
Manel Mallat reprend le meilleur d’Edith Piaf. Ribal Bsaibes/Cats Production
Elles n’ont en apparence aucun point commun à part la passion pour la vie et la musique, et une voix qui porte. Manel Mallat rend hommage à l’iconique chanteuse française dans un concert à la fois intimiste et cinématographique mis en scène par son complice Kristian Abouanni au Casino du Liban, entourée de 20 musiciens sous la direction du compositeur de musique de film Danny Bou Maroun et avec la participation du chanteur Mike Massy. L’artiste, également coproductrice du spectacle sous le Label Cats Production, répond aux questions de L’Orient-Le Jour.
Votre physique, votre taille, votre voix sont très éloignées de Piaf. Pourquoi elle ?
Tout a commencé par ma profonde admiration pour Édith Piaf. Depuis mon enfance, elle est l’une de mes plus grandes inspirations artistiques. Sa musique, sa résilience et son histoire de vie incroyablement touchante sont une source infinie d’émotion. C’est une femme qui a triomphé des épreuves, et cela se reflète dans ses chansons intemporelles. J’ai toujours rêvé de rendre hommage à son héritage.
Je sais aussi que beaucoup de Libanais partagent cet amour pour Piaf. Son répertoire mérite d’être célébré davantage. C’est cette passion qui a donné naissance à « Mon Hymne à Piaf », un hommage sincère à son art extraordinaire.
Cela dit, je ne cherche pas à l’incarner. Ce n’est pas une imitation, mais une interprétation personnelle –mon propre hymne à Piaf, d’où le titre du spectacle.
En quoi consiste le spectacle ? Concert ou plus ?
Cette soirée célèbre l’héritage d’Édith Piaf à travers ses chansons les plus emblématiques. Le répertoire a été minutieusement choisi pour refléter son parcours avec ses triomphes, ses luttes et l’immense passion qui ont fait d’elle une icône. Je serai accompagnée d’un orchestre live de 20 musiciens, dirigé par le compositeur Danny Bou Maroun, qui a revisité ses classiques avec une touche cinématographique, leur apportant une modernité. Nous serons accompagnés par des invités spéciaux : le chanteur Mike Massy, la talentueuse Léa Chahine (danseuse et chorégraphe), ainsi que les danseurs Roy Azar et Tony Sawaya, pour rendre la soirée encore plus magique. Ce concert va au-delà de la musique. Sous la direction de Kristian Abouanni, nous intégrons des projections cinématographiques, des éclairages immersifs et des archives rares pour plonger le public dans l’univers de Piaf. C’est un voyage intime et émotionnel qui relie son époque à la nôtre, dans une approche à la fois nostalgique et contemporaine.
À travers ce concert, je souhaite honorer l’esprit intemporel de Piaf et offrir un hommage sincère qui résonne aussi bien pour ceux qui connaissent et aiment sa musique que pour ceux qui la découvrent pour la première fois.

S’agit-il d’un moment intimiste ou d’un grand spectacle ? Quelle part donnée à l’émotion ?
C’est sans aucun doute un moment intimiste, où je partage toute ma passion pour Édith Piaf. L’émotion est immense, car je réalise un rêve « qui m’obsède jour et nuit »… (clin d’œil aux paroles de Piaf). L’émotion est véritablement le fil conducteur de ce concert, à tous les niveaux.
Il y aura des moments intimes tels qu’un medley piano-voix, un trio entre moi, le piano et le public. Mais ce concert n’est pas qu’intimité : il y a aussi des moments forts, grâce à la vision de Danny Bou Maroun et à sa touche cinématographique qui sublime chaque arrangement. C’est un véritable voyage sonore et visuel.
