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Nos Lecteurs ont la Parole

Gargantua

Depuis les prémices de l’histoire jusqu’au XVIIe siècle, le Liban désigne historiquement la chaîne de montagnes du Mont-Liban occidental et n’était pas perçu comme une entité politique dans l’arène diplomatique et institutionnelle. L’idée de concevoir le Liban comme une véritable entité s’est construite au gré des évolutions sociales, culturelles et diplomatiques qui l’ont façonné au cours de ces éboulements séculaires.

D’une montagne située au Levant à une colonie traversée par une pléthore de civilisations, à un mandat français, au « Grand Liban » en 1920, à une véritable république constitutionnelle, à un pays « indépendant » en 1943…

Depuis sa fondation en 1926 sous le mandat français après la dissolution de l’Empire ottoman, la République libanaise « gargantuesque » a traversé un itinéraire tumultueux, plus ou moins un pèlerinage tiraillé entre espoir et désillusion, marqué par des défis politiques, financiers, sociaux…

Ayant échappé aux persécutions, Charles Debbas est élu premier président officiel de la République libanaise. Il se permet de forger une vision occidentale dans la sphère politique tout en restant ancré dans les valeurs et les normes libanaises. Ce « semi-président » a joué un rôle-clé dans la mise en place des bases légales de la Constitution libanaise. De Debbas à Émile Eddé, à Alfred Naccache, à Béchara el-Khoury post-indépendance, à Camille Chamoun durant la crise de 1958, à Fouad Chéhab, chef de l’armée, à Charles Hélou, à Sleiman Frangié, à Élias Sarkis durant la guerre civile, à Bachir Gemayel assassiné deux semaines après son élection, à son frère Amine Gemayel, à René Mouawad, à Élias Hraoui qui rompt la tutelle avec les accords de Taëf, à Émile Lahoud, à Michel Sleiman, à Michel Aoun et maintenant Joseph Aoun… La république de Gargantua a bien changé et tend vers une métamorphose réversible qui est qualifiée sur la scène juridique de « ni bien ni mal ». Cet éboulement politique nous place figés devant une constatation qui nous pousse à dévoiler les dessous de ce chaos et de cette praelia. En effet, qui est le véritable coupable ? Ou plutôt, qui sont les véritables coupables ?

Quel est juridiquement le véritable rôle d’un président digne du kratos ?

Si nous exploitons méticuleusement les bases légales de la Constitution fondée en 1926, nous découvrons que le problème initial se trouve dans les mains du peuple, du démos. Certes, ces bases sont fragiles et s’arrachent facilement et sans retour pour satisfaire les connivences d’une figure politique majeure, mais si nous menons une étude avec un esprit objectif, loin de la tutelle obsolète qui ne mène à rien, le peuple, à la base de cette pyramide instable, est aussi la genèse de ses tourments. Il est ciblé par les grenailles de plomb tirées par un pistolet qu’il tient lui-même. Ces vingt-quatre présidents élus au cours de ce dernier centenaire se tiennent certes au sommet de la souveraineté, mais c’est le peuple, en son essence profonde, qui détient véritablement le pouvoir qui les élève.

La réalité de la République libanaise demeure une toile fragile où se mêlent les murmures d’un avenir sibyllin, défiant sans cesse les aspirations de ceux qui rêvent et les obstacles dressés par ceux qui l’entravent. Bientôt, la République fêtera ses 100 ans. En effet, en sommes-nous véritablement dignes, ou bien, à l’instar de l’époque primitive, le Liban devrait-il se replier à nouveau sur ses montagnes et ses plaines recouvertes de neige, là où l’histoire semblait écrite par les échos des clans et des royaumes d’antan, où l’on se trouve gouverné par l’harmonie de la nature et non par un Léviathan ?...

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Depuis les prémices de l’histoire jusqu’au XVIIe siècle, le Liban désigne historiquement la chaîne de montagnes du Mont-Liban occidental et n’était pas perçu comme une entité politique dans l’arène diplomatique et institutionnelle. L’idée de concevoir le Liban comme une véritable entité s’est construite au gré des évolutions sociales, culturelles et diplomatiques qui...
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