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Société - Guerre au Liban

« Guerre psychologique » : des Libanais réagissent après des appels nocturnes suspects d'évacuation

« La plupart des appels proviennent de l'étranger » et ne sont pas de vrais ordres d'évacuation, affirme une source de sécurité.

« Guerre psychologique » : des Libanais réagissent après des appels nocturnes suspects d'évacuation

De la fumée recouvre la banlieue sud de Beyrouth, le 21 novembre 2024 après un bombardement israélien. Photo Ibrahim Amro/AFP

« Il n’y a pas une âme dans la rue », déplore Oum Moustapha, qui réside à Serop, quartier de la périphérie de Saïda au Liban-Sud. Dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de 3h, plusieurs habitants de sa localité ont reçu un appel les invitant à évacuer leurs maisons : « Vous êtes dans une zone où il y a une présence du Hezbollah, pour votre sécurité vous devez évacuer au plus vite et vous éloigner de 500 mètres », peut-on entendre dans une vidéo qui a circulé sur les groupes WhatsApp. Un appel qui fait écho aux avis d’évacuation quasiment quotidiens du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee.

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Plusieurs résidents de localités du Sud, comme Tyr, Aïn el-Héloué, Maghdouché et Anqoun, mais également du Chouf, notamment Barja, et de quartiers de Beyrouth ont également été contactés. Il s'est ensuite avéré que les appels à évacuer étaient des enregistrements envoyés de manière aléatoire aux habitants de ces différentes régions, sans qu'il ne soit immédiatement possible de savoir qui en est à l'origine, selon notre correspondant Mountasser Abdallah.

Contactée, une source sécuritaire n’a pas été en mesure de nous donner plus de détails sur l’origine de ces appels, mais a indiqué qu’une enquête était en cours. « La plupart des appels reçus proviennent de l'étranger » et ne sont pas de vrais ordres d'évacuation, assure une autre source de sécurité. « Nous coordonnons avec (le fournisseur public de télécoms) Ogero pour empêcher ces appels et, le plus souvent, nous y parvenons », ajoute-t-elle. Dans une vidéo qui montre l'un de ces appels, on peut apercevoir le code téléphonique « 007 » qui renvoie à la Russie.

Serop, près de Saïda, à moitié vide

Au départ, Oum Moustafa pensait que c'était un « canular ». Des déplacés logés dans une école près de chez elle ont reçu ces appels aux alentours de 3h15. « Ils ont ensuite appelé les résidents d'un immeuble près de chez moi », raconte la commerçante. Si elle avait initialement décidé de ne pas quitter les lieux, des coups de feu émanant d'une voiture pour appeler les habitants à partir la font changer d'avis. « Ma mère a une fracture à la jambe, j'ai eu peur pour elle. Avec mes filles et leurs enfants, nous avons décidé de partir chez des proches » à quelques minutes de route, raconte-t-elle. La nuit dernière, Serop s'est vidé de la moitié de ses habitants, assure la quinquagénaire. Certains ont dormi dans leur voiture.

Reportage

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La mère de famille a décidé de revenir chez elle jeudi matin aux alentours de 9h30, mais sans sa mère. « J'ai préféré qu'elle reste chez mon frère, car elle ne peut pas marcher et on ne sait jamais ce qui peut se passer.  Mais je n'ai plus peur. C'est une guerre psychologique », affirme-t-elle.

« Jouer avec nos nerfs »

Aux alentours de 3h, les habitants de Barja, dans le Chouf, sont réveillés par un appel similaire. « J'ai directement compris qu'il s'agissait d'un mensonge, que c'était pour jouer avec nos nerfs », relate Hassan Saad, président de la municipalité de cette localité.

Suite à ces coups de fil, des habitants ont malgré tout évacué leur résidence. Certains ont même dormi dans la rue ou se sont rendus sur la place du village. Car la localité a déjà été bombardée à deux reprises, depuis le début de la guerre. La dernière frappe, le 5 novembre, avait fait une vingtaine de tués et une dizaine de blessés, selon le ministère de la Santé. Aux alentours de 4h, les résidents sont rentrés chez eux. « Aujourd'hui, les choses sont revenues à la normale », assure Hassan Saad. 

À Maghdouché, à huit kilomètres au sud-est de Saïda, les cloches de l'église ont sonné en pleine nuit pour réveiller les habitants dont certains ont également reçu l'appel suspect, confirme Fouad Hanna, un employé municipal. « Le but était de réveiller les gens pour les informer de l'appel, pour qu'ils puissent décider par eux-mêmes s'ils souhaitaient évacuer », poursuit-il. « Certains ont eu peur et sont partis. Nous ne savions pas si ces appels étaient sérieux », explique l'employé, qui assure que son village ne contient « aucune infrastructure militaire ». Aux alentours de 5h, les habitants sont finalement rentrés chez eux. « Tout est normal », assure-t-il.

« Il n’y a pas une âme dans la rue », déplore Oum Moustapha, qui réside à Serop, quartier de la périphérie de Saïda au Liban-Sud. Dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de 3h, plusieurs habitants de sa localité ont reçu un appel les invitant à évacuer leurs maisons : « Vous êtes dans une zone où il y a une présence du Hezbollah, pour votre sécurité vous devez évacuer au plus vite et vous éloigner de 500 mètres », peut-on entendre dans une vidéo qui a circulé sur les groupes WhatsApp. Un appel qui fait écho aux avis d’évacuation quasiment quotidiens du porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee. Lire aussi « Nous préférons mourir chez nous » : ces Libanais qui retournent vivre dans la banlieue sud envers et contre tout Plusieurs résidents de localités...
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