C'est la fin de ce live Q&A avec notre co-rédacteur en chef Anthony Samrani !
Nous vous remercions pour toutes vos questions, et vous retrouvons très bientôt. En attendant, vous pouvez retrouver toute l'actualité autour de l'élection Joseph Aoun, dans notre Live ici.
On continue avec la question de Gabrielle Colchen :
Que penser d'un président soutenu par les USA et l'Arabie Saoudite ? Qu'est ce que cela signifie pour l'avenir du Liban et qu'en pensent les libanais ?
Bonsoir Gabrielle Colchen, merci pour votre question,
Il est malheureux que le Liban ne parvienne pas à élire son président sans interférence étrangère. Cela dit, la réalité politique est telle que sans les nombreuses interférences au cours de cette dernière semaine - au point que les ambassadeurs assistent à la séance électorale au Parlement, nous serions encore probablement sans président. Le fait que Joseph Aoun soit soutenu par les Etats-Unis et par l’Arabie est perçu plus ou moins positivement selon les aspirations géopolitiques de chacun. Les pro-Hezbollah le voient comme un mauvais signe, contrairement à ceux qui sont opposés au parti. Le pays du Cèdre a en tout cas un besoin urgent d’aides extérieures impossibles à obtenir sans l’aide de ces deux pays.
La question suivante nous vient de Raymond Bechara :
Y a-t-il un « package deal » ministériel ? Sinon combien de temps prendra le processus de nomination d’un nouveau gouvernement ? Pourrait-on voir des ministres technocrates ?
Bonsoir Raymond Bechara, merci pour votre question.
Un “package deal” ministériel, je ne le sais pas et je ne le crois pas. Mais un certain nombre d'éléments qui ont déjà été négociés au préalable, très probablement. Entre autres, le fait que le duopole chiite garde la main sur le ministère des Finances, pour garder un contrôle sur l’exécutif via la troisième signature.
Anne Sophie Mercier nous demande :
Joseph Aoun aura-t-il, selon vous, assez de pouvoir pour que le Hezbollah ne soit plus un État dans l'État ? Ou les circonstances extérieures joueront-elles beaucoup ?
Bonjour Anne Sophie Mercier, Merci pour votre question.
Le Hezbollah a-t-il encore les moyens d’être un État dans un non-État ? Cela n’est pas encore clair, d’autant plus si le non-État devient progressivement un véritable État. Joseph Aoun doit trouver le bon compromis entre une capacité à imposer des lignes rouges au Hezbollah et une nécessité d’éviter la confrontation totale avec le parti de Dieu.
Nous poursuivons avec la question d'Elie Nader :
Merci beaucoup pour cette opportunité de poser des questions sur le nouveau président de la République.
Que penser de l’annonce de Joseph Aoun de faire participer la diaspora aux élections législatives et de sa volonté d’une meilleure représentativité du Parlement ? Par ailleurs, aura-t-il réellement les capacités de réformer en profondeur le pays avec la composition actuelle du Parlement ?
Bonsoir Elie Nader, c’est toujours un plaisir d'essayer de répondre à toutes vos questions.
La diaspora participe déjà aux élections législatives, mais il pourrait effectivement être possible de l’intégrer davantage. Concernant ses capacités à réformer le pays, il faut rester réaliste. Joseph Aoun doit déjà incarner une forme de stabilité et la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu. Ce n’est pas à lui qu’incombe la tâche de mettre en œuvre la plupart des réformes, notamment sur les plans économique et social. Pour prendre un exemple concret, concernant la restructuration du système bancaire, l'élection de Joseph Aoun, en tant que tel, ne devrait pas fondamentalement changer la donne. À moins qu'elle ne pousse les parties qui bloquent le processus, notamment les milieux bancaires et leurs relais au Parlement, à modifier leur attitude, comprenant qu’elles n’ont désormais plus le choix.
