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Culture - Lieux alternatifs

Ce sous-sol à Mansourieh qui vibre au rythme de la créativité libanaise

Aujourd’hui septuagénaire, l’artiste Helein Karam dirige le Gaumont Art Lab qui soutient les musiciens, artistes et cinéastes jeunes et sous-représentés.

Helein Karam derrière le bar du Gaumont Art Lab. (Crédit : Marguerita Sejaan/L'Orient Today)

Le Gaumont Art Lab, dirigé par l’artiste septuagénaire Helein Karam, est bien plus qu’un simple espace culturel. C’est un refuge pour les jeunes artistes, musiciens et cinéastes souvent marginalisés, un endroit où l’art s’exprime sans tabou ni censure.

À 71 ans, Helein Karam, avec ses immenses anneaux bleus et sa chevelure rousse flamboyante, incarne l’âme de ce lieu. Derrière le bar du Gaumont Art Lab, elle sert des pichets de sangria et d’arak tout en observant les jeunes talents qui animent l’espace. Sur les murs, une fresque de trois mètres représentant trois femmes en bleu veille sur les performances : des reprises de rock, des morceaux de rap libanais inédits, ou encore des projections de films étudiants.

« Je voyais la vie de mes étudiants après l’obtention de leur diplôme, se souvient Karam. Ils étaient jeunes, ambitieux et talentueux, mais sans aucun endroit où se sentir soutenus. » C’est cette réalité qui l’a poussée à créer le Gaumont Art Lab en 2001, un espace dédié à « soutenir les jeunes artistes et les artistes en devenir ».

Helein Karam montre une photo de l'ancien bâtiment de son père à la place Bechara el-Khoury, le Gaumont Palace. (Crédit : Marguerita Sejaan/L'Orient Today)

Un héritage familial transformé en laboratoire artistique

Le Gaumont Art Lab puise ses racines dans l’histoire familiale de Karam. Son père, un homme d’affaires passionné de design, avait construit dans les années 1950 le Gaumont Palace, un centre culturel sur l’avenue Béchara el-Khoury à Beyrouth. La guerre civile a détruit ce lieu emblématique, mais l’esprit du Gaumont a survécu.

En 2001, après la chute des actions de Solidere, la famille Karam a réinvesti dans la construction d’un immeuble à Mansourieh. Dans son sous-sol, Helein Karam a donné vie à une salle de cinéma indépendante, reprenant le nom de Gaumont. Pourtant, ce projet a dû patienter 15 ans avant de voir le jour, le temps que Karam, divorcée et mère célibataire de deux garçons, trouve un équilibre entre sa vie familiale, son travail d’enseignante et sa passion pour l’art.

« En 2016, après un grave accident de voiture à Dubaï, j’ai réalisé que je devais donner la priorité à ce projet », confie-t-elle. Elle a alors économisé pour finaliser la construction du Gaumont Art Lab.

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Dans cet espace où les artistes peuvent s’exprimer librement, sans craindre la censure ou les pressions commerciales, Karam refuse de faire payer les projections aux étudiants, de prélever un pourcentage sur les ventes de billets des musiciens, ou de vendre des produits figurant sur la liste BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) , en solidarité avec la Palestine.

« Pour moi, il s’agit d’un espace libre, sans tabou ni censure. Il n’y a pas d’art s’il n’y a pas de liberté », affirme-t-elle.

Cette philosophie a séduit de nombreux artistes locaux. Lama Tawk, bassiste du groupe Sourgrass, considère le Gaumont comme « l’une des rares salles au Liban qui se préoccupe réellement d’aider les artistes, et pas seulement de les utiliser pour gagner de l’argent ».

La scène du Gaumont Art Lab avant un spectacle. (Crédit : Lama Tawk)

Un lieu en constante évolution

Les murs du Gaumont Art Lab racontent une histoire. Recouverts de dessins et de graffitis laissés par les visiteurs, ils témoignent de l’énergie créative qui anime ce lieu. « Je ne juge le travail de personne, mon seul rôle est de donner cet espace aux gens », explique Karam.

Aujourd’hui, le Gaumont Art Lab continue d’accueillir des artistes de tous horizons, offrant une plateforme à ceux qui n’ont pas voix au chapitre. Pour Helein Karam, ce lieu est l’œuvre de sa vie, un héritage vivant qui perpétue l’esprit du Gaumont Palace tout en ouvrant de nouvelles voies pour l’art libanais.

« Sous le Gaumont Palace, mon père a fait jadis la découverte d’une source d’eau. Lorsque j’ai construit ce Gaumont, nous en avons trouvé une identique », conclut Helein Karam. « Je savais que c’était un signe. »

Le Gaumont Art Lab, dirigé par l’artiste septuagénaire Helein Karam, est bien plus qu’un simple espace culturel. C’est un refuge pour les jeunes artistes, musiciens et cinéastes souvent marginalisés, un endroit où l’art s’exprime sans tabou ni censure.À 71 ans, Helein Karam, avec ses immenses anneaux bleus et sa chevelure rousse flamboyante, incarne l’âme de ce lieu. Derrière le bar du Gaumont Art Lab, elle sert des pichets de sangria et d’arak tout en observant les jeunes talents qui animent l’espace. Sur les murs, une fresque de trois mètres représentant trois femmes en bleu veille sur les performances : des reprises de rock, des morceaux de rap libanais inédits, ou encore des projections de films étudiants.« Je voyais la vie de mes étudiants après l’obtention de leur diplôme, se souvient Karam. Ils...
commentaires (2)

Au moins des gens utiles au Liban et aux Libanais contrairement aux articles qui nous vantent la mort et le rassemblement autour d'un mafieux, comme s'il n'y avait plus que ça qui comptait au Liban.

Zeidan

15 h 40, le 23 février 2025

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Commentaires (2)

  • Au moins des gens utiles au Liban et aux Libanais contrairement aux articles qui nous vantent la mort et le rassemblement autour d'un mafieux, comme s'il n'y avait plus que ça qui comptait au Liban.

    Zeidan

    15 h 40, le 23 février 2025

  • Quelle belle histoire par ces temps tourmentés! Que d’autres personnes fortunées en prennent de la graine pour aider la scène artistique à se développer et adoucir les mœurs.

    Marionet

    09 h 08, le 23 février 2025

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