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Santé - Épidémie

VIH et sida : peu à peu, la situation s’améliore

Une baisse mondiale des infections et des décès, une prévention et des traitements efficaces... La lutte contre le virus et le syndrome de l’immunodéficience progresse, même si la fin de la propagation reste lointaine. État des lieux.

VIH et sida : peu à peu, la situation s’améliore

Des personnes rassemblées au Mémorial du Sida à New York, le 1er décembre 2022. Spencer Platt/Getty Images via AFP

La maladie est en train de reculer. En effet, les infections au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont tombées en 2023 à leur plus bas niveau historique, dans une fourchette entre un million et 1,7 million, selon le bilan annuel publié fin novembre par l’agence Onusida.

Dans les années 2010, le nombre de nouvelles infections a reculé d’un cinquième à travers le monde, montre un autre bilan publié dans la revue Lancet HIV.

Les décès, généralement provoqués par des maladies « opportunistes » quand le sida se déclare au dernier stade de l’infection, ont chuté d’environ 40 % pour passer nettement sous le seuil du million par an.

Cette tendance est avant tout alimentée par une franche amélioration en Afrique subsaharienne, de loin la région du monde la plus exposée à l’épidémie de sida.

Le tableau reste néanmoins mitigé, puisque les infections rebondissent dans d’autres régions, comme l’Europe de l’Est ou le Moyen-Orient. On est loin des objectifs de l’ONU qui voudrait quasiment éradiquer l’épidémie d’ici à 2030.

Des outils efficaces

Un point fait consensus chez les experts du VIH : les traitements préventifs dits PrEP – prophylaxie

pré-exposition – sont devenus cruciaux dans la lutte contre l’épidémie.

Pris par des personnes qui ne sont pas infectées mais ont des comportements jugés à risque, ils fonctionnent très bien pour éviter l’infection.

Les spécialistes poussent donc pour leur élargissement. Ainsi, en France, les autorités sanitaires viennent d’en faire le point saillant de nouvelles recommandations : la PrEP ne doit plus être réservée aux hommes ayant des relations homosexuelles.

« C’est quelque chose qui peut être utilisé par toute personne qui en aurait besoin à un moment de sa vie sexuelle », a souligné l’infectiologue Pierre Delobel lors d’une conférence de presse organisée par l’institut ANRS, qui a cosigné ces recommandations.

Les personnes déjà infectées, elles, disposent de traitements de plus en plus efficaces et pratiques, notamment parce qu’ils nécessitent d’être pris beaucoup moins fréquemment.

Des freins demeurent

Pour autant, le déploiement des traitements – préventifs ou non – se heurte encore à de nombreux freins. C’est notamment le cas dans les pays pauvres, comme en Afrique, où le coût des médicaments reste un problème.

Selon l’Onusida, une dizaine de millions de patients infectés – environ un quart d’entre eux – ne disposent pas de traitement antirétroviral, une thérapie dont le déploiement a permis à d’innombrables personnes de vivre avec la maladie.

Un cas a alimenté la polémique ces derniers mois. Le laboratoire Gilead propose un médicament, le lenacapavir, qui promet une efficacité sans précédent, que ce soit en prévention ou en traitement.

Les experts estiment qu’il pourrait changer la donne, mais son coût est astronomique – 40 000 dollars par personne et par an.

Sous la pression des acteurs de la lutte contre le sida, Gilead a annoncé début octobre qu’il permettrait la production à coût réduit de son traitement par plusieurs laboratoires génériques, à destination des pays les plus pauvres.

Reste que les barrières ne sont pas uniquement financières, en particulier pour les traitements préventifs. Il faut également faire accepter l’idée de les prendre sans peur d’être stigmatisé, alors que des comportements comme l’homosexualité restent, de fait, inacceptables dans de nombreux pays.

« Le déploiement de la PrEP en Afrique se heurte à un défi majeur : que les personnes à haut risque s’aperçoivent et reconnaissent qu’elles sont à risque », résumait en 2021 un article du Lancet Global Health.

Le problème est le même pour le dépistage, particulièrement important puisque de nombreuses infections sont détectées à un stade déjà bien avancé, compliquant leur traitement.

Et les vaccins ?

Enfin, certains points font l’objet d’une attention médiatique qui peut apparaître disproportionnée. Ainsi, la recherche sur les vaccins qui n’a donné pour l’heure aucun résultat probant.

Avec l’efficacité des traitements préventifs, « est-ce que, finalement, on n’a pas quasiment un vaccin ? » se demandait mi-octobre en conférence de presse l’infectiologue Yazdan Yazdanpanah, à la tête de l’ANRS, admettant pour autant que « la recherche vaccinale ne doit pas s’arrêter ».

Autre développement à ne pas monter en épingle, les quelques cas de rémission observés ces dernières années : moins de dix au total. Certes spectaculaires, ils sont la conséquence de greffes de cellules-souches, des opérations risquées qui ne sont envisageables que dans des cas très particuliers.

Julien DURY/AFP

Les adolescentes proportionnellement plus touchées

Soixante-dix pour cent des jeunes de 15 à 19 ans infectés par le virus du sida en 2023 étaient des filles, un taux qui atteint les 90 % en Afrique subsaharienne et pourrait remettre en cause les gains récents contre la maladie, a indiqué l’Unicef.

Même si le nombre d’enfants et d’adolescents infectés par le VIH est en recul depuis une décennie au niveau mondial, les filles adolescentes ont encore du mal à avoir accès aux mesures de prévention et de soutien adéquates, souligne l’agence des Nations unies pour l’enfance.

Elles restent ainsi proportionnellement bien plus affectées que les garçons, en particulier en Afrique subsaharienne, et sans une action corrective urgente, les avancées des dernières années contre le sida pourraient s’avérer vaines, met en garde l’organisation.

Au niveau mondial, 96 000 filles et 41 000 garçons âgés de 15 à 19 ans ont été contaminés par le sida en 2023, rapporte l’Unicef.

Il y a eu 250 000 nouvelles infections au VIH en 2023 dans le groupe d’âge de 0 à 19 ans, ce qui porte à 2,4 millions le nombre d’enfants et d’adolescents atteints de la maladie dans le monde.

« Beaucoup de pays ont fait d’énormes progrès vers l’éradication du sida », a remarqué Anurita Bains, directrice adjointe de l’Unicef pour le VIH/sida. « Pourtant, les enfants et adolescents ne récoltent pas pleinement les bénéfices de l’amélioration de l’accès aux médicaments et aux services de prévention », observe-t-elle.

« La priorité doit être donnée aux enfants vivant avec le VIH pour ce qui est d’investir dans des ressources et efforts visant à améliorer les traitements pour tous, ce qui inclut l’essor de technologies innovatrices pour les tests », ajoute-t-elle.

Alors que 77 % des adultes atteints du VIH ont accès à une thérapie antirétrovirale, c’est le cas seulement de 57 % des enfants âgés de 0 à 14 ans, et de 65 % des adolescents de 15 à 19 ans, selon l’Unicef.

La maladie est en train de reculer. En effet, les infections au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont tombées en 2023 à leur plus bas niveau historique, dans une fourchette entre un million et 1,7 million, selon le bilan annuel publié fin novembre par l’agence Onusida. Dans les années 2010, le nombre de nouvelles infections a reculé d’un cinquième à travers le monde, montre...
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