels, gaspillage d’argent public, blanchiment d’argent et enrichissement illicite ». Ces deux derniers griefs ont été toutefois écartés par le juge Halaoui, considérant que le parquet financier n’a pas la compétence d’engager des poursuites liées à de telles infractions. Interrogé par L’Orient-Le Jour, un avocat pénaliste précise que cette compétence relève du parquet d’appel.
Amer Bsat veut que l’État porte plainte contre Amine Salam
Le ministre de l’Économie, Amer Bsat, a demandé au contentieux de l’État, présidé par intérim par Claude Ghanem, de déposer une plainte contre Amine et Karim Salam, Fadi Tamim et Élie Abboud, auditeur et président du syndicat des experts-comptables. La démarche de M. Bsat s’inscrit dans le sillage d’une demande d’ouverture d’une information judiciaire adressée, en mars dernier, au chef du parquet de cassation, Jamal Hajjar, par la commission parlementaire de l’Économie présidée par Farid Boustany. Cette requête parlementaire concernerait notamment des retraits « injustifiés » de la caisse des cotisations des sociétés d’assurances, relevant du ministère de l’Économie, indique une source judiciaire. L’action du contentieux de l’État devrait porter sur ces retraits, ainsi que sur des contrats douteux qu’aurait conclus le ministère avec des entreprises pour former 15 fonctionnaires à un coût estimé à « au moins » des centaines de milliers de dollars, poursuit la même source. Selon nos informations, cette action devrait être présentée devant le premier juge d’instruction de Beyrouth avant la fin de la semaine courante.
Notre nouveau président, ainsi que les institutions concernés ne devraient pas nous vendre les quelques arrestations d’apparat pour la forme. Aucun des corrompus ne devraient échappés à la justice et aune caution ne devrait venir les sauver. Ce sera un permis renouvelé de pillage organisé. Les lois devraient être respectées afin que cela serve d’exemple à tous les libanais qui croient que frauder, voler et s’enrichir illégalement est un sport national qui rapporte gros.
12 h 34, le 13 mai 2025