Rechercher
Rechercher

Politique - Liban

Le contrôle par l'armée libanaise de positions palestiniennes pro-Assad : quel timing et quelle importance ?

Opération symbolique ou pas, la prise de ces sites est un soulagement pour les habitants.

Le contrôle par l'armée libanaise de positions palestiniennes pro-Assad : quel timing et quelle importance ?

Un soldat de l'armée libanaise devant le portail d'un site qui a appartenu au FPLP-CG dans la Békaa. Photo X/Lebarmy

Conséquence directe de la chute du régime Assad en Syrie, l'armée libanaise a repris depuis samedi plusieurs positions de factions palestiniennes alliées à l'ancien pouvoir syrien, dans la Békaa et le Chouf, selon plusieurs communiqués publiés au cours des quatre derniers jours. Une opération symbolique qui s'est déroulée sans incident, selon le général libanais à la retraite Georges Nader, contacté par L'Orient-Le Jour. Il a noté que ces factions, le Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG) et le Fateh Intifada, ont elles-mêmes exprimé leur volonté de remettre leurs positions à la troupe.

L’armée n’a pas pu être immédiatement jointe pour commenter davantage l’affaire, mais elle avait fait part samedi, dimanche et lundi, de chacune de ces opérations, soulignant avoir saisi des armes et des munitions et pris le contrôle de tunnels. Dans la Békaa, elle avait ainsi notamment revendiqué le contrôle de sites du FPLP-CG dans la région de Sultan Yaacoub dans la Békaa-Ouest, d’une base montagneuse, et de sites à Kfar Zabad et à Qoussaya, dans le caza de Zahlé. Des sources militaires ont indiqué jeudi au média an-Nahar que la troupe va prendre le contrôle « dans les prochaines heures » de tunnels de la faction à Naamé, dans le Chouf, ce qui permettra de clôturer ces opérations et de « mettre un terme à une longue période de conflit avec les organisations palestiniennes armées hors des camps ». À Naamé, des terrains avaient déjà été partiellement récupérés en juin 2024, après une demande en ce sens exprimée par leurs propriétaires.

Dans ce village du littoral au sud de Beyrouth, un cadre de la faction avait affirmé lundi à la chaîne MTV que les combattants avaient reçu l'ordre d'évacuer les lieux après des négociations menées depuis plusieurs mois avec les autorités libanaises, en raison « des développements régionaux en Syrie, au Liban et à Gaza » et dans le cadre de l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU. Le responsable des questions de sécurité du FPLP-CG au Liban, Bater Nemer, a de son côté affirmé au quotidien al-Akhbar que « le Front a évacué toutes ses positions hors des camps de réfugiés, dans toutes les régions du Liban, soit cinq sites ». « Nous les avons remises à l'armée libanaise, avec nos armes et matériel militaire ».

À lire aussi

L'armée libanaise continue de saisir les positions des factions palestiniennes dans la Békaa

Rétablir la souveraineté libanaise

La troupe avait affirmé dans ses différents communiqués mener ces opérations en vue de « rétablir la souveraineté libanaise sur différentes régions », alors qu'elle est chargée, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, de se déployer au sud du fleuve Litani, région de laquelle doit se retirer le Hezbollah. La troupe a en outre renforcé sa présence le long de la frontière avec la Syrie depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, afin de tenter de parer à toute tentative d'infiltration illégale et de contrebande.

Plusieurs médias ont évoqué l'importance de la prise de ces sites, surtout ceux qui sont proches de la frontière syrienne dans la Békaa, dans le cadre de la lutte contre la contrebande transfrontalière, évoquant notamment l'existence de tunnels pouvant relier les deux pays au départ de ces positions.

