Critiques littéraires A découvrir

Une anthologie des poétesses libanaises contemporaines

Une anthologie des poétesses libanaises contemporaines

D.R.

En ce mois de mars qui célèbre les droits des femmes et le Printemps des Poètes, une anthologie des poétesses libanaises contemporaines vient colmater une brèche dans la littérature de notre pays, réunissant pour la première fois des voix/voies féminines en arabe, en français et en anglais, avec une remarquable volonté de jeter des passerelles entre elles, grâce à la traduction de tous les textes en trois langues : « aubes » plutôt que « crépuscules ».

Tournant résolument le dos aux conventions, rompant avec les classifications lénifiantes et amorphes des ouvrages collectifs, ni chronologiques, ni alphabétiques mais thématiques, cinquante-sept autrices, dont un, deux ou trois poèmes sont traduits, se partagent neuf thèmes comme pour dessiner une géopolitique de la poésie, s’articulant autour de neuf lignes de forces avant-gardistes et innovantes, ardeur du ton, ferveur de la forme, que sont le naufrage, le néant, la révolte et la matrice, Beyrouth, la nuit, horizon, rêve et lueur.

Et l’on y fait de chaleureuses retrouvailles et d’heureuses rencontres. Pour la poésie francophone, si Etel Adnan, Andrée Chédid, Nadia Tuéni, Vénus Khoury-Ghata et Claire Gébeyli sont les plus connues, on est ravi de retrouver des amies, Ritta Baddoura, Michèle Gharios, Nada Sattouf, Tamirace Fakhoury, Rita Bassil et Mira Prince. On est content de relire celles que nous avons perdues de vue, Frida Debbané, Nohad Salameh et Christiane Saleh. On est profondément remué de caresser des yeux celles que nous ne reverrons jamais plus, Rim Ghandour, Sabah Zouein, Thérèse Aouad Basbous et Samia Toutounji. Et pour garder le regard horizontal en écrasant nos larmes, les lectures que l’on fait pour la première fois, celles de Hala Ghosn, Elmir Chackal, May Murr, Katia-Sofia Hakim, Rouba Saba, Violaine Prince et Roula Saliba. Les agréables surprises également, Valérie Cachard qui vient du théâtre, Huguette Caland et Laure Ghorayeb qui viennent des arts plastiques et Yvonne Sursock, des anciens palais.

Manquant à l’appel, si l’on peut regretter l’absence de certaines poétesses, si l’on aurait souhaité en lire davantage de Ritta Baddoura ou les biographies de toutes, il n’empêche qu’il faut saluer cet immense ouvrage dont la  nécessaire raison d’être ne fait l’ombre d’un doute : Nada Ghosn et Paulina Spiechowicz ont soulevé des montagnes que nous gravissons, enchantés.

Crépuscules (collectif), Éditions Kaph Books, 2024, 416 p.


En ce mois de mars qui célèbre les droits des femmes et le Printemps des Poètes, une anthologie des poétesses libanaises contemporaines vient colmater une brèche dans la littérature de notre pays, réunissant pour la première fois des voix/voies féminines en arabe, en français et en anglais, avec une remarquable volonté de jeter des passerelles entre elles, grâce à la traduction de tous les textes en trois langues : « aubes » plutôt que « crépuscules ».Tournant résolument le dos aux conventions, rompant avec les classifications lénifiantes et amorphes des ouvrages collectifs, ni chronologiques, ni alphabétiques mais thématiques, cinquante-sept autrices, dont un, deux ou trois poèmes sont traduits, se partagent neuf thèmes comme pour dessiner une géopolitique de la poésie, s’articulant autour de neuf...
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