Car au-delà de la musique, nous plongeons le public dans un univers où l’éclairage et les projections se mêlent aux moments musicaux pour renforcer l’émotion. Les images d’archives rares et les projections qui accompagnent le concert nous permettent de relier le passé au présent, en mettant en lumière la vie de Piaf, ses combats et ses victoires L’objectif est de transporter le spectateur dans son monde, dans son époque, mais aussi de créer une résonance émotionnelle avec le nôtre. De plus, ce concert est une célébration de l’art et de l’humanité, car une partie des bénéfices sera reversée à l’association Saint Porphyre. Cette ONG, sous le patronage de Mgr Elias Audi, œuvre depuis 2002 pour offrir des bourses scolaires, des soins médicaux, de la nourriture, un abri pour les orphelins, et un soutien aux familles en difficulté. Grâce aux fonds récoltés lors de ce concert, davantage d’élèves issus des cinq écoles orthodoxes de Beyrouth pourront bénéficier de bourses. Ces écoles accueillent plus de 4 000 enfants de milieux divers.
Depuis Heart Beat au Casino du Liban, un long chemin . Quelles ont été les principales étapes de ce parcours ?
J’ai grandi à travers des expériences, tant sur le plan professionnel que personnel. J’ai eu la chance de beaucoup voyager et de multiplier les projets artistiques qui m’ont profondément façonnée. J’ai sorti plusieurs titres originaux, tels que Rah Taaref Imti, Badna Nbi3 et Kol Al Alwan, qui marquent différentes étapes de mon évolution musicale. Parallèlement, j’ai interprété des rôles principaux dans d’importantes productions de théâtre musical, comme Ahwak The Musical, Around the World en Arabie saoudite, Majnoun Leila et Next Stop: Broadway ! à Beyrouth.

Au cinéma, j’ai eu le bonheur de tenir le rôle principal dans le film Tallatit, pour lequel j’ai également enregistré les bandes originales. En matière de collaborations, j’ai travaillé avec des artistes locaux et internationaux de renom. Jean-Marie Riachi, pour Beirut Emmi ; Roy Malakian pour mes interprétations de Li Beirut et Back to Black ; ainsi que Police Voleur pour notre duo Oul. J’ai également eu le privilège de me produire aux côtés d’artistes internationaux comme Jean-Jacques Lafon.
En parallèle de ma carrière artistique, j’ai fondé Cats Production, une entreprise dédiée au divertissement et à la production au Liban et au Moyen-Orient.
Je suis également profondément engagée dans le travail humanitaire. J’ai été porte-parole du Youth Leadership Program (YLP) de l’UNDP, et je continue de travailler avec des ONG pour des causes qui me tiennent à cœur.
Vos envies, vos projets en tant qu’artiste ?
Toutes ces étapes ont été une préparation pour cette nouvelle phase de ma carrière : le lancement de mon album.
J’ai passé beaucoup de temps à définir mon identité sonore, en mêlant des éléments arabes et internationaux pour créer une fusion authentique qui me ressemble pleinement. Cet EP comprend des compositions originales écrites par Anthony du groupe Adonis, arrangées et produites par Danny Bou Maroun, ainsi que des collaborations avec Sleiman Demian et Alexandre Missakian. Ce travail explore une palette musicale mêlant pop, ballades et éléments cinématiques, reflétant mon identité artistique.
En parallèle de ma musique, je souhaite également explorer à nouveau le jeu d’acteur et espère attirer les bonnes opportunités dans ce domaine. L’idée de raconter des histoires, que ce soit par la musique ou le cinéma, m’anime profondément et constitue une extension naturelle de ma créativité.
2025 s’annonce passionnante avec les projets à venir, mais cette année, j’ai décidé de mettre mon chapeau de productrice de côté pour me consacrer pleinement à mon rôle d’artiste.
Quelques mots sur votre complicité avec Kristian Abouanni ?
Une amitié de 17 ans, une complicité qui a commencé dès les premiers jours de l’université. Kristian et moi formons un duo inséparable, tant sur le plan artistique que personnel. Nous nous complétons dans notre manière de travailler et dans notre amitié. Sa vision et son talent apportent une lumière unique à chaque projet que nous partageons.
*Le concert « Mon hymne à Piaf » aura lieu les 7 et 8 février à 20h30 au Théâtre du Casino du Liban. Les billets sont en vente à Virgin Ticketing Box Office.