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Société - Libertés publiques

Extradition de Qaradaoui : entre diplomatie et droits de défense

L’expulsion de l’activiste égyptien vers les Émirats arabes unis est intervenue 24 heures à peine après une décision prise par le Conseil des ministres.

Extradition de Qaradaoui : entre diplomatie et droits de défense

Capture d'écran de la vidéo diffusée par Abdel Rahman Qaradaoui.

L’activiste et poète égyptien, Abdel Rahman Qaradaoui, a été extradé mercredi aux Émirats arabes unis (EAU), moins de 24 heures après la décision du gouvernement libanais sortant, prise lors de la réunion du Conseil des ministres mardi. L’information a été confirmée par son avocat Mohammad Sablouh, interrogé par L’Orient-Le Jour.

Fils d’un ancien leader des Frères musulmans condamné par contumace en Égypte et décédé au Qatar, Abdel Rahman Qaradaoui avait été arrêté le 28 décembre dernier à Masnaa, un poste-frontière entre la Syrie et le Liban. Son arrestation reposait sur un mandat d’arrêt livré par le Conseil des ministres de l'Intérieur arabe, sur base d’un jugement de condamnation émis par la justice égyptienne en 2017. L’Égypte lui reproche notamment « l’incitation à la violence et la diffusion d’informations mensongères ».

Au moment où il avait été arrêté, M. Qaradaoui revenait d’un séjour à Damas au cours duquel il avait diffusé une vidéo depuis l’esplanade de la mosquée des Omeyyades pour célébrer « la victoire de la révolution syrienne contre le tyran Bachar el-Assad ». « Nous demandons à Dieu de permettre au peuple syrien et au nouveau commandement d’affronter tous les défis maléfiques que dressent les comploteurs, notamment les régimes sionistes arabes », avait-il ajouté, désignant « les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Égypte ».

C’est sur la base d’une demande d’extradition formulée par les EAU après la diffusion de la vidéo que l’activiste égyptien avait été maintenu en détention par le parquet de cassation, le 3 janvier, avant d’être extradé mercredi après-midi. La monarchie du Golfe l’accuse notamment d’« incitation à troubler l'ordre public ».

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Me Sablouh conteste « une procédure accélérée », estimant que son client n’a pas eu accès à des « moyens de défense appropriés ». « J’ai déposé un recours mercredi matin devant le Conseil d’État pour faire suspendre la décision du gouvernement, ainsi qu’une requête similaire devant le juge des référés de Beyrouth, mais Abdel Rahman Qaradaoui a été expulsé aussitôt après, à 14h15, à bord d’un avion privé émirati », précise-t-il.

« Intérêts »

« Le procureur général près la Cour de cassation, Jamal Hajjar, m’avait donné auparavant l’autorisation de voir mon client, mais les Forces de sécurité intérieure (FSI) auprès desquelles il était détenu ne m’ont pas permis de le faire », déclare-t-il, indiquant, en outre, que « jusqu’à nouvel ordre, M. Qaradaoui n’a pas pu contacter sa famille depuis son arrivée aux EAU ». Selon l’avocat, l’ambassade de Turquie aux Émirats suit la situation sur place, l’activiste étant également de nationalité turque. « Les intérêts » du Liban avec les Émirats avaient été mis en avant lors de la séance du Conseil des ministres de mardi, ainsi que « la nécessité de préserver la présence de 300 000 Libanais » dans l’État du Golfe, ajoute Me Sablouh. Interrogée par L'OLJ, une source proche du Conseil des ministres dément qu'un tel débat ait eu lieu lors de ladite séance, reconnaissant toutefois qu'il s'est tenu dans les coulisses.

Selon la même source, le gouvernement a décidé d'extrader M. Qaradaoui après avoir pris connaissance d'un document établi par le ministère de la Justice, sur base d'un rapport du procureur près la Cour de cassation, selon lequel les crimes reprochés sont punissables par les deux lois, émiratie et libanaise. En outre, l'article 31 du Code pénal libanais permet l'extradition lorsque les violations présumées portent atteinte à la sécurité dc l'Etat qui demande l'extradition, ajoute la source.

Me Sablouh, ainsi que des ulémas et des représentants d'ONG nationales et internationales avaient tenu mardi un sit-in en signe de solidarité avec M. Qaradaoui, notamment pour invoquer l'absence de convention d'extradition entre les EAU et le Liban. Sur ce point, la source interrogée rétorque que la demande émiratie a été assortie d'un engagement à appliquer le principe de réciprocité dans des situations similaires.

Me Sablouh avait également exprimé ses appréhensions quant au mauvais traitements et tortures que risque de subir son client aux Emirats arabes unis. La source précitée répond que le ministre émirati des Affaires étrangères a assuré au chef du gouvernement sortant, Najib Mikati, que M. Qaradaoui sera traité de manière « juste et humaine ». D'autant, indique la source, que les EAU occupent désormais une place privilégiée parmi les pays qui protègent les droits de l'homme.

L’activiste et poète égyptien, Abdel Rahman Qaradaoui, a été extradé mercredi aux Émirats arabes unis (EAU), moins de 24 heures après la décision du gouvernement libanais sortant, prise lors de la réunion du Conseil des ministres mardi. L’information a été confirmée par son avocat Mohammad Sablouh, interrogé par L’Orient-Le Jour. Fils d’un ancien leader des Frères musulmans...
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