
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry. Photo Ani
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a réaffirmé mercredi, dans un entretien accordé au média libanais Asas Media, la détermination du tandem chiite (Hezbollah et Amal) à conserver le portefeuille des Finances dans le prochain gouvernement. Le chef du mouvement Amal y a défendu ce qu’il considère comme un droit accordé à la communauté chiite depuis l’adoption de la Constitution issue de l’accord de Taëf (1989), précisant que cette question « n’a pas simplement fait l’objet de discussions, mais a été tranchée ».
Cette prise de parole intervient à l’approche de l'annonce de la future équipe ministérielle du Premier ministre désigné, Nawaf Salam, qui tente de rompre avec le monopole des communautés dans la répartition des portefeuilles dits régaliens (Finances, Affaires étrangères, Défense, Intérieur). L’ancien président de la Cour internationale de justice s’est en effet prononcé mardi contre la pratique du partage du gâteau, affirmant qu’aucun ministère « ne pouvait être un droit exclusif pour une confession ». Lui emboîtant le pas, le nouveau président de la République Joseph Aoun a lui aussi haussé le ton mercredi à l’issue d’un entretien avec une délégation du Conseil constitutionnel, refusant que la genèse du cabinet « ne se perde dans les dédales sectaires, confessionnels et politiques ».
Dans cet entretien, Nabih Berry affirme que « l'obtention du portefeuille des Finances (par les chiites) n’est pas pour la consécration de la répartition par tiers ou de la quatrième signature. Cette question a été tranchée à l'issue de l'accord de Taëf et n’a pas simplement fait l’objet de discussions, c’est pourquoi j’y tiens fermement ».
Toutefois, l’insistance du tandem chiite à obtenir ce ministère au sein du prochain gouvernement n’est pas nouvelle, ce portefeuille incarnant la fameuse « quatrième signature ». Pour rappel, les décrets doivent être contresignés par le président de la République, le chef du gouvernement et le ou les ministre(s) concerné(s). Or les Finances est le ministère le plus concerné par la plupart des décrets, dans la mesure où il existe souvent un volet financier dans les actes gouvernementaux. Cette « quatrième signature » permet donc aux chiites de disposer d’un levier de contrôle (et de blocage) sérieux sur l’action du pouvoir exécutif, que leur dénient la Constitution et les règles coutumières. Du coup, c’est la « répartition par tiers » (chrétien-sunnite-chiite) ou plutôt par quarts (le quart druze) qui s’impose officieusement face à la parité islamo-chrétienne.
Selon les informations de L’Orient-Le Jour, Nawaf Salam avait remis en début de semaine à Joseph Aoun une première répartition des portefeuilles entre les partis et les groupes confessionnels, mais sans évoquer de noms. Tout en assurant que « le processus gouvernemental est sur la bonne voie », l'ex-diplomate avait précisé qu'il agissait « conformément aux dispositions de la Constitution » et fait savoir qu'il n'avait l'intention de marginaliser aucune composante politique.
Nommé à la surprise générale et sans aucun soutien chiite, Nawaf Salam a recueilli le soutien de 84 députés lors des consultations parlementaires contraignantes du 13 janvier, alors que tous s’attendaient à la reconduction de son prédécesseur, Nagib Mikati, au poste de Premier ministre. Sa nomination a suscité la colère des représentants du duo chiite, qui ont boudé les consultations parlementaires non contraignantes pour la formation du gouvernement, avant de tourner la page en s’entretenant finalement avec le Premier ministre désigné.
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