Le FPLP-CG, créé en 1968 puis dirigé par Ahmad Jibril, est une faction palestinienne de gauche dissidente du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un groupe d'obédience marxiste. Basé à Damas, le FPLP-CG a mené des opérations contre Israël et combattu les milices du Front libanais, coalition de partis libanais principalement chrétiens et de droite, pendant la guerre civile. La faction d'Ahmad Jibril, décédé il y a trois ans à Damas, prône l’utilisation de « tous les moyens nécessaires pour libérer toute la Palestine ». Elle a été classée comme organisation terroriste par les États-Unis, le Canada et l’Union européenne. En octobre 2014, le FPLP-CG avait annoncé sa participation aux opérations militaires à la frontière libano-syrienne aux côtés de l’armée libanaise et des combattants du Hezbollah pour repousser les tentatives de certaines factions jihadistes syriennes de s’infiltrer au Liban.

Le Fateh Intifada est, pour part, une organisation palestinienne qui s’est séparée du Fateh en 1983. Elle est présente en Syrie et dans certains camps de réfugiés palestiniens au Liban et en Jordanie.

Des sites « sans valeur militaire »

Selon le général à la retraite Georges Nader, ces sites, notamment ceux de la Békaa situés près de la frontière libano-syrienne, n’ont « aucune valeur militaire ou stratégique » et étaient presque vides avant même l’entrée de l’armée. Selon lui, ces factions, historiquement alliées à l’ancien régime syrien, se sont senties « abandonnées » après la chute du régime Assad, ce qui les a poussées à remettre leurs sites à l'armée. Bachar el-Assad a été renversé le 8 décembre au terme d'une offensive éclair menée par une coalition rebelle dirigée par les islamistes du groupe Hay'at Tahrir el-Cham (HTC). Déjà avant ces événements, affirme Georges Nader, les factions étaient affaiblies par la domination depuis des décennies par le Fateh et le Hamas de la scène politique palestinienne.

L'arsenal du FPLP-CG et du Fateh Intifada n'a probablement pas été entièrement saisi par l'armée, certains combattants de ces factions « étant probablement partis avec leurs armes », précise le vétéran. 

« Les armes illégitimes ne menaceront plus » la région

Opération symbolique ou pas, la prise de contrôle par ces sites est un soulagement pour les habitants des villages voisins. 

À Sultan Yaacoub dans la Békaa, le président du conseil municipal de la localité Amro Saïfi, a affirmé à notre publication « soutenir l'initiative de l'armée », notamment parce que la présence du FPLP-CG a « causé des problèmes » au fil des ans. Le groupe avait créé une zone militaire fermée à la périphérie du village, où personne ne pouvait entrer, selon lui. « De nombreux habitants possèdent des terres près des tunnels de cette formation, mais ils n’étaient pas autorisés à accéder à leur propriété », a souligné l'élu, et des incidents ont éclaté à plusieurs reprises avec les habitants. « Maintenant, leurs armes illégitimes ne menaceront plus la sécurité de la région », a-t-il poursuivi, soulagé. 

Autre menace écartée par le départ de ces combattants palestiniens, la peur de frappes israéliennes qui ont à de nombreuses reprises touché la localité à cause de cette présence armée, « même si elle ne représentait pas réellement une menace pour la sécurité d’Israël ».

Conséquence directe de la chute du régime Assad en Syrie, l'armée libanaise a repris depuis samedi plusieurs positions de factions palestiniennes alliées à l'ancien pouvoir syrien, dans la Békaa et le Chouf, selon plusieurs communiqués publiés au cours des quatre derniers jours. Une opération symbolique qui s'est déroulée sans incident, selon le général libanais à la retraite Georges Nader, contacté par L'Orient-Le Jour. Il a noté que ces factions, le Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG) et le Fateh Intifada, ont elles-mêmes exprimé leur volonté de remettre leurs positions à la troupe.L’armée n’a pas pu être immédiatement jointe pour commenter davantage l’affaire, mais elle avait fait part samedi, dimanche et lundi, de chacune de ces opérations, soulignant avoir...
commentaires (1)

L’armée nationale n’a jamais été capable d’accomplir de tels exploits qu’après la défaite du Hezbollah.

Hitti arlette

16 h 24, le 25 décembre 2024

Commenter Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • L’armée nationale n’a jamais été capable d’accomplir de tels exploits qu’après la défaite du Hezbollah.

    Hitti arlette

    16 h 24, le 25 décembre 2024

Retour en haut