De nombreux observateurs étaient impressionnés par l’organisation des funérailles dimanche de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine, les deux anciens chefs du Hezbollah. D’autant qu’aucun incident n’a été enregistré malgré la foule nombreuse, venue de plusieurs pays, et les tensions dans le pays. Cela est dû certes à la volonté du Hezbollah d’organiser une cérémonie sans le moindre couac, mais aussi et surtout au rôle de l’armée libanaise dans le maintien de l’ordre et dans le fait d’éviter toute friction entre les partisans du Hezbollah et ceux qui lui sont hostiles.
L’armée libanaise a joué un grand rôle dimanche. Tous ceux qui se sont rendus à la cérémonie, qu’ils soient ou non entrés dans l’enceinte de la Cité sportive, ont en effet vu les soldats libanais déployés tout autour de ce grand stade sportif et dans les zones dites « sensibles » qui l’entourent, et cela jusqu’au soir. Même si les Libanais ne s’en rendent pas vraiment compte, une mission délicate a été ainsi accomplie avec succès. Vêtus des uniformes des unités spéciales, le visage à moitié dissimulé (à cause du froid) sous des cache-nez militaires, les soldats libanais étaient vraiment partout, bloquant certaines routes, ouvrant d’autres, gérant la foule nombreuse qui essayait d’arriver à pied ou en voiture jusqu’aux alentours de la Cité sportive. Avec une politesse extrême, les soldats orientaient la population, soit vers les parkings choisis pour y garer les voitures, soit vers la destination ultime qui était ouverte aux voitures ayant des autorisations spéciales et aux piétons. Selon des sources militaires, ce déploiement avait été soigneusement étudié quelques jours auparavant, en collaboration avec les unités du Hezbollah chargées de l’organisation de la cérémonie.
Dès que le président Joseph Aoun a demandé à l’armée libanaise de veiller à la sécurité de cette cérémonie, les réunions de coordination entre les militaires et le Hezbollah se sont multipliées et il a été convenu que l’armée se chargerait de tout l’aspect sécuritaire, en particulier dans les quartiers qui entourent la Cité sportive qui sont considérés comme étant à majorité sunnite, et même sur les routes qui mènent vers la capitale Beyrouth pour ceux qui viennent du Sud, du Nord, de la Békaa et du Mont-Liban. Ce n’était d’ailleurs pas une simple affaire, d’autant que certaines parties hostiles au Hezbollah auraient surveillé elles aussi les routes, guettant ce qu’elles pouvaient considérer comme une provocation pour réagir.
C’est ainsi que des barrages de l’armée ont été installés sur les principaux axes et même sur certaines routes secondaires, et les soldats ont même dit à certains conducteurs qu’il vaudrait mieux enlever les portraits trop voyants ou même baisser les drapeaux en arrivant dans certains quartiers. De même, des motards portant des vestes sur le dos desquelles était inscrit « SR de l’armée » sillonnaient en permanence les routes menant vers la Cité sportive, veillant à éviter le moindre signe provocateur.Après la fin de la cérémonie, le scénario était le même. Les militaires étaient là pour orienter, aider et protéger les voitures et les piétons qui voulaient rentrer chez eux par bus ou en utilisant tout autre moyen de locomotion, dans des quartiers dits sensibles.
Si tout s’est déroulé sans incident, c’est donc grâce à l’étroite coopération entre l’armée libanaise et le Hezbollah, la première ayant agi dans la plus grande discrétion alors que le second, lui, était mis en avant. Il ne s’agissait peut-être pas d’une décision claire, mais il y avait une volonté sous-jacente de donner le premier rôle au Hezbollah, en laissant l’armée au second plan. Certains y voient une raison politique, l’armée ne voulant pas être directement associée au Hezbollah, mais d’autres estiment au contraire que l’armée avait une mission précise, celle de préserver la stabilité et d’éviter tout incident qui pourrait dégénérer, dans une cérémonie qui était celle du Hezbollah.
Quelle que soit la raison retenue, le bon déroulement de la cérémonie et la gestion des déplacements des partisans donnent un message positif pour la suite des événements. Pour le Hezbollah, il s’agit d’une preuve irréfutable que lui et l’armée peuvent se compléter en toute harmonie et dans l’intérêt du Liban et des Libanais. Pour les partisans de l’armée, celle-ci a montré une fois de plus qu’elle est parfaitement en mesure d’assurer la sécurité des citoyens et qu’elle est tout à fait consciente de toutes les sensibilités et de toutes les tensions internes, en étant en mesure de déjouer les pièges et de franchir les champs minés.
En maintenant l’ordre tout au long de la journée de dimanche, qui s’annonçait chaotique et placée sous la menace d’une tentative israélienne d’intimidation pour éviter l’afflux des partisans du Hezbollah, l’armée libanaise a donc réussi à permettre à cette formation de rendre un hommage digne de leurs personnalités aux deux secrétaires généraux. En même temps, elle a fait preuve à la fois de discrétion et de savoir-faire avec le flot de participants. Elle n’a pas pris position en faveur des organisateurs et elle a aussi rempli sa mission de préserver l’ordre public. Un test finalement réussi qui est à mettre à l’actif de la troupe. D’ores et déjà, le Hezbollah affirme d’ailleurs que ceux qui misent sur des frictions entre lui et l’armée se trompent, car la relation entre eux est basée sur le respect. Cela suffira-t-il à écarter des esprits le spectre du 6 février 1984 (lorsque les militaires chiites ont fait scission de l’armée, suite à un conflit ouvert entre le président et le commandant en chef de l’époque d’une part et les composantes chiites de l’autre) qui a refait son apparition après les derniers incidents sur la route de l’aéroport il y a quelques jours ? Les deux parties sont catégoriques, la coopération de dimanche a effacé les images noires du passé... Et beaucoup veulent y croire.
Haha .. vs avez raison chére Scarlett cetait l occasion revée que le Hez depose enfin les armes pour le grand bien du pays du cédre .. quel foutage de G...!
19 h 14, le 28 février 2025