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Nos Lecteurs ont la Parole

L’éternel retour

Le 28 novembre 2024, le sud du Liban s’éveille une nouvelle fois à la tragédie, dans un murmure de souffrance et de résignation. Comme une mer calme avant la tempête, un flot de véhicules s’élance au lever du jour, porté par le vent lourd de l’exil et du retour. Une caravane de métal tel un cordon ombilical qui relie les âmes à la terre mère. Ce défilé d’êtres humains qui cherchent à effacer la mémoire d’une misère plus dure que toute misère : celle du statut de « déplacé ».

Le chemin menant vers la banlieue sud de Beyrouth est par contre étrangement désert. Personne ne semble pressé de retrouver ce cauchemar familier. Sur les visages qui s’y aventurent, il n’y a ni joie ni espoir, seulement un mutisme épais, comme si chacun se préparait, le cœur déjà frappé, au paysage de ruines, à l’atrocité imminente qui l’attend.

Les symboles d’antan, ces drapeaux jadis portés haut dans le ciel, se font désormais rares, tels des vestiges échappés à leur époque. Ils évoquent une guerre qui n’est plus qu’une souffrance persistante, une cicatrice invisible gravée dans la terre, une plaie béante.

Les maisons, jadis vivantes, sont devenues des corps figés dans l’attente d’une fin dont le nom échappe. Les habitants, silencieux comme les pierres de leurs ruines, sont là, pris dans un deuil collectif sans mots, épuisés. Loin des récits héroïques et des discours exaltés, ils restent en marge, déconnectés.

Serait-ce une géographie intérieure qui se réinvente à force de blessures ? Une géographie où le temps ne coule plus de la même manière ?

Ici, la guerre n’est plus un combat idéologique mais un souvenir pesant. Le retour n’est pas celui d’un triomphe, mais d’une mélancolie qui touche à l’essentiel : réparer ce qui peut l’être, reconstruire ce qui est possible, tout en pleurant ce qui est perdu à jamais. La guerre a fracturé plus que la terre ; elle a brisé la politique elle-même. Loin de la résistance héroïque, cette terre appartient désormais à un peuple qui, dans son isolement, doit se relever.

Dans cet éternel retour, j’ose espérer qu’il s’agisse du dernier des retours.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le 28 novembre 2024, le sud du Liban s’éveille une nouvelle fois à la tragédie, dans un murmure de souffrance et de résignation. Comme une mer calme avant la tempête, un flot de véhicules s’élance au lever du jour, porté par le vent lourd de l’exil et du retour. Une caravane de métal tel un cordon ombilical qui relie les âmes à la terre mère. Ce défilé d’êtres humains qui...
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