
La Première dame Nemaat Aoun au palais présidentiel de Baabda, lors d'un événement en l'honneur des femmes à l'occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars. Photo provenant du site web de la Présidence
À l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, célébrée tous les 8 mars, la Première dame libanaise, Neemat Aoun, a reçu samedi au palais de Baabda un groupe de femmes militantes, dont elle a salué l’engagement et la foi inébranlable dans le Liban et affirmé sa volonté d'instaurer une journée nationale de la « Femme libanaise », début novembre, rapporte l’Agence nationale d’information (ANI).
« Vous êtes au cœur de la citoyenneté », a dit Mme Aoun aux féministes, secouristes, infirmières, artistes, médecins, écologistes, travailleuses sociales, sportives, travailleuses municipales, qui se sont distinguées par leurs initiatives citoyennes et le soutien qu’elles ont apporté à leurs concitoyens en période de crise, chacune dans son domaine.
« Grâce à vous, le Liban est inébranlable », a-t-elle ajouté. L’épouse du président Aoun a promis qu’elle se mobiliserait pour faire consacrer la date du 4 novembre comme Journée annuelle de la femme libanaise, qui se fera par décision du Conseil des ministres. « Au cours de cette journée, nous rendrons hommage à toutes les femmes qui ont lutté et donné de tout leur cœur pour ce pays (...) Parce que le Liban ne peut pas survivre sans les femmes libanaises, ni s'élever sans elles », a-t-elle souligné.
La détermination des Libanaises
Au cours de la rencontre, Neemat Aoun a d’abord partagé sa propre expérience après l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, racontant comment elle s’est rendue dans le périmètre du port avec sa fille, et comment elle a contribué à collecter de l’aide auprès des associations.
« J'ai été témoin de la détermination des femmes qui ont refusé de baisser les bras », a dit la Première dame, en parlant des femmes qui ont pris l'initiative d'aider de toute leur force. « Je suis convaincue que nous n’avons pas à compter sur l’aide, mais que c'est nous qui la faisons. Que nous n'avons pas peur des crises, mais que c'est nous qui les affrontons », a-t-elle affirmé. « Le Liban est resté inébranlable parce que vous l’avez porté. Le Liban reviendra encore plus beau qu’il ne l’était, grâce à votre volonté », a-t-elle encore dit en saluant l'engagement et la solidarité de ses hôtes.
Pilote, infirmière, journaliste, athlète...
Parmi les trente et une femmes reçues à Baabda, figuraient Pamela Zeinoun, dont la photo le 4 août alors qu'elle venait de sauver trois nouveaux-nés dans la couveuse de l'hôpital Saint-Georges de Beyrouth, avait fait le tour du monde, Rita Zaher, pilote dans l'armée libanaise, Hania Zaatar, une ingénieure qui s'est fait connaître pour avoir développé un robot conversationnel basé sur l'intelligence artificielle pour venir en aide aux déplacés de la guerre en septembre 2024, la journaliste de l'AFP Christina Assi, grièvement blessée dans une frappe israélienne au Liban-Sud, Hala Dahrouge, qui a créé une plateforme d'aide pour les personnes dans le besoin, la taekwondoïste Laetitia Aoun, et Yasmine Ghamraoui Ziadé, présidente de l’association « Lilkhayr ana w anta ».
Également présentes à cette cérémonie, l'enseignante Tamar Tufenkjian, l'entrepreneure Malak Yaqout, la diététicienne et présidente de l'association libanaise du diabète, Ghina Sandid, la sculptrice Hayat el-Nazer, la fondatrice de la plateforme siira.me pour la santé mentale, Sandra Salamé, la seule membre femme du conseil municipal de Tripoli, Racha Sankari, l'activiste Rouba Makarem, l'entrepreneure Reine Metlej, qui a notamment inventé une machine permettant de transformer des déchets organiques en gaz de cuisson et en biofertilisant, l'architecte urbaniste Soha Mneimné, la fondatrice et présidente de l'ONG Medonations, Marina Khawand, J. Hayek, qui a défié la chronique en passant d'une carrière de banquière à l'ouverture d'une boulangerie, ainsi que Wahida Ghalayini, cheffe du département des infirmières et infirmiers de l'hôpital Rafic Hariri de Beyrouth, Mira el-Haber, fondatrice d'un refuge pour chiens errants au Mont-Liban, Kawthar Harb, de la Défense civile libanaise, Nada Frem Hojeily, de l'ONG Berrad el-Hay, Maria Taouk, Malak Yaqout, Zahra Soueid, Dunia Taouk, Asmahan Khalil, thérapeute pour enfants, Sylvia Libaridian, secrétaire de l'Union arménienne générale de bienfaisance, Caroline Hobeich, Dana Kaidouh, Nadia Abdel Sater et Iman Assaf.
Hommage de l'ambassadeur de France
Rendant hommage aux femmes et aux filles libanaises, l’ambassadeur de France au Liban Hervé Magro a de son côté publié un message à leur intention sur X, les invitant à devenir actrices d’une société égalitaire. « En cette Journée internationale des droits des femmes, la France réaffirme son engagement aux côtés des filles et des femmes libanaises. Vous êtes les actrices de l'avenir auquel aspirent tous les Libanais et d'une société égalitaire dans laquelle vos droits seraient pleinement obtenus », a souligné l’ambassadeur.
Le statut de la femme libanaise reste précaire comparé à celui des femmes en Occident. Elle est bien loin d'être considérée comme l'égale de l'homme, mais fait plutôt figure de citoyenne de second rang. Elle ne peut pas transmettre sa nationalité à ses enfants et son époux, si elle a épousé un étranger, alors que l'homme en a le droit. Les lois de la famille dites du statut personnel sont toutes discriminatoires envers la femme, car elles relèvent des lois communautaires religieuses, largement patriarcales, notamment en ce qui concerne les divorces, la garde des enfants, la tutelle, les successions, etc…
Si la représentation féminine est importante dans l’enseignement supérieur, dépassant souvent celle des hommes, la femme libanaise est sous-représentée dans le monde du travail et dans la sphère politique. D'une part, les mères de familles sont peu encouragées à poursuivre l'exercice de leur profession. D'autre part, les féministes ont échoué jusque-là à faire adopter le système des quotas féminins dans les élections et les nominations.
Bravo, belle initiative pour mettre la femme en valeur et souligner son rôle essentiel dans tous les domaines. La femme représente pratiquement la moitié de la population mondiale alors soutenir sa participation aux affaires nationales est une nécessité et pourquoi donc se priver de ses capacités ? Qui de nous n’a pas de mère ? Même les plus machistes en ont !
07 h 00, le 10 mars 2025