
Des soldats libanais et des Casques bleus de la Finul à Kfarchouba, au Liban-Sud, le 26 août 2024. Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Un Libanais a tenté d'expulser verbalement au moins cinq soldats de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) déployés dans le village de Jmaijmé, caza de Bint Jbeil, au Liban-Sud, sous prétexte qu'ils n'étaient pas accompagnés de l'armée libanaise, selon une vidéo non datée parvenue à notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah et qui circule également sur les réseaux sociaux.
« C'est ma terre, dégagez de là, vous travaillez avec Israël, vous n'avez pas le droit d'être ici sans l'armée libanaise », a ainsi lancé l'individu aux soldats de la Finul. Un des soldats lui a répondu que « la présence de la force onusienne relève de la résolution 1701 », qui a mis un terme à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël et sert de cadre à l'accord de cessez-le-feu entre ces deux mêmes belligérants entré en vigueur le 27 novembre 2024. Sur les images, quelques véhicules de la Finul apparaissent à proximité, mais aucun signe de présence de l'institution militaire libanaise n'est visible.
Incident « rare »
Contactée par L'Orient-Le-Jour, la Finul a indiqué ne pas disposer pas d'informations concernant la vidéo, notant toutefois que les incidents de ce type sont « très rares ». Ces nouvelles images interviennent après que des véhicules de la force onusienne en patrouille vendredi dernier près de Tayr Debba, dans le caza de Tyr, avaient également été pris à partie par des individus qui les ont empêchés de poursuivre leur itinéraire.
La Finul a toutefois précisé mener depuis peu une série d'exercices et manœuvres entre plusieurs bataillons déployés dans le secteur-ouest de sa zone de mission, dans le sud du Liban le long de la frontière avec Israël, avec comme objectif d'« améliorer sa préparation opérationnelle et sa capacité de réponse ». Ces manœuvres comprennent « des actions délicates tels que la prévention des infiltrations non autorisées, le renforcement de la surveillance et l'amélioration des compétences en réponse d'urgence face aux attaques de missiles et autres défis sécuritaires ».
Créée en 1978 pour surveiller le retrait des forces israéliennes après leur invasion du Liban, la Finul est principalement présente dans le sud du pays. Des tensions surviennent souvent entre ses patrouilles et les habitants locaux, majoritairement partisans du Hezbollah. La résolution 1701 de l'ONU a considérablement accru le rôle de la Finul et précisé le cadre de son action. L'article 12 mentionne que le « gouvernement libanais (...) autorise la Finul à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées ».
L'application de la résolution et du récent accord de trêve reste toutefois partielle, alors que l'armée israélienne continue d'occuper au moins cinq positions en territoire libanais, le long de la Ligne bleue, et que, selon les derniers rapports de l'ONU, le Hezbollah, qui a effectivement transféré à l’armée libanaise des dizaines de ses positions militaires au Sud, garde des « éléments armés actifs » dans des villages de la région.
Le rôle de l'armée est « essentiel »
Sur le terrain, les frappes israéliennes visant le Sud se sont poursuivies lundi. Une frappe de drone israélien a visé un terrain près d'une station-service de Aïtaroun (caza de Bint Jbeil), sans faire de victimes, rapporte notre correspondant. Un quartier du village de Tayr Debba a en outre été évacué par précaution, après qu'une habitante a reçu un appel téléphonique la sommant d'évacuer le bâtiment dans lequel elle vit, avant un « bombardement imminent ». Par mesure de précaution, les résidents du village ont quitté leurs maisons et décidé de retirer leurs enfants de l’école locale. Le bâtiment n'a toutefois pas été touché. Par ailleurs, un drone israélien a largué une grenade assourdissante près d'un berger à proximité d'un poste de l'armée libanaise dans les environs de Birket Naqqar, au sud de Chebaa (caza de Hasbaya), sans le blesser, selon notre correspondant.
Dans ce contexte, le commandant en chef de l'armée libanaise Rodolphe Haykal a affirmé lundi, lors d'une visite du commandement de la 7e brigade d'infanterie à la caserne François el-Hajj à Marjeyoun, que « le rôle de l'armée est essentiel et vital pour la pérennité du pays ». « Rien ne nous dissuadera de continuer à remplir notre devoir », a-t-il assuré.
Enfin, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee a publié lundi sur son compte X des scènes montrant, selon lui, le ciblage par l'armée israélienne dimanche « de l'infrastructure utilisée par le Hezbollah pour stocker des missiles de précision dans la banlieue sud de Beyrouth ». « Hier, l'armée israélienne a attaqué et détruit une infrastructure utilisée pour stocker des missiles de précision appartenant au groupe terroriste du Hezbollah dans la banlieue-sud de Beyrouth. Le mois dernier, elle avait attaqué plus de 50 cibles terroristes à travers le Liban, suite à des violations de l'accord entre Israël et le Liban qui constituaient une menace pour Israël et ses citoyens », a-t-il ajouté. Il a enfin souligné que l'armée israélienne « continuera à agir pour éliminer toute menace contre l'État d'Israël et ses citoyens et empêcher la reconstruction du Hezbollah terroriste ».
Dans ce cadre, l'armée israélienne a indiqué lundi avoir frappé plus de 50 « cibles terroristes » en un mois au Liban, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre. « Au cours du mois, l'armée israélienne a frappé plus de 50 cibles terroristes à travers le Liban. Ces frappes ont été menées après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population », a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué.
Ils veulent continuer à agir comme si le pays leur appartenait. Ce temps est révolu.
12 h 19, le 29 avril 2025