
Des employés de l’usine Pharmaline à Nahr Ibrahim, au Liban, le 11 mars 2024. Photo d'illustration João Sousa/L’Orient Today
À l’aube d’une possible ère de réformes incarnée par le tandem Salam/Aoun et capable d’achever la tant attendue transformation du Liban en économie productive, l’industrie libanaise a sa carte à jouer. Il est cependant particulièrement difficile d’estimer la taille réelle du parc industriel du pays, faute de base de données officielle centralisée et actualisée en temps réel.
Le 18 mars, l’Annuaire des exportations et des industries libanaises, publié par une société financée par le secteur privé, s’est risqué à cet exercice, comptabilisant « 18 542 usines produisant 1 656 types de biens, dont 1 179 sont exportés par le Liban vers l’étranger », selon un communiqué relayé par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).
Selon les informations de l’annuaire :
• Le nombre d’usines agréées par le ministère de l’Industrie s’élève à 5 358, ce qui représente 61 % des 8 771 usines répertoriées dans l’annuaire, et 28,8 % du nombre total d’industries.
• L’Association des industriels libanais (AIL) compte 831 membres soit 9,5 % des 8 771 usines répertoriées dans l’annuaire, 16 % des 5 358 usines agréées par le ministère de l’Industrie et 4,31 % du nombre total d’usines au Liban.
• 64 % du total des usines libanaises se trouvent au Mont-Liban et à Beyrouth, qui comptent respectivement 9 556 usines (51,53% du total) et 2 319 usines du total (12,5 %).
• En outre 16,41 % du total des usines libanaises se trouvent au Liban-Sud et dans le caza de Nabatiyé, 10,88% au Liban-Nord et dans le Akkar, et enfin 8,65 % dans la Békaa.
Si le nombre d’usines au Liban a baissé de plus de 300 par rapport à l’année 2023, lors de laquelle le Liban comptait 18 816 établissements industriels selon cette même société, le nombre d’usines ayant fait l’objet d’un recensement sur le terrain a augmenté de plus de 1 500. Au total, 7 128 entreprises étaient recensées par la société elle-même dans l’annuaire en 2023.
La société s’appuie sur les usines enregistrées auprès des différentes instances officielles, jusqu’à la fin de l’année 2024. Parmi les 18 542 usines au Liban en 2024, 8 771 ont fait l’objet d’un recensement sur le terrain par la société elle-même, à l’aide de formulaires spécifiques.
Des chiffres contestés
Farès Saad, directeur de la société qui a publié l’annuaire industriel, a déclaré que l’objectif est de réaliser une cartographie complète des usines, tenant compte de leur répartition géographique et des évolutions récentes de la production industrielle par région, afin d’évaluer la faisabilité de la création de nouvelles zones et villes industrielles, adaptées aux besoins des investissements locaux et de la diaspora, selon des propos rapportés par l'ANI. Elle viserait aussi à recenser les usines établies au cours des 30 dernières années, dont un grand nombre n’a pas encore obtenu de licence du ministère de l’Industrie. L’industrie libanaise aurait « le potentiel de combler le déficit commercial du Liban », selon la dernière version de l'annuaire.
Cependant, le total de plus de 18 000 est contesté par l’Association des industriels libanais. « Il est beaucoup trop élevé, à moins qu’il inclue tous les petits artisans, dont l’activité ne répond pas aux critères d'obtention d'une licence d’industrielle », assure son président Sélim Zeeny. Les auteurs de l’annuaire, qui n’ont pas répondu à nos appels, semblent, eux, se baser sur les établissements qui « possèdent un registre commercial, leur permettant d’obtenir les autorisations nécessaires ». Le registre commercial est un document officiel qui légalise une entreprise.
Sélim Zeeny appelle également à tenir compte des industriels illégaux, qu’il distingue en deux groupes, ceux qui opèrent simplement sans licence et ceux qui s’approvisionnent ou écoulent leurs marchandises via la contrebande. Il ajoute que le secteur fait travailler 250 000 personnes, en se basant sur les employés enregistrés à la Caisse nationale de Sécurité sociale.
Il reste que si certaines des données de l’annuaire rejoignent ou se rapprochent de celles de l’AIL et du ministère de l’Industrie, d’autres divergent nettement. La direction générale du ministère estime notamment à moins de 7 000 le nombre d’industriels enregistrés, tandis que l’AIL revendique entre 800 et 900 membres. Selon une source au fait du dossier, le registre du ministère comporterait certains doublons entre des licences de création d'un établissement industriel et celles d’exploitation qui peuvent avoir été déposées par une même société pour une même industrie.
comme toujours, des chiffres rien que des chiffres... qui de plus contestes ! vive le professionnalisme !
09 h 50, le 26 mars 2025