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Idées - Point de vue

L’Unesco a entendu notre cri pour la protection du patrimoine

L’Unesco a entendu notre cri pour la protection du patrimoine

Photo tirée du compte Instagram @ihab.sh.lb

Il fallait convaincre, et ce n’était pas gagné d’avance.

À Baalbeck, une partie du mur de l’enceinte de l’acropole romaine s’est effondrée sous les bombes israéliennes. Quelques jours plus tard, c’est le bâtiment ottoman, el-Minchiyé, qui surplombe le parking de l’acropole, qui est réduit en un tas de pierres. Ce magnifique bâtiment abritait autrefois des abayas brodées dans des ateliers locaux. C’est là que la cantatrice June Anderson avait choisi la robe qu’elle porterait sur scène et où, les soirs de spectacles, les festivaliers aimaient prendre un dernier verre dans le jardin face à la basilique romaine illuminée.

Ces mêmes frappes ont endommagé le mythique hôtel Palmyra. Les photos diffusées montraient des débris de verre éparpillés, des arcades fissurées… Heureusement, il n’y avait pas de victimes ce soir-là sur ce lieu : l’hôtel n’accueillait plus de visiteurs depuis le début de cette nouvelle guerre. Mais la photo de la table où Feyrouz prenait son petit déjeuner faisait le tour des réseaux sociaux… S’était-elle un jour assise à cette table, face à l’acropole ? Peut-être. Probablement le 12 juillet 2006, lorsqu’elle refