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Moyen-Orient - Diplomatie

Ballet diplomatique tous azimuts avant les négociations de Rome sur le nucléaire iranien

Les contacts se multiplient pour tenter d’éviter une guerre généralisée au Moyen-Orient.

Le chef des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, reçoit le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, à Téhéran, le 17 avril 2025. Photo Iranian Armed Forces Office/WANA (West Asia News Agency)/Reuters

Les visites se multiplient de tous les côtés avant les pourparlers prévus ce samedi sur le nucléaire iranien. Jeudi 17 avril, l’envoyé spécial de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient et négociateur en chef sur le nucléaire, Steve Witkoff, se rendait à Paris avec le secrétaire d’État Marco Rubio pour parler non seulement de l’Ukraine, mais également de l’Iran. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, allait pour sa part à Washington pour discuter des droits de douane, mais aussi de la visite prévue (de vendredi à dimanche) du vice-président américain J.D. Vance à Rome, qui doit accueillir samedi le second cycle de pourparlers sur le nucléaire iranien, par l’intermédiaire des médiateurs omanais. La veille, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est arrivé à Téhéran pour y rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, y restant jusqu’à jeudi pour s’entretenir également avec le patron de l’agence atomique nationale. Après sa réunion avec Rafael Grossi, le ministre iranien des Affaires étrangères s’envolait jeudi pour Moscou, où il a transmis au président Vladimir Poutine une lettre du guide suprême. Le même jour, le ministre saoudien de la Défense, Khaled ben Salmane, arrivait à Téhéran pour y rencontrer Ali Khamenei. De quoi faire tourner la tête, alors que les négociations de samedi prévues à Rome pourraient ouvrir la voie soit à un deal, soit à une intervention militaire.

Option militaire privilégiée par Israël

Cette dernière option est la solution privilégiée par Israël, qui craint qu’un accord sur le nucléaire n’aille pas assez loin et puisse être contourné par l’Iran. La République islamique respectait pourtant le JCPOA de 2015, jusqu’au retrait unilatéral des États-Unis sous le premier mandat de Donald Trump trois ans plus tard. Mais le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l’histoire de l’État hébreu, n’en démord pas : après l’affaiblissement de l’« axe de la résistance » depuis le 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza, le moment est opportun pour atteindre son autre objectif prioritaire : le démantèlement complet du programme nucléaire iranien. Ligne rouge pour Téhéran,  cet objectif ne pourrait cependant être atteint que par la force.

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Pour cela, Tel-Aviv a préparé plusieurs plans militaires pour frapper les sites iraniens, dès le mois prochain, que le président américain a pour le moment bloqués pour donner une chance à la diplomatie, selon des révélations publiées jeudi matin par le New York Times. Presque toutes les options impliquaient un soutien américain, révèle le quotidien, non seulement pour aider à défendre Israël face aux représailles attendues, mais surtout pour mener des bombardements réussis. Or si l’État hébreu pensait pouvoir convaincre Washington, qui a envoyé des renforts militaires dans la région ces dernières semaines, une partie de l’administration Trump a émis des doutes quant aux chances de succès, alors que l’objectif était surtout de retarder les capacités iraniennes à développer une arme nucléaire d’un an ou plus, et quant aux risques de guerre régionalisée.

La pression américaine passe aussi par les houthis

Pour l’heure, malgré les déclarations confuses des responsables américains, soufflant le chaud et le froid sur la possibilité de l’Iran d’enrichir de l’uranium, l’objectif est de conclure un accord diplomatique. Et pour l’atteindre, Washington multiplie les moyens de pression. Mercredi, de nouvelles sanctions ont visé une nouvelle entité chinoise contribuant à raffiner le pétrole iranien, principale source de revenus de l’Iran soumis à des restrictions occidentales depuis des années. Les frappes américaines s’accentuent par ailleurs sur les houthis au Yémen, où un responsable militaire américain a déclaré au journal  émirati The National vouloir « continuer (la campagne menée par les États-Unis) 24 heures sur 24, pour user de pression maximale contre les terroristes houthis ». 