Voici la question d'Edouard al-Dahdah :
Merci pour vos analyses et pour l’excellente couverture de la dernière guerre par les correspondants de L’OLJ. Pourquoi aura-t-il fallu plus de deux ans avant qu’un président soit élu? Les pressions ne sont pas nouvelles, ni l’opposition du CPL, ni le « ni-oui ni-non » du tandem…
Bonsoir Edouard al-Dahdah, merci pour votre soutien et votre question,
Joseph Aoun aurait pu être élu il y a plus de deux ans. Mais son élection marque aujourd’hui une nouvelle réalité : un Hezbollah affaibli, un “axe de la résistance” effondré, un changement du rapport de force et un besoin urgent d’obtenir des fonds pour reconstruire le sud du pays. Le déblocage est essentiellement lié à ce contexte. Le tandem chiite n’avait plus le choix.
Malgré un sans faute militaire, Joseph Aoun reste pour l'heure une énigme politique. Retrouvez son portrait ici.
La prochaine question nous vient de Pierre-Emmanuel de Breitenbach :
Bonjour et merci pour votre couverture des événements depuis tout ce temps. Dans ce vaste chamboule-tout que la région est en train de vivre en ce moment, quelle peut être - ou quelle va être l'attitude- de Joseph Aoun à la fois vis-à-vis de l'Iran et d'Israël ? Peut-on s'attendre à des surprises ?
Bonsoir Pierre-Emmanuel de Breitenbach, merci pour votre question,
Joseph Aoun a parlé de “neutralité positive” lors de son discours. Cela indique une volonté d’éviter la confrontation avec tous les acteurs régionaux mais aussi de jouer un rôle pour la résolution des conflits. Concernant Israël, on peut s’attendre à un discours virulent contre la présence israélienne au Liban-Sud ou contre les violations de la souveraineté libanaise par l’Etat hébreu. Mais il se gardera de reprendre la rhétorique de la “Résistance” et a fait savoir lors de son discours qu’il était favorable à la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Concernant l’Iran, il devrait essayer de garder de bonnes relations avec ce pays en incarnant dans le même temps la fin des ingérences iraniennes au Liban.
Nous continuons avec cette question de Jean-Paul Thomas :
Voici un septième général qui accède à la présidence de la République libanaise, élu par des députés dans leur ensemble peu appréciés de la population, après des années de mauvaise gestion et de scandales répétés. N'est-il pas temps de renvoyer le Parlement pour procéder enfin à des élections libres qui reflèteraient l'opinion publique si souvent ignorée ?
Bonjour Jean-Paul Thomas, merci d’être avec nous, vous êtes très nombreux aujourd’hui !
Joseph Aoun est le cinquième général à accéder à la présidence de la République libanaise, le quatrième à passer directement du poste de commandant en chef de l’armée à celui de chef de l’Etat. Les élections de 2026, si elles ont lieu, pourraient refléter de cette aspiration populaire à laquelle vous faites allusion. Toutefois, nos zaïms, que cela nous plaise ou non, bénéficient toujours, à des niveaux différents, d’un véritable soutien populaire.
Plongez dans les coulisses de l'ultime forcing diplomatique pour Joseph Aoun, grâce à cet article de Mounir Rabih.
Sara Nowacka nous pose les questions suivantes :
La joie à l’idée d’avoir enfin un chef de l’État est-elle partagée par toutes les communautés libanaises ? Diriez-vous que certains groupes sont déçus ?
Aussi, dans quelle mesure cette élection pourrait-elle impacter l’économie libanaise ?
Bonjour Sara Nowacka, merci pour votre question.
L’armée est l’une des rares institutions à bénéficier d’un soutien assez unanime au Liban. Joseph Aoun, originaire d’un village du Liban-Sud, n’est pas perçu, en tant que tel, comme une menace pour une communauté en particulier. Mais le contexte de son élection, qui fait suite à la défaite du Hezbollah, à la chute du régime syrien et à un forcing diplomatique de la part de la France, des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite, font qu'une partie des Libanais, en particulier au sein de la communauté chiite, peuvent la percevoir comme le symbole d'une nouvelle tutelle extérieure. Cette élection est perçue positivement dans les milieux économiques, puisqu'elle devrait ouvrir la porte à des aides extérieures et à une stabilisation du pays.
Armes, justice, Syrie : Retrouvez les grandes déclarations de la prestation de serment de Joseph Aoun.
