Le comédien Kassem Jaber, connu pour ses critiques à l’adresse du Hezbollah, a comparu jeudi devant la justice après une plainte déposée contre lui par l’avocate Bouchra el-Khalil, proche des milieux du parti chiite et qui avait été l’une des avocates du président irakien déchu Saddam Hussein et de Hannibal Kadhafi, fils de l’ancien leader libyen Mouammar Kadhafi.
Mme Khalil avait porté plainte contre l’humoriste pour calomnie, diffamation et incitation aux conflits sectaires suite à la publication par celui-ci d’une vidéo sur Instagram, le 28 novembre dernier, où il réagissait à des propos tenus par l’avocate dans le cadre d’une interview publiée sur YouTube le 20 novembre.
Un sit-in s’est tenu jeudi devant le Palais de justice en solidarité avec Kassem Jaber, selon des images de médias locaux.
« Kassem a publié une vidéo dans laquelle il réagit aux propos de Bouchra el-Khalil lors d’une interview. Cette dernière a porté plainte contre lui auprès du procureur près la Cour de cassation Jamal Hajjar, pour calomnie, diffamation et incitation aux conflits sectaires », indique à L’Orient-Le Jour l’avocat du comédien, Ralph Tannous. Le comédien « a été convoqué aujourd’hui par la police criminelle et a été interrogé avant d’être relâché sous caution d’élection de domicile », indique-t-il. « Je pense que c’est fini, l’affaire n’aura pas de suites. Cette fois-ci, il s’agit d’une plainte à titre personnel qui n’a aucun rapport avec l’État ou une volonté de répression de la part de la justice », ajoute-t-il. « Kassem Jaber n’a pas eu à signer un document écrit dans lequel il s’engage à ne plus s’en prendre à l’avocate », précise ensuite l’avocat. Selon lui, le comédien a laissé entendre, durant son interrogatoire, qu’il pourrait supprimer la vidéo, « mais cela ne lui a pas été demandé ».
Contactée, Bouchra el-Khalil n’était pas immédiatement joignable pour un commentaire.
Lors de l’entretien avec le présentateur Karam Halloum, diffusée sur la chaîne YouTube de ce dernier, l’avocate Khalil affirmait que la Kaaba, sanctuaire le plus sacré de l’islam qui se trouve à la Grande Mosquée de La Mecque en Arabie saoudite, appartient à « ses ancêtres ». Elle réagissait ainsi aux propos du présentateur qui affirme que dans la Torah, il est fait mention de certaines parties des pays arabes qui feraient partie d’Israël « comme au Yémen, en Irak ou en Arabie saoudite ». Elle lui répond alors que les « Blancs d’Amérique » devraient rendre les États-Unis aux Amérindiens, puis affirme que la Kaaba est à « nous, notre ancêtre Abraham ». « Elle (la Kaaba, NDLR) n’est pas à l’Arabie saoudite ? » lui demande le présentateur. « Non, elle est à nous (...) et elle n’est pas qu’à moi. Elle est au sayyed Khamenei, sayyed Khomeyni, sayyed Sistani... » dit-elle.
« Tout le monde a peur de Bouchra el-Khalil »
Quelques jours après l’interview, le comédien Kassem Jaber publie alors une vidéo satirique. S’adressant à Bouchra el-Khalil, il lui lance : « Laisse-nous libérer d’abord Jérusalem et puis on te ramènera la Kaaba. On parlera avec le (prince héritier) Mohammad ben Salmane, on lui dira que l’avocate Bouchra el-Khalil veut la Kaaba, et il nous la donnera », ironise-t-il. « Tu veux qu’on la place où la Kaaba, au rond-point de Kfar Remmane (caza de Nabatiyé) ou à la bifurcation vers Hoch (Tyr) ? » feint-il de demander. « La terre tout entière a peur de Bouchra el-Khalil (...). C’est une femme folle. (...) Aucun média n’ose lui faire face. Elle garde une pantoufle dans son sac à main et tape les gens, les journalistes, les photojournalistes », poursuit-il, avant d’accuser l’avocate d’insulter les gens.
Kassem Jaber avait brièvement été détenu en août dernier par des officiers de la Sûreté générale (SG) de Nabatiyé après une perquisition à son domicile de Kfar Tebnit, munis d’un mandat après la publication d’une vidéo où il avait dit : « Pourquoi y a-t-il une guerre dans un pays qui n’a pas d’électricité ? » faisant référence au conflit entre le Hezbollah et Israël, dans le sillage de la guerre à Gaza.
Ben vouala hein? Une intellectuelle moquée par plus intellectuel qu'elle. Et oups, touchée dans sa rethorique, la voila qui protester. Grotesque me dirais vous, soit, mais pas autant que les juges qui acceptent que la liberté de parole soit emprisonné. Et oui, quant on emprisonne la liberté y'a forcément un cheveux dans la soupe.
12 h 05, le 03 janvier 2025