
Le nouveau gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Karim Souhaid (à droite), prend ses fonctions lors d’une cérémonie de passation de pouvoirs à Beyrouth, le 4 avril 2025. Photo d'illustration AFP
Le nouveau gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Karim Souhaid, a annoncé dans un communiqué s’être réuni avec François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France (BDF), ainsi qu’avec Bertrand Dumont, directeur général du Trésor français, à Paris, les 28 et 29 avril 2025. Cette visite « s’inscrit dans une série d’échanges destinés à renforcer la relation de longue date entre la Banque du Liban et les institutions monétaires et financières françaises », affirme le texte.
« À ce moment charnière du parcours économique du Liban, de tels partenariats sont indispensables. L’expertise approfondie de la France et son leadership institutionnel — notamment en matière de gestion et de résolution de crises monétaires et bancaires complexes au niveau européen — demeurent d’une pertinence capitale pour le processus de redressement en cours du Liban », souligne le communiqué publié mardi soir.
Selon la BDL, ces réunions prennent place dans le contexte de la visite d’une délégation libanaise représentant la présidence et le gouvernement libanais à Washington, lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) la semaine dernière. Pendant ces quelques jours, la délégation, menée par le ministre libanais des Finances, Yassine Jaber, et celui de l’Économie, Amer Bsat, ainsi que le gouverneur, a rencontré des responsables des deux organisations pour avancer sur le dossier des réformes visant à remettre sur pied le pays, en crise depuis 2019, ainsi que sur le financement de la reconstruction au Liban, gravement affecté par la guerre entre Israël et le Hezbollah.
« Appui stratégique »
La délégation avait également rencontré des responsables du Département d’État et du Trésor américains, ainsi que des responsables français, dont M. Dumont. La BDL a précisé que ces échanges avaient été constructifs.
Selon le communiqué de la BDL, le directeur général du Trésor français « a réitéré la volonté de la France d’apporter un appui stratégique et des orientations visant à améliorer l’efficacité institutionnelle de la Banque du Liban et à renforcer son rôle en tant que partenaire crédible dans toutes les questions liées à la réforme monétaire et bancaire ».
Lors de la réunion à la Banque de France, François Villeroy de Galhau a « abordé le rôle de la Banque du Liban dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions en étroite coordination avec le gouvernement libanais, ainsi que l’importance de maintenir un partenariat fort et transparent avec le FMI », à qui le gouvernement de Nawaf Salam et le président Joseph Aoun, en place depuis le début de l’année, ont renouvelé la demande d’adhésion du Liban à un programme d’assistance financière.
« Les échanges ont été constructifs et tournés vers l’avenir. Le gouverneur Villeroy de Galhau a réaffirmé l’engagement de la Banque de France et du gouvernement français à soutenir le Liban et sa Banque centrale à travers des conseils pertinents, une assistance stratégique, des programmes de formation et le transfert de bonnes pratiques alignées sur les normes internationales. Cette collaboration s’inscrit dans un effort plus large de modernisation des cadres institutionnels et de renforcement des capacités opérationnelles de la BDL », a encore écrit la Banque du Liban.
Le Liban a voté, il y a une semaine, une loi mettant à jour sa législation sur le secret bancaire, de manière jugée satisfaisante par le FMI. Pour convaincre le Fonds d’aller plus loin, le pays doit également adopter une loi de résolution bancaire, qui fixe le cadre d’une restructuration du secteur alignée sur les standards internationaux. Un projet de loi récemment adopté par le Conseil des ministres doit commencer à être étudié mercredi par la commission des Finances et du Budget. Dans un autre communiqué publié mercredi pour répondre à des allégations la concernant dans les médias libanais, la BDL a annoncé « travailler sur une première version d’un plan de restructuration du secteur bancaire, qui sera discutée avec les autorités libanaises, le FMI et des experts internationaux », et a plaidé pour une approche « collective, équilibrée et acceptée par toutes les parties, visant à garantir le remboursement progressif des dépôts et la relance économique ».
Mardi, Yassine Jaber s’est réuni avec des responsables de l’Association des banques du Liban (ABL), à qui il a affirmé que la priorité du pays était de permettre au secteur, qui a gelé illégalement des dizaines de milliards de dollars de dépôts pendant la crise, de recommencer à fonctionner normalement — un message qu’il avait également lancé depuis Washington.
Pendant les réunions de printemps, le gouverneur Karim Souhaid a diffusé une déclaration destinée aux responsables du FMI dans laquelle il a assuré que le Liban était « prêt à faire des choix difficiles, à assumer le coût politique de la réforme et à se rendre des comptes à lui-même ». Il a également insisté sur le fait que la priorité absolue de la BDL est de préserver les actifs de l’État, tout en œuvrant, aux côtés du gouvernement et du secteur bancaire, au rétablissement de la solvabilité et de la crédibilité du système financier. Les décisions de la Banque centrale, avant et pendant la crise, ont été l’un des facteurs qui ont contribué à l’effondrement du pays.
"permettre au secteur (bancaire), qui a gelé illégalement des dizaines de milliards de dollars de dépôts pendant la crise". Il aurait plutôt dû déclarer : "astreindre le secteur (bancaire), qui a brûlé des dizaines de milliards de dépôts pendant la crise... à les restituer sand délai ou en assumer pleinement les pertes.
02 h 11, le 01 mai 2025