Voici la question de Den Elkoubi :
Quelles sont les probabilités que le nouveau président désarme totalement le Hezbollah? Quelle est véritablement sa marge de manœuvre?
Bonjour Den Elkoubi, Merci pour votre message.
Dans son premier discours, Joseph Aoun a explicitement évoqué la nécessité pour l’Etat d’avoir le monopole de la violence légitime et a fait référence à la stratégie de défense qui pourrait permettre de résoudre cette problématique. Le nouveau président doit déjà être le garant du retrait du Hezbollah au sud du Litani, où l’armée doit être en première ligne. Au nord du Litani, l’opération sera plus complexe. Joseph Aoun a tout à fait conscience qu’une volonté de désarmer le parti pro-iranien par la force conduirait à une guerre civile. Son objectif sera donc probablement d’entamer des négociations politiques avec le parti de Dieu afin d’aboutir à une possible intégration de ses éléments au sein de l’armée en échange de certaines compensations. Par ailleurs, il sera certainement très actif sur la question du contrôle des frontières mais aussi de l’aéroport et du port, sujets dans lesquels il pourrait montrer les muscles si besoin était face au Hezbollah.
Nous poursuivons avec la question de Hannibal :
Que signifient les bulletins "Souveraineté et Constitution" ? Et de quel groupe parlementaire proviennent-ils ?
Bonjour Hannibal, merci pour votre question.
Selon toute vraisemblance, ce sont les députés du Courant Patriotique Libre de Gebran Bassil, le grand perdant de ce scrutin, qui ont voté pour la “Souveraineté et la Constitution”. Il s’agit pour eux de contester une élection qu’ils estiment illégitime puisque un fonctionnaire de première catégorie ne peut normalement pas être élu sans un amendement constitutionnel. On peut toutefois estimer que ce n’est pas la raison pour laquelle le CPL s’oppose à cette élection. “L’autre général Aoun” a toutes les qualités pour faire de l’ombre au gendre de l’ancien président, avec qui il entretient des relations exécrables, et pour récupérer une grande partie de l’héritage traditionnel du aounisme.
Nous commençons avec une question de Nadine Meouchy :
De quels moyens disposera Joseph Aoun pour réformer l’État et assurer la séparation des pouvoirs ?
Bonjour Nadine Meouchy, et merci d’être avec nous.
Depuis l’accord de Taëf, les prérogatives du président de la République sont plus limitées au profit du Conseil des ministres à qui devrait revenir normalement le rôle de mettre en œuvre les réformes. Mais la réalité constitutionnelle dépend le plus souvent, au Liban encore plus qu’ailleurs, de l’interprétation que les acteurs en font et de leur poids politique. Le premier discours du président Joseph Aoun annonce une volonté de jouer un rôle de premier plan dans tous les domaines de la vie politique libanaise.
Sa fermeté, son autorité naturelle, mais aussi le fait qu'il bénéficie d’un soutien populaire et de celui de la communauté internationale devrait lui permettre d’avoir plus de marges de manœuvres. Mais celles-ci seront tout de même limitées : personne ne peut gouverner seul au Liban, puisque plusieurs acteurs disposent d’une capacité de blocage. L’élection de Joseph Aoun est un tournant d’un point de vue symbolique. D’un point de vue politique, il peut donner les grandes orientations, jouer le rôle de gardiens des institutions mais la réussite de son mandat dépendra surtout de sa capacité à accepter le jeu politique sans renier tous ses principes.
Bonsoir à tous !
Nous allons débuter cette nouvelle session de questions réponses avec notre co-rédacteur en chef, Anthony Samrani.
Pour rappel, vous pouvez toujours envoyer vos questions à l’adresse suivante : livechatolj@lorientlejour.com
Bonjour,
Aujourd'hui à 18h, heure de Beyrouth, notre co-rédacteur en chef Anthony Samrani répondra ici à toutes vos questions sur l'élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République libanaise.
Vous pouvez d’ores et déjà les envoyer à l’adresse suivante : livechatolj@lorientlejour.com
Quelles perspectives pour le Liban et le Moyen-Orient ?
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