
Des soldats libanais montent la garde à côté des drapeaux du Liban (à droite) et du Hezbollah (à gauche) devant un bâtiment détruit lors des récents bombardements israéliens, lors d’une manifestation de partisans du groupe chiite dans le village de Taïr Harfa, au sud du Liban, le 9 février 2025. Mahmoud Zayyat/AFP
Les États-Unis s’opposent pour le moment aux demandes israéliennes de reporter l’échéance pour le retrait complet de ses troupes du Liban-Sud, prévue pour le 18 février dans le cadre du cessez-le-feu, après un premier délai supplémentaire de trois semaines. C’est du moins ce que rapportent des médias israéliens ces derniers jours.
Israël demande, dans ce contexte, l’autorisation aux États-Unis, son allié-clé, de maintenir une présence sur cinq points stratégiques le long de la frontière, rapportent mercredi l’agence Reuters et la chaîne 12 israélienne, lundi, tandis que la chaîne 14 fait mention mardi de « cinq à sept points stratégiques ». Toujours selon la chaîne 12, l’État hébreu se justifie en pointant à nouveau du doigt l’armée libanaise pour ses supposés retards dans le déploiement au Liban-Sud et son incapacité à empêcher la réorganisation et la présence du Hezbollah au sud du fleuve Litani, deux points-clés de l’accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre entre Israël et le Liban, inspiré de la résolution 1701 de l’ONU ayant mis un terme à la guerre de 2006.
Selon les informations de notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah, l’armée israélienne demeure majoritairement présente dans les villages frontaliers du caza de Marjeyoun (Blida, Markaba, Adaïssé, Houla, Kfar Kila, Wazzani et la colline de Hamames), qui surplombent la région israélienne stratégique du Doigt de la Galilée, ainsi que dans d’autres localités stratégiques par leur hauteur : Yaroun, Maroun el-Ras (caza de Bint Jbeil), Jabal Balat, Labouné (caza de Tyr) et les collines contestées de Chebaa et Kfarchouba (caza de Hasbaya).
D’autres médias israéliens évoquent la demande d’un délai supplémentaire courant jusqu’au 28 février, formellement adressée au président du comité de surveillance du cessez-le-feu, le général américain Jasper Jeffers, ou au 1 er mars, date prévue pour le retour des habitants des localités du nord d’Israël à leurs foyers, rapporte le quotidien israélien de droite Maariv le 10 février.
L’agence Reuters, qui cite un responsable libanais anonyme et un diplomate étranger, rapporte mercredi pour sa part qu’Israël a demandé à maintenir ses troupes au Liban-Sud, au niveau de cinq positions, jusqu’au 28 février. La partie libanaise du comité de surveillance du cessez-le-feu, composé de représentants des États-Unis, de la France, de l’armée israélienne et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), a rejeté catégoriquement la demande israélienne, a appris la LBCI ce mercredi, sans citer ses sources.
La présidence de la république libanaise lui a emboîté le pas le soir même, affirmant dans un communiqué que le « Liban reste ferme sur le retrait complet d'Israël dans le délai prévu, soit le 18 février prochain », peut-on lire sur le compte officiel du palais de Baabda. Le texte dément par ailleurs des informations publiées mercredi par la chaîne al-Hadath selon lesquelles « un accord aurait été trouvé entre le Liban et Israël pour prolonger l'accord de cessez-le-feu après la fête du Fitr », une date musulmane importante qui tombe à la fin mars cette année. Un pareil démenti a été publié également par le bureau de presse du président du Parlement Nabih Berry ce mercredi soir, la chaîne al-Hadath mentionnant également un prétendu accord entre Nabih Berry et le Hezbollah pour une nouvelle prolongation du délai.
Refus américain… pour le moment ?
Tout en confirmant les demandes israéliennes pour une nouvelle prorogation de l’accord, un responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat assure au Times of Israël mardi que les États-Unis s’y opposent et prévoient « pour l’instant » de respecter l’échéance du 18 février, comme le signifiait l’envoyée adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, lors de son passage au Liban la semaine passée.
Une même ambiguïté ressort des informations du Jerusalem Post : alors que le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Brian Hughes, a déclaré au quotidien israélien que « le retrait d’Israël reste conforme au calendrier existant », des responsables israéliens lui auraient confié qu’Israël poursuit ses discussions avec les États-Unis afin d’« améliorer la situation sur le terrain ».
Selon le Maariv, Israël se préparerait à traiter toute manifestation des habitants du Liban-Sud à la frontière comme une « menace sécuritaire ». Le 26 novembre, 22 Libanais parmi les civils cherchant à regagner leurs foyers dans les villages libanais frontaliers ont été tués par des tirs israéliens, et 124 avaient été blessés, alors que l’armée israélienne était censée se retirer des territoires libanais ce jour-là, avant que ce retrait ne soit repoussé au 18 février.
Dans ce cadre, des rumeurs font état depuis deux jours d’un retour au Liban de l’envoyée adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, quelques jours après son premier passage. Selon des sources ministérielles citées par al-Joumhouria, cette nouvelle visite aura lieu avant la fin de la semaine en cours et portera sur la garantie du retrait israélien du Liban-Sud à la date prévue du 18 février, toujours selon le média libanais.
Ça pique les yeux !!!
06 h 31, le 13 février 2025