
L'émissaire américaine Morgan Ortagus (c) lors d'une rencontre avec le président libanais Joseph Aoun au palais Baabda, le 5 avril 2025. Photo X/@LBpresidency
Arrivée la veille à Beyrouth, l'émissaire américaine Morgan Ortagus, envoyée spéciale adjointe du président Donald Trump pour la paix au Moyen-Orient, a tenu samedi des réunions positives avec les responsables libanais, selon des informations obtenues par L'Orient-Le Jour. Ce déplacement intervient à l'heure de tensions croissantes au Liban, et de la volonté affichée de l'État hébreu de normaliser à terme ses relations avec Beyrouth.
La réunion, d'abord seulement en tête-à-tête entre le président Joseph Aoun et Morgan Ortagus puis avec la délégation qui l'accompagne, a porté sur « la situation au Liban-Sud, la frontière libano-syrienne, ainsi que les réformes financières et économiques pour lutter contre la corruption », rapporte la présidence de la République sur X. Le palais de Baabda a également qualifié la rencontre de « constructive ». Mme Ortagus n'a, quant à elle, pas fait de déclaration publique suite à l'entretien.
L'émissaire s'est ensuite entretenue avec le Premier ministre Nawaf Salam, le chef du Parlement Nabih Berry, et le commandant en chef de l'armée Rodolphe Haykal. Elle s'est également concertée avec le ministre libanais des Affaires étrangères Joe Raggi.
Selon le bureau de presse de Nawaf Salam, la réunion, qui « a duré plus d'une heure et s'est déroulée dans une atmosphère positive », a porté sur les dossiers de réforme financière et économique. Mme Ortagus « a salué le plan de réforme du gouvernement et les mesures qu'il a prises, notamment la levée du secret bancaire, le projet de loi sur la réforme du secteur bancaire, le lancement d'un nouveau mécanisme de nomination dans les administrations publiques, ainsi que les projets en matière de réforme administrative et institutionnelle et de lutte contre la corruption ».
Application de la 1701
La nécessité de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) a également été soulignée. Concernant la situation dans le Sud, la discussion a porté sur « les mesures prises par l'armée libanaise pour mettre en œuvre la résolution 1701 et l'accord sur les arrangements sécuritaires liés à la cessation des hostilités, en coopération avec le comité de surveillance de la trêve, ainsi que sur l'achèvement du retrait israélien du territoire libanais ». Concernant les armes du Hezbollah, l'envoyée américaine a salué les mesures prises par le gouvernement à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB). Mme Ortagus et M. Salam ont enfin discuté de situation à la frontière libano-syrienne, la nécessité d'y contrôler la situation et de prévenir toute tension ou chaos, ainsi toute forme de contrebande.
Selon nos informations, les rencontres que Mme Ortagus a tenues avec MM. Aoun et Salam étaient positives. L'émissaire a aussi insisté sur la poursuite de l’application de la résolution 1701 des Nations unies, sans évoquer de calendrier. L’importance du retrait des forces israéliennes du Liban-Sud, ainsi que la reconstruction des zones endommagées par la guerre étaient également au menu de ses entretiens.
Mme Ortagus a aussi évoqué l’importance de la négociation sur la frontière et les dossiers en suspens avec Israël. De leur côté, les responsables libanais ont proposé la mise en place d’un comité technique militaire, semblable à celui qui avait travaillé sur la délimitation de la frontière maritime avec l'État hébreu, ou alors une diplomatie « navette » comme celle que son prédécesseur, Amos Hochstein, avait pratiquée. Ces propositions ont été accueillies favorablement par Morgan Ortagus, d'après les mêmes sources.
De son côté, Nabih Berry a discuté avec l'envoyée américaine des « développements sur le terrain liés aux violations et aux agressions israéliennes contre le Liban, qui font quotidiennement des victimes, en violation de l'accord de cessez-le-feu et de la résolution 1701 ». Selon son bureau de presse, la réunion, qu'il a qualifiée de « bonne et constructive », a également porté sur les réformes souhaitées à plusieurs niveaux, notamment dans les secteurs financier, économique et administratif. Le chef du Législatif a fourni à la délégation américaine « une liste de 18 lois réformatrices préparées par le Parlement, qui attend encore d'autres projets de loi, notamment sur la restructuration des banques, la levée du secret bancaire et la réforme administrative, en particulier pour le Conseil du développement et de la reconstruction ».
Entretien avec Geagea
L'envoyée américaine a par ailleurs été reçue vendredi à Meerab par le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea. « La réunion a porté sur la nécessité de mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu et de ses arrangements connexes, en particulier la résolution 1701 dans tous ses aspects, notamment l'extension de l'autorité de l'État et de ses forces légitimes sur l'ensemble du territoire, le désarmement des milices libanaises et non libanaises, le contrôle de la frontière avec la Syrie, le contrôle total des passages aériens et maritimes, et l'achèvement du retrait israélien des zones restantes dans le Sud », rapportent les FL dans un communiqué. « La collecte des armes illégales est une exigence libanaise fondamentale », a souligné M. Geagea, qui a également discuté avec l'envoyée américaine des projets de reconstruction et de la relance de l'économie.
Morgan Ortagus pourrait encore tenir une réunion avec le nouveau gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Karim Souhaid. Il s'agit de sa deuxième visite au Liban depuis sa prise de fonctions début janvier au sein de l'administration Trump.
Certains commentaires nous donnent envie de gerber. Pourquoi le masculinisme des femmes? Virilité au féminin? On se croirait à l’âge de pierre, et encore.
11 h 44, le 07 avril 2025