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Politique - Liban

« Le retour des réfugiés syriens désormais impératif », affirme Raggi

Le ministre a estimé qu'avec la chute de Bachar el-Assad, le maintien des réfugiés syriens au Liban n’avait plus de justification légale.

« Le retour des réfugiés syriens désormais impératif », affirme Raggi

Le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi, arrive à la neuvième conférence de Bruxelles « Se tenir aux côtés de la Syrie : répondre aux besoins pour une transition réussie », au bâtiment Europa à Bruxelles, le 17 mars 2025. Photo AFP/ NICOLAS TUCAT.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé lundi que le retour des « réfugiés syriens (au Liban) était désormais impératif », alors qu'il se trouvait à Bruxelles, où l'Union européenne organisait une conférence des donateurs en faveur de la Syrie.

« Le retour des réfugiés syriens n’est pas seulement possible, il est désormais impératif », a ainsi lancé le chef de la diplomatie libanaise. « Prolonger leur déplacement va à l’encontre de toute logique politique et ne fait qu’aggraver leur tragédie. Leur retour ne peut se limiter à une assistance humanitaire ; il requiert des transformations politiques décisives conduisant à des solutions durables », a-t-il déclaré, souhaitant que la conférence « soit le moment où nous cessons de gérer la crise et commençons à la résoudre » estimant que « toute autre approche serait un échec politique ». 

Selon les estimations du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les réfugiés syriens au Liban étaient près d'un million avant la chute de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier. À plusieurs reprises depuis cet évènement, le président par intérim, Ahmed el-Chareh, a demandé aux millions de réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile de retourner dans leur pays. 

« La situation a radicalement changé » 

« La situation a radicalement changé depuis la chute du régime d’Assad », a insisté Joe Raggi. Avant de préciser : « Pendant des années, l’incertitude et l’instabilité ont compliqué les discussions sur le retour des réfugiés. Mais aujourd’hui, nous faisons face à une nouvelle réalité : de plus en plus de Syriens expriment leur volonté de rentrer et de participer à la reconstruction de leur pays. Cet enthousiasme pour un nouveau départ constitue une opportunité unique que nous devons saisir pour faciliter leur retour. »

S'appuyant sur une enquête du HCR, il a souligné qu'environ 355 000 Syriens « se diraient prêts à rentrer du Liban au cours des douze prochains mois, à condition de recevoir un soutien financier et matériel », ce qui constituerait « une évolution majeure qui mérite notre attention et exige une action immédiate ».

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« Le Liban n’a jamais été, et n’est toujours pas, un pays d’asile ou un refuge, ni en vertu du droit international, ni selon nos lois nationales. Pourtant, nous avons ouvert nos portes aux Syriens pour des raisons humanitaires, assumant un fardeau bien au-delà de nos capacités » a déclaré Joe Raggi. 

« Aujourd’hui, le maintien des réfugiés syriens au Liban n’a plus de justification légale, les circonstances ayant changé. La réalité en Syrie montre que ces déplacés ne fuient plus la guerre ou la persécution, mais sont devenus en réalité des migrants économiques » a ensuite argué le ministre. « Et convenons tous qu’il n'est plus logique de financer des migrants économiques au Liban ! Le statut de réfugié est intrinsèquement lié aux conditions du déplacement, et lorsque ces conditions évoluent, l’approche doit évoluer également. »

Lors d'une rencontre de plusieurs figures politiques et religieuses à la résidence de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati à Tripoli vendredi dernier, les participants avaient estimé qu’il n’y a plus de réfugiés au Liban selon la définition internationale, en s'appuyant sur la Convention de Genève, selon laquelle un « réfugié est une personne qui ne veut ou ne peut pas rentrer dans son pays ».

« Un fardeau disproportionné »

Joe Raggi est également revenu dans son discours sur l'accueil par le Liban de centaines de milliers de réfugiés syriens, depuis le début de la guerre civile de 2011. « Depuis plus d’une décennie, le Liban porte un fardeau disproportionné, les réfugiés syriens représentant près d’un quart de sa population », provoquant une « pression considérable sur son économie, ses infrastructures et ses services publics ». 

