
Capture d’écran tirée d’une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, montrant la destruction de la statue de saint Georges à Yaroun, dans le sud du Liban, par l’armée israélienne. @trackingisrael.
L’information :
Le 13 avril, des médias ont rapporté qu’un bulldozer israélien avait démoli une statue de saint Georges à Yaroun (caza de Bint Jbeil, au Liban-Sud), dénonçant une « nouvelle violation de l’accord de cessez-le-feu ». Une vidéo montrant la démolition a également été partagée sur les réseaux sociaux.
Qui est à l’origine de cette information / déclaration :
De nombreux médias, dont l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), ont rapporté dimanche la démolition de la statue.
L’ancien ministre du Travail Moustapha Bayram, proche du Hezbollah, a commenté la destruction de la statue comme si elle avait eu lieu dimanche : « L’ennemi sioniste détruit une statue à forte symbolique religieuse (saint Georges) dans le sud du Liban (Yaroun) et la filme sans honte – une nouvelle confirmation de son hostilité envers tout ce qui est autre que lui-même, et un rappel qu’il reste une entité occupante qui n’a pas sa place parmi les peuples de cette région », a-t-il écrit sur X.
Des sympathisants du Hezbollah ont également critiqué, sur les réseaux sociaux dimanche, le président libanais, Joseph Aoun, ainsi que le gouvernement et l’armée libanaise, pour leur silence face à la démolition présumée de la statue.
Après avoir effectué une recherche pour tenter de retrouver l’origine de la vidéo, L’Orient-Le Jour a constaté que celle-ci a commencé à circuler au cours du week-end sans occurence évidente avant samedi. Toutes les versions partagées en ligne contiennent en outre le logo d’u compte X intitulé « Israel Genocide Tracker ». Ce compte a publié la vidéo le 12 avril, accompagnée du commentaire suivant : « Un opérateur de bulldozer israélien D9 s’est filmé en train de raser le sanctuaire de saint Georges dans le village de Yaroun, lors de l’invasion du sud du Liban. » Le groupe ne mentionne pas d’où il a obtenu ces images.
Le contexte / Les faits réels :
Une source sécuritaire ainsi que le prêtre du village, qui a célébré la messe des Rameaux dimanche dans la localité, ont affirmé à L’Orient-Le Jour que la démolition de la statue s’était produite, comme cela est d’ailleurs mentionné dans la publication sur X, lors de l’invasion terrestre du Liban-Sud (lancée le 30 septembre 2024), au cours de la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël, laquelle s’est achevée par un cessez-le-feu le 27 novembre. Si aucune de ces sources n’a pu préciser la date de cette démolition, les communiqués publiés par le Hezbollah concernant ses attaques contre les mouvements des troupes israéliennes au Liban-Sud durant le conflit indiquent que l’armée israélienne aurait pu atteindre les abords du village de Yaroun dès le 4 octobre 2024, soit quelques jours seulement après le début de l’incursion terrestre israélienne.
Le prêtre a ajouté qu’il ignorait pourquoi la vidéo est partagée maintenant, tout en laissant entendre que cela pourrait être lié à la messe des Rameaux, et éventuellement destiné à « effrayer ou intimider les habitants du village », d’autant plus que la messe de dimanche était la première célébrée dans la localité depuis la fin de la guerre.
Interrogé sur la question, un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué « ne pas être au courant d’une quelconque démolition à Yaroun ces derniers jours ».
Un accord de cessez-le-feu a été conclu fin novembre 2024, mais il a depuis été violé à de nombreuses reprises. Bien que l’armée israélienne se soit retirée des villages libanais avant le 18 février, elle occupe toujours cinq points stratégiques à l’intérieur du territoire libanais. L’un de ces points, Jal al-Deir, se situe près de Aïtaroun, à environ 9 kilomètres à l’est de Yaroun, tandis qu’un autre, Jabal Blat, est situé à environ 17 kilomètres à l’ouest de Yaroun.
En conclusion :
Nous en avons conclu que cette information est trompeuse.
Nous définissons comme « trompeuse »/trompeur toute déclaration ou fait utilisé(e) délibérément pour induire en erreur, en utilisant des faits ou du contexte erroné, à des fins de propagande.
Pour aller plus loin :
Mais bien sûr que c'est "trompeur".. Il faut pas énerver BIBI... HEIN OLJ ????
18 h 04, le 16 avril 2025