
La plateforme d’Energean Power traversant le canal de Suez, en route vers le champ gazier de Karish, le 3 juin 2022. Photo d'archives AFP
L’information
La compagnie pétrolière italienne Eni aurait déclaré avoir découvert un champ gazier au large du Liban, plus particulièrement au large de Ras Kifa, à Chekka (Liban-Nord), qui serait l’un des plus grands jamais découvert en Méditerranée. La compagnie aurait même précisé qu’il est similaire aux champs gaziers en Égypte, sauf qu’il serait davantage superficiel (il faudrait creuser 400 à 600 mètres au Liban contre plus de 4 000 dans les eaux égyptiennes). Mais Eni aurait renoncé au projet parce que des responsables libanais auraient exigé des commissions excessivement élevées, de l’ordre de 100 millions de dollars. Ces mêmes dirigeants libanais lui auraient même demandé d’abaisser sa part des bénéfices de 30 à 25 %, réclamant 65 % pour l’État libanais (contre les 70 % réglementaires), afin de consacrer 10 % à leurs bénéfices personnels, soit des sommes qui pourraient atteindre le demi-milliard de dollars par an. En raison de ces exigences interdites par la loi internationale, la compagnie italienne Eni aurait donc décidé de renoncer à ce projet au Liban.

Qui est à l’origine de cette information :
Des groupes WhatsApp avec le hashtag #Dreamfmnews, qui semblent citer la compagnie elle-même mais sans aucun détail sur la source ou la date desdites déclarations, ni aucune autre référence.

Le contexte et les faits réels :
Cette information a été catégoriquement démentie à L’Orient-Le Jour par le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad ainsi que par une source au sein de l’Association libanaise du pétrole, une organisation de la société civile dont la mission est de veiller à la transparence du processus de forage offshore au Liban, sachant que celui-ci n’a pas encore débuté.
Eni fait partie d’un consortium composé également de TotalEnergies et de QatarEnergy, qui avait acquis les premières licences jamais émises par le Liban en 2018. Ce consortium avait déjà effectué deux forages d’exploration infructueux – dans les blocs n° 4 (centre) et n° 9 (sud) de la zone économique exclusive libanaise – et était intéressé par deux autres blocs.
Cependant, bien que le pays ait lancé un troisième round d’attribution de licences fin décembre 2023, le consortium n’a finalement pas paraphé les contrats pour l’exploration et l’exploitation des blocs n° 8 et n° 10 (également au sud) dans les délais impartis, et n’a pas demandé d’extension, probablement en raison de son refus de certaines conditions posées par l’État libanais. Il avait pourtant déposé ses deux offres après plusieurs appels d’offres lancés par le Liban depuis 2018.

En conclusion :
Nous en avons conclu que cette information est fausse.


Pour aller plus loin :
Si la référence est le ministre, Sachez que la rumeur est vrai
12 h 10, le 23 janvier 2025