Dans ce cadre, il en a profité pour remercier le HCR, les agences des Nations unies, l’Union européenne, ainsi que les partenaires internationaux : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon, l’Australie, la Norvège, la Suisse, la Corée du Sud et les pays du Golfe. « Votre aide a été essentielle pour nous permettre de gérer cette immense responsabilité », a-t-il déclaré.

Appelant de ses voeux, à l'instar d'autres responsables politiques à la conférence, « une participation inclusive de tous les Syriens au processus politique et à la construction de l’avenir de leur pays », Joe Raggi a ajouté que les « réfugiés ne peuvent être exclus de cette dynamique » et qu'il est impératif « non seulement de les soutenir dans leur retour, mais aussi dans leur réintégration au sein des efforts de reconstruction de la Syrie ».

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« La levée des sanctions sur les secteurs clés en Syrie est essentielle pour passer de la phase de relèvement précoce à une reconstruction complète : il est temps de soutenir les Syriens à l’intérieur de leur pays », a-t-il ajouté, tandis que l'Union européenne s'est engagée à fournir près de 2,5 milliards d'euros sur deux ans à la Syrie pour faciliter sa reconstruction, au moment où les Etats-Unis ont suspendu leur aide.

Évoquant enfin l'arrivée la semaine passée de plus de 10 000 nouveaux réfugiés fuyant les massacres contre la communauté alaouite dans le nord-ouest syrien, Joe Raggi a expliqué être « conscient de la réalité en Syrie », mais qu'elle « ne signifie pas que nous devons accepter de remplacer un réfugié par un autre ». « Nous devons garantir que tous les Syriens se sentent en sécurité dans leur pays et en confiance pour y retourner », a-t-il expliqué.

« Le peuple syrien mérite de rentrer chez lui et de reconstruire sa vie. Le Liban, quant à lui, mérite une chance de se redresser et de se relever », a conclu le chef de la diplomatie.

Rencontres diplomatiques

En marge de la conférence, le ministre libanais a rencontré plusieurs personnalités politiques. Devant son homologue polonais, Radosław Sikorski, M. Raggi a souligné « la nécessité de faire pression sur Israël pour qu’il se retire du Liban », tandis que l'armée de l'État hébreu occupe cinq collines au Liban-Sud. De son côté, M. Sikorski a informé le ministre libanais que « la compagnie aérienne polonaise reprendra ses vols vers Beyrouth en mai prochain » et lui a remis une invitation à se rendre à Varsovie, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). 

Le ministre libanais des Affaires étrangères a également rencontré son homologue italien, Antonio Tajani, ainsi que Kaja Kallas, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, et vice-présidente de la Commission européenne. Lors de la rencontre avec cette dernière, Joe Raggi a insisté sur « la nécessité d’un retour rapide des déplacés syriens », tout en réaffirmant « l’engagement du gouvernement libanais en faveur des réformes ». Il a également remercié l’Union européenne pour son soutien au Liban et pour la planification de la tenue du Conseil d’association entre l’Union européenne et le Liban cette année, tout en invitant Kaja Kallas à se rendre au Liban.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé lundi que le retour des « réfugiés syriens (au Liban) était désormais impératif », alors qu'il se trouvait à Bruxelles, où l'Union européenne organisait une conférence des donateurs en faveur de la Syrie.« Le retour des réfugiés syriens n’est pas seulement possible, il est désormais impératif », a ainsi lancé le chef de la diplomatie libanaise. « Prolonger leur déplacement va à l’encontre de toute logique politique et ne fait qu’aggraver leur tragédie. Leur retour ne peut se limiter à une assistance humanitaire ; il requiert des transformations politiques décisives conduisant à des solutions durables », a-t-il déclaré, souhaitant que la conférence « soit le moment où nous cessons de gérer la crise et commençons à la...
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