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Washington a lancé depuis le 15 mars des bombardements quasi quotidiens contre les rebelles yéménites, appuyant même des plans pour une offensive terrestre du gouvernement reconnu par la communauté internationale avec le soutien de pays du Golfe, selon des révélations de Bloomberg. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont renoué avec la République islamique en 2023 et aspirent à stabiliser la région pour diversifier leur économie, ont pour leur part nié toute implication. Potentiellement en première ligne en cas de conflit généralisé, les États du Golfe tablent sur la voie des négociations, une ligne que semble avoir comprise le président américain, qui a choisi le royaume saoudien pour son premier déplacement à l’étranger.

Prochaine réunion à Rome

Si la première rencontre irano-américaine s’est déroulée samedi à Mascate sous médiation omanaise pour poser les bases des négociations, la seconde aura lieu à Rome. Un choix qui aurait été proposé par les États-Unis pour des raisons logistiques, et accepté par l’Iran sous condition que la médiation reste dans les mains du sultanat, quitte à ce que les négociations se déroulent de manière directe, comme le souhaite Washington, entre les murs de sa mission diplomatique dans la capitale italienne. La République islamique aurait en outre refusé de poursuivre les négociations en France, en Allemagne ou encore au Royaume-Uni, les trois pays européens signataires de l’accord de Vienne, ces derniers ayant encore le pouvoir d’activer le mécanisme du « snapback » d’ici à octobre, permettant de remettre en place les sanctions onusiennes antérieures à 2015. Selon des observateurs, Paris, Berlin et Londres pourraient y recourir dès cet été en l’absence de deal irano-américain. La République islamique a cependant menacé de se retirer alors du traité de non-prolifération atomique, tandis que ses partenaires russe et chinois, également signataires de l’accord de 2015, pourraient tenter de bloquer les ambitions européennes.

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Les autorités iraniennes avaient aussi menacé récemment de refuser l’accès sur le terrain aux inspecteurs de l’AIEA si les menaces de frappe persistaient. Durant la rencontre indirecte à Oman samedi dernier, qui s’est terminée par un échange direct entre les émissaires Steve Witkoff et Abbas Araghchi, aucune mention n’aurait ainsi été faite d’une intervention militaire en cas d’échec des négociations, bien que l’administration Trump agite encore parfois l’option. Selon des responsables américains cités par le New York Times, le vice-président J.D. Vance a avancé l’argument que Donald Trump pourrait soutenir une opération militaire israélienne après avoir essayé la diplomatie, si celle-ci échoue. Pour le moment, les Iraniens restent ouverts à la coopération avec l’AIEA, comme en témoigne le déplacement de Rafael Grossi à Téhéran, et à la discussion avec les États-Unis, malgré les incohérences de Washington. Réagissant au revirement de Steve Witkoff, revenu mercredi sur ses déclarations de la veille autorisant l’enrichissement d’uranium à 3,67 %, le ministre iranien des Affaires étrangères a certes déclaré que son droit d’enrichir était « non négociable » pour Téhéran, ajoutant toutefois vouloir « attendre d’être informé sur la position réelle (des États-Unis) durant les négociations ».

Les visites se multiplient de tous les côtés avant les pourparlers prévus ce samedi sur le nucléaire iranien. Jeudi 17 avril, l’envoyé spécial de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient et négociateur en chef sur le nucléaire, Steve Witkoff, se rendait à Paris avec le secrétaire d’État Marco Rubio pour parler non seulement de l’Ukraine, mais également de l’Iran. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, allait pour sa part à Washington pour discuter des droits de douane, mais aussi de la visite prévue (de vendredi à dimanche) du vice-président américain J.D. Vance à Rome, qui doit accueillir samedi le second cycle de pourparlers sur le nucléaire iranien, par l’intermédiaire des médiateurs omanais. La veille, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est arrivé à Téhéran...
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