Le patriarche maronite Béchara Raï (à gauche) et le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi. Photo montage.
Le chef de l'Église maronite, le patriarche Béchara Raï, et le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, ont tous deux lancé, lors de leurs homélies dominicales, des appels à faire aboutir, dans le respect des règles constitutionnelles et sans interférence confessionnelle, le processus de formation d'un nouveau gouvernement pour remplacer celui de Nagib Mikati, démissionnaire depuis les législatives de mai 2022.
Enclenché dans le sillage de l'élection, le 9 janvier, du général Joseph Aoun à la présidence libanaise au terme de plus de deux ans de vacance, puis de la désignation de l'ancien juge de la Cour internationale de justice (CIJ) Nawaf Salam pour former un nouveau gouvernement, le processus semble traîner, notamment en raison de la pression du tandem chiite Amal-Hezbollah pour obtenir certains ministres clés.
S'exprimant au siège du patriarcat à Bkerké, le cardinal Raï a souligné que les Libanais « avaient placé leurs espoirs et leur confiance » en Joseph Aoun et Nawaf Salam, et a mis en avant l'engagement du chef de l'État de mettre en place « une rotation » en coordination avec le Parlement et le gouvernement pour les postes de fonctionnaires de première catégorie dans les administrations et les institutions publiques. Il a également souhaité que M. Salam puisse former le gouvernement conformément à la Constitution et l'accord de Taëf, signé à la fin de la guerre civile (1975-1990).
« Parlements miniatures »
Cet accord, a insisté le patriarche, « ne réserve pas de ministères » à l'une ou l'autre des confessions reconnues par la Constitution, dans une réponse aux déclarations du président du Parlement et chef du mouvement chiite Amal, Nabih Berry, selon lequel le fait que le ministère des Finances revienne à la communauté chiite était un droit acquis de Taëf.
« Nous espérons que la conformité au pacte national sera dissociée des quotas (confessionnels). Nous disons oui à la conformité au pacte national fondé sur l'égalité entre musulmans et chrétiens dans la coexistence et les postes de fonctionnaires de première catégorie, et dans le même esprit autant que possible pour tout le reste », a-t-il poursuivi avant d'enchaîner : « Non aux quotas entre partis et blocs parlementaires parce qu'ils ouvrent la porte à l'ingérence de la politique dans l'administration, créent un mini-parlement dans lequel il n'y a pas de responsabilité du Parlement et violent la règle constitutionnelle de la séparation des pouvoirs. »
« Il est temps que nous nous fassions confiance et que nous travaillions ensemble pour remédier à ce qui ne va pas dans le pays et entreprendre les réformes nécessaires qui sont attendues », a encore dit le patriarche.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a abondé dans le même sens. « Les dirigeants de ce pays vont-ils se repentir de leurs fautes et de leurs péchés et renoncer à leurs intérêts et à leur influence pour que l'atelier de réforme et de construction puisse commencer ? », s'est-il interrogé dans son homélie.
Considérant que « le monde entier » avait applaudi à l'arrivée de Joseph Aoun et de Nawaf Salam, il a ainsi espéré que le pays entre « dans une nouvelle ère au cours de laquelle tous les Libanais, avec leurs sectes, leurs partis et leurs groupes, rejoindront l'État » et « faciliteront le processus de formation du gouvernement conformément à notre Constitution, loin des coutumes et des quotas qui ont été la cause de l'échec et de l'effondrement ».
Mgr Audi a aussi écarté la perspective d'un scénario de « partage des ministères comme s'ils étaient un butin pour leurs détenteurs et des positions d'influence, alors qu'ils sont une occasion de servir et de construire ». Il a de même appelé à ce que le gouvernement formé soit intègre et expérimenté, de manière à remplir son rôle efficacement.
« Nous espérons que tout le monde tendra la main au Premier ministre désigné et rétablira le respect de la Constitution, que l'occasion historique sera exploitée au profit du Liban et que soient reconstituées les institutions constitutionnelles qui ont été détruites par les abus de certains, la corruption d'autres, le mépris de la responsabilité et l'absence de contrôle parlementaire, parce que les gouvernements sont devenus des parlements miniatures », a-t-il affirmé.
Le duo chiite insiste pour conserver les finances. Sa gestion de ce ministère lui a permis de bloquer l’Etat et de couvrir le pillage de l’argent public, mais aussi privé. Raï et Audi ont raison, pas de cadeau immerité à ce duo de malheur qui a détruit le Liban. Si le tandem chiite obtient les Finances, il aura gagné malgré ses défaites militaires déshonorantes. Quitte à former un cabinet de techniciens neutres et advienne que pourra. Le chantage honteux ne doit plus être un système de gouvernement. Cette fois le peuple a dit son mot et le duo Aoun-Salam doit remplacer le duo kassem-berry.
06 h 09, le 27 janvier 2025