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Société - Présidentielle au Liban

« Nous avions besoin d’un personnage fort comme lui » : dans la rue, l’élection de Joseph Aoun suscite l’espoir

La plupart des personnes interrogées se disent confiantes au lendemain du discours d’investiture du nouveau président. D’autres sont plus sceptiques...

« Nous avions besoin d’un personnage fort comme lui » : dans la rue, l’élection de Joseph Aoun suscite l’espoir

Des personnes brandissent des drapeaux libanais après l’élection de Joseph Aoun à la présidence de la République, le 9 janvier 2025, dans le village de Marjeyoun, dans le sud-est du Liban. Photo AFP

Il fait beau en ce vendredi matin dans le cœur de Beyrouth. L’atmosphère semble plus légère depuis l’élection, la veille, du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun à la présidence de la République, après plus de deux ans de vacance au cours desquels le Liban, en crise depuis 2019, a connu une guerre destructrice avec Israël. 

Maya, 42 ans, se tient devant sa boutique dans le quartier de Gemmayzé, observant le trafic infernal de cette fin de semaine. « Je suis heureuse que le commandant en chef de l’armée ait été élu, j’apprécie son côté ferme, c’est ce dont nous avons besoin actuellement », dit-elle. De son discours d’investiture, elle retient ses propos sur l’application des lois, la reprise économique, la paix et la sécurité… 

« Réparer tout ce qu’Assad avait causé au Liban »

Salem, 45 ans, est en route vers sa banque. « Je suis optimiste et je constate qu’autour de moi, il y a un engouement que j’ai rarement vu autour d’une personnalité publique », lance-t-il. Il a foi dans les réformes promises, notamment « pour réparer tout ce que ce tyran déchu de Bachar el-Assad avait causé au Liban ».

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Devant une petite boutique du quartier, trois hommes discutent. Roger, le plus âgé, accepte de nous livrer son point de vue. « Nous avions besoin d’un personnage fort comme lui, nous espérons juste qu’ils vont tous coopérer pour assurer le succès de son mandat », explique-t-il.

Deux amies, Carole, 30 ans, et Roula, 35 ans, sont tout aussi enthousiastes. « C’est la première fois que le discours d’un homme politique sur la réédification de l’État me semble aussi convaincant », affirme Carole. « En l’écoutant, j’ai senti que, pour une fois, un cercle vicieux a été brisé, mais j’espère qu’il pourra réaliser le quart de ce qu’il a promis », lance Roula.

Parcours encourageant

Sur la corniche de Manara, le soleil radieux attire comme d’habitude les promeneurs et les pêcheurs. L’un d’eux, Ibrahim, 37 ans, interrompt son activité préférée pour se dire « heureux » de la fin de la vacance présidentielle. « Nous avons connu Joseph Aoun à la tête de l’armée et son parcours est encourageant », se réjouit-il. Le discours d’investiture l’a interpellé par son côté « objectif et soucieux du détail ». 

Plus sceptique, Sawsane, la quarantaine, qui fait son jogging quotidien sur le front de mer, dit n’être satisfaite « que parce que la vacance présidentielle a pris fin, alors que le pays a souffert de tant de guerres ». La personne du président lui importe peu, d’autant moins que « beaucoup lancent des promesses et peu les mettent à exécution ». Pour Ghandi, 58 ans, « le nouveau président fait partie de la classe politique, même s’il s’en défend ». « Mais l’État a de nouveau un chef, c’est ce qui importe, parce qu’il y a enfin quelqu’un qui peut assumer la responsabilité du pays », poursuit-il.

Éviter les pièges

Au Liban-Sud martyrisé par la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël, le discours d’investiture du président rassure. Saïd*, de Tyr, apprécie les réformes promises par le nouveau chef de l’État. « Mais le régime politique libanais n’est pas présidentiel. Joseph Aoun sera-t-il en mesure d’appliquer toutes ces promesses si le gouvernement n’est pas en harmonie avec lui ? » demande-t-il.

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Amal, issue de Aïchiyé, village natal de Joseph Aoun dans le caza de Jezzine, ne cache pas son bonheur. « Est-ce possible que le Liban connaisse enfin une période de paix et de prospérité ? » ose-t-elle rêver. Si Mohammad Harb, de Nabatiyé, souhaite au nouveau président de réussir « en évitant les pièges que vont lui tendre ceux qui lui veulent du mal », Hassan Chalhoub, de Tayrfalsay (caza de Tyr), espère qu’il pourra « régler tous les problèmes que le mandat précédent avait causés », en référence à la présidence de Michel Aoun qui avait pris fin en octobre 2022. 

« Feuille de route pour la révolution du 17 octobre »

Dans le Nord aussi, l’enthousiasme était palpable. Pour Jamal Khodr, agriculteur et activiste, l’arrivée au pouvoir du chef de l’armée « signe la fin de la mainmise de l’axe de la résistance sur le Liban », en référence au camp dominé par le Hezbollah. Pour lui, « le discours d’investiture est une feuille de route pour la révolution du 17 octobre (le soulèvement populaire de 2019) et pour l’opposition de manière générale (...) ».

Chouhaib Zakaria, activiste et journaliste, a surtout retenu du « discours clair et global » du nouveau président son appel au monopole des armes aux mains des institutions officielles, « une étape nécessaire pour redonner à l’État son prestige ». « La concrétisation de la vision (de Joseph Aoun) est le seul moyen de rétablir la confiance entre l’État et les citoyens », estime-t-il.

Antoine Daher, président du comité de l’environnement à Qobeyat (Akkar), se félicite, lui, de l’esprit réformateur du discours et demande au nouveau président de considérer l’environnement comme l’une de ses priorités.

Dans la Békaa, Jocelyne Nasser, 46 ans, professeure dans la région de de la Békaa ouest, espère que le nouveau chef de l’État tiendra ses promesses sur la décentralisation. « Nous avons 200 % confiance dans un nouveau Liban », lance-t-elle. Raine Abdel Ahad, elle aussi de Zahlé, espère surtout « le redressement économique et le développement du marché de l’emploi, afin que les jeunes puissent assurer leur avenir ».

*Le prénom a été changé

Il fait beau en ce vendredi matin dans le cœur de Beyrouth. L’atmosphère semble plus légère depuis l’élection, la veille, du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun à la présidence de la République, après plus de deux ans de vacance au cours desquels le Liban, en crise depuis 2019, a connu une guerre destructrice avec Israël. Maya, 42 ans, se tient devant sa boutique dans le...
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Hum il aurait été souhaitable que vous interviewez la banlieue sud, et Baalbek aussi, sans oublier le bastion du gendre

Zampano

08 h 43, le 11 janvier 2025

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Commentaires (1)

  • Hum il aurait été souhaitable que vous interviewez la banlieue sud, et Baalbek aussi, sans oublier le bastion du gendre

    Zampano

    08 h 43, le 11 janvier 2025

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