Rechercher
Rechercher

Société - Santé

Fragilisé par la guerre, le Liban scrute la grippe saisonnière à l’approche de l’hiver

Le ministre de la Santé a lancé le 20 novembre la seconde phase de la campagne de vaccination contre l’influenza qui devrait protéger 27 000 personnes à risque.

Fragilisé par la guerre, le Liban scrute la grippe saisonnière à l’approche de l’hiver

Dans un centre d’accueil pour déplacés à Tyr, au Liban-Sud, les personnes âgées figurent parmi les populations à risque de développer des complications à la grippe. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

À l’approche de l’hiver et du froid, la grippe saisonnière (ou influenza) ne s’est toujours pas déclarée au Liban. Mais cela ne devrait plus tarder. Dans un pays en crise depuis 2019 et qui sort d’une guerre de plus d’un an contre Israël qui a provoqué le déplacement de près d’un million et demi de personnes, le risque de propagation du virus est scruté à la loupe par le ministère de la Santé qui a lancé une campagne de vaccination dans les centres d’accueil.

« La grippe se définit comme une infection respiratoire », explique le Dr Abdel Rahman Bizri, député de Saïda et épidémiologiste. Elle se traduit par une « fièvre, des maux de gorge et de tête, des courbatures, une toux sèche, un écoulement nasal et de la fatigue », détaille le ministère de la Santé. « Ses symptômes commencent un à quatre jours après l’infection et durent généralement une semaine environ », précise l’OMS.

« La grippe est saisonnière. Elle n’a pas encore démarré, mais se manifestera quoi qu’il en soit. Sa virulence diffère d’une année à l’autre, car le virus mute au risque de provoquer une épidémie, voire une pandémie », rappelle l’épidémiologiste Pierre Abi Hanna. « Son virus hautement transmissible se répand facilement parmi la population, et les sujets à risque peuvent présenter des complications, notamment des infections pulmonaires, cardiaques, rénales, dont certaines sont mortelles », souligne-t-il. « Avec le froid, les populations privilégient les espaces clos et sont moins résistantes aux virus respiratoires », ajoute le Dr Bizri. 

Les déplacés vulnérables à la grippe

Entassés dans des écoles ou des centres d’accueil, vivant dans la promiscuité dans des conditions d’hygiène précaires, les déplacés du Liban-Sud, de la banlieue sud de Beyrouth et ceux de la Békaa constituent une population propice à la propagation de la grippe. Malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre, « de nombreux déplacés ne sont toujours pas rentrés chez eux et continuent de vivre dans la promiscuité », souligne la directrice du département de santé primaire au ministère de la Santé, Randa Hamadé.

Au Liban, les chiffres sur la grippe saisonnière manquent, celle-ci n’étant pas répertoriée par le ministère de la Santé car sa déclaration n’est pas obligatoire. L’offensive militaire israélienne et le nombre élevé de déplacés dans des structures d’accueil ont poussé le ministère à considérer les risques de contagion liés à la promiscuité.

Lire aussi

En tournée dans la Békaa, Firas Abiad promet des soins de santé dans toutes les régions

« En plus d’une donation de 10 000 doses de l’OMS, le ministère a acheté 27 000 vaccins supplémentaires pour compléter la campagne au sein des centres d’accueil, précise le Dr Hamadé. Les bénéficiaires de ces vaccins sont les personnes âgées de 65 ans et plus et celles de plus de 50 ans souffrant de maladies chroniques. » Les femmes enceintes, les enfants et adolescents présentant des problèmes respiratoires chroniques, tels l’asthme ou les maladies cardiaques, seront aussi vaccinés. Et comme une importante partie des centres d’accueil sont aujourd’hui vides depuis le début du cessez-le-feu, la campagne du ministère, en partenariat avec l’OMS et l’Unicef, « s’est déplacée vers les centres de santé primaire dans les régions ».

En développant, le 20 novembre, la seconde phase de la campagne, toujours gratuite et plus large, le ministère entend « couvrir le plus grand nombre possible de personnes susceptibles de développer des complications dues à la grippe », explique Alissar Rady, cheffe de l’équipe technique au sein de l’OMS Liban. La première phase s’était déroulée en septembre. 

« Il ne faut pas prendre la grippe à la légère. Le virus peut être dangereux », avertit le Dr Bizri, invitant les autorités à une vaccination à plus large échelle. Car 37 000 doses de vaccin sur une population d’environ six  millions de personnes est une quantité largement insuffisante pour développer une immunité collective. Il invite également la population à prendre conscience des gestes barrières à adopter, comme du temps du Covid-19, à se laver les mains fréquemment, à porter le masque pour prévenir la contamination et à rester chez soi en cas de symptômes grippaux.

À l’approche de l’hiver et du froid, la grippe saisonnière (ou influenza) ne s’est toujours pas déclarée au Liban. Mais cela ne devrait plus tarder. Dans un pays en crise depuis 2019 et qui sort d’une guerre de plus d’un an contre Israël qui a provoqué le déplacement de près d’un million et demi de personnes, le risque de propagation du virus est scruté à la loupe par le...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut