
Le président de la République libanaise, Joseph Aoun, en réunion avec une délégation de l’Institute for Middle East Studies à Washington, au palais de Baabda, le 29 avril 2025. Photo publiée sur le compte X de la présidence libanaise. @LBpresidency.
Le président de la République, Joseph Aoun, a déclaré que « le maintien d’un Liban stable et sûr est dans l’intérêt des États-Unis », lors d’une rencontre avec une délégation du groupe de réflexion américain Middle East Institute, basé à Washington et dirigé par le général américain à la retraite Joseph Votel, rapporte par le compte X de la présidence libanaise.
Au cours de la réunion, Joseph Aoun a souligné que l’armée libanaise avait besoin d’« une aide urgente afin de permettre aux unités militaires d’assumer leurs responsabilités dans le maintien de la sécurité et de la stabilité dans le pays », ajoutant que « les États-Unis devraient aider le Liban à atteindre une stabilité et une sécurité durables », selon l’Agence nationale d’information (ANI), gérée par l’État.
Cette déclaration intervient alors que les autorités libanaises exhortent les États-Unis et la France — garants de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024 — à faire pression sur Israël afin qu’il cesse de violer continuellement l’accord, après que l’armée israélienne a bombardé dimanche la banlieue sud de Beyrouth et poursuit ses frappes quasi quotidiennes au Liban-Sud. Selon les médias libanais, le chef du comité de supervision de l’accord de cessez-le-feu, le général américain Jasper Jeffers, devait rencontrer Joseph Aoun au cours de la journée.
« La décision du monopole des armes par l'État est irréversible »
Joseph Aoun a déclaré à la délégation américaine que « la décision du monopole des armes par l’État est irréversible, car elle bénéficie d’un large soutien des Libanais et des pays amis », ajoutant que « ce processus ne provoquera pas de troubles sécuritaires dans le pays ». Il se fera « par le dialogue avec les parties concernées, qui sont elles aussi attachées à la stabilité, à la paix civile et au rôle de l’État central » a-t-il de nouveau assuré.
Il a ajouté que « les évolutions dans la région sont encore favorables à l’adoption de solutions pacifiques, même si cela nécessite un certain temps pour éviter les obstacles ». Les discussions autour de l’arsenal du Hezbollah interviennent alors que le parti chiite est sorti très affaibli de la guerre avec Israël, entamée le 8 octobre 2023 et intensifiée en septembre 2024, avant le cessez-le-feu le 27 novembre 2024, au cours de laquelle une grande partie de sa direction a été assassinée, dont son leader charismatique, Hassan Nasrallah.
Sur le plan économique, Aoun a souligné que le Liban « poursuit les réformes économiques, financières et administratives ». Il a indiqué que les réunions de printemps avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, auxquelles a participé la délégation libanaise, se sont « bien déroulées », espérant qu’elles auront « des résultats positifs aux niveaux financier et économique. »
« La lutte contre la corruption est l’un des objectifs les plus importants pour lesquels je m’engage, en coopération avec le gouvernement et le Parlement, en plus du rôle essentiel que jouera la justice une fois les prochaines nominations judiciaires publiées », a déclaré Joseph Aoun.
Retour des réfugiés syriens
Concernant la frontière libano-syrienne, le chef de l'Etat a affirmé qu’il surveillait en permanence la situation, ajoutant que l’armée est « présente à cette frontière pour empêcher toutes les formes de contrebande et réguler les mouvements entre les deux pays. »
En février et mars, des affrontements sporadiques ont éclaté entre des clans chiites et les autorités syriennes à la frontière. Fin mars, les ministres de la Défense libanais et syrien se sont rencontrés à Djeddah, en Arabie saoudite, et ont convenu de renforcer la coordination sécuritaire et militaire le long de leur frontière commune, connue pour être poreuse, s’étendant sur 330 kilomètres. Ils ont également signé un accord de principe pour sa délimitation.
Le 24 avril, un drone chargé d’explosifs et des tirs d’artillerie ont été lancés depuis le territoire syrien contre une ferme située dans cette région de la Békaa-Nord, faisant huit blessés. Les autorités syriennes ont accusé le Hezbollah d’avoir tiré des obus depuis le Liban, affirmant avoir riposté immédiatement. L’armée libanaise, de son côté, a fait état de « tirs » provenant du territoire libanais. Elle a ensuite été déployée dans la zone et a mis en place des mesures sécuritaires afin d’apaiser les tensions.
Concernant la question des réfugiés syriens, M. Aoun a souligné que « le Liban est déterminé à assurer le retour de ces réfugiés dans leur pays, d’autant que les raisons politiques et sécuritaires ayant justifié la présence de la majorité d’entre eux au Liban (la guerre civile syrienne débutée en 2011 et le régime dictatorial de Bachar el-Assad, tombé le 8 décembre 2024, Ndlr) ont disparu après les changements intervenus en Syrie ». Il a ajouté que « la levée des sanctions économiques imposées à la Syrie redynamiserait l’économie syrienne et offrirait des opportunités de retour aux réfugiés dans leur pays, au lieu qu’ils demeurent des réfugiés économiques au Liban ».
Le Liban accueille, selon les estimations officielles, 1,5 million de Syriens, dont 755 426 sont enregistrés comme réfugiés auprès des Nations unies, ayant fui la guerre civile dans leur pays depuis 2011. En mars dernier, des massacres perpétrés sur la côte syrienne, dans des villages majoritairement alaouites, ont poussé plus de 20 000 Syriens à se réfugier au nord du Liban, principalement dans des villages du Akkar.