
Au premier rang, le supérieur général Arturo Sosa aux côtés du père recteur de l’USJ, le père Salim Daccache. Michel Sayegh/USJ
« Dans cette crise, vous n’êtes pas seuls. » Ces quelques mots résument la solidarité exprimée mercredi aux Libanais par le supérieur général de la Compagnie de Jésus, Arturo Sosa s.j. En visite au Liban pour quelques jours, en marge d’une tournée régionale qui l’a mené également en Jordanie et en Égypte, il a participé le 19 mars aux célébrations des 150 ans de l’Université Saint-Joseph (USJ) et de la fête de son saint patron. Des événements qui ont vu la présence notamment du recteur de l’USJ, le père Salim Daccache, du père Victor Assouad, membre du conseil général du supérieur général, du père Michael Zammit Mangion, supérieur provincial de la Compagnie de Jésus pour le Proche-Orient et le Maghreb, du président de la Fédération des associations des anciens de l’USJ, le docteur Christian Makary, et d’un parterre de personnalités du monde politique, judiciaire et académique.
L’occasion pour le supérieur Arturo Sosa de faire part à L’Orient-Le Jour, lors d’une interview express, de sa volonté « d’apprendre ». « Je viens apprendre la vie jésuite, celle des gens qui vivent au Liban. Je viens apprendre la situation au Moyen-Orient, celle de l’Église et du dialogue interreligieux », résume-t-il. Il invite aussi les Libanais à réagir, « à servir les autres, à trouver des solutions ». « D’autres pays et d’autres peuples traversent des crises également », constate le supérieur vénézuélien de 76 ans.
Privilégier le dialogue intergénérationnel
Arturo Sosa s’exprime peu ou de manière succincte. Celui que l’on appelle communément le « pape noir », en référence à la couleur de son habit ecclésiastique, par opposition à celui, blanc, du pape, sortait tout juste d’une matinée de conférences au campus de l’innovation et du sport, à Beyrouth, rue de Damas. Il y a écouté les anciens étudiants, aujourd’hui membres de la Fédération des associations des anciens de l’USJ, raconter leurs parcours académiques, leurs engagements citoyens, leurs initiatives face aux crises et aux guerres successives. Parmi eux, l’ancien ministre de l’Éducation Abbas Halabi et l’ancien président du Conseil d’État Chucri Sader. Il y a écouté les professeurs évoquer leur soutien de la jeunesse. Il y a aussi écouté les étudiants raconter leur amour de la patrie, les crises successives qui les poussent à partir, les tiraillements qui accompagnent leurs décisions, et cette volonté d’aider, de soutenir, de contribuer au développement. Des étudiants qu’il a invités à « privilégier le dialogue et la solidarité » et « bâtir des ponts intergénérationnels », condition sine qua non de la citoyenneté et de la démocratie.

« La qualité académique de l’enseignement universitaire et la recherche sont importantes. Tout aussi importante est la nécessité que l’université garde ses portes ouvertes à tous, qu’elle prenne soin de la personne et qu’elle s’engage dans le processus politique de la société », souligne à L’OLJ Arturo Sosa. Le supérieur esquive en revanche toute invitation à évaluer la présence jésuite ou même l’éducation, l’université, l’hôpital. « Je ne peux évaluer la situation après quelques jours à peine passés au Liban. En revanche, je constate que les gens travaillent d’arrache-pied pour ces secteurs. Je vois même que malgré la crise, l’hôpital (Hôtel-Dieu-de-France) a relevé le défi et réalisé de gros investissements », assure-t-il.
La communauté jésuite est engagée au Liban dans l’éducation scolaire, à travers un réseau d’établissements privés gravitant autour du collège Notre-Dame de Jamhour et du collège Saint-Grégoire, et dans l’enseignement supérieur, à travers l’USJ qu’elle a fondée en 1875. L’USJ gère aussi notamment l’Hôtel-Dieu-de-France, l’un des grands hôpitaux universitaires du pays.
À l’issue de la série de conférences, le supérieur général devait célébrer la fête patronale de l’USJ en soirée, au Campus des sciences et technologies (CST) à Mar Roukoz, en présence notamment du représentant du chef de l’État, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Joe Saddi, et du patriarche maronite Béchara Raï.
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09 h 07, le 21 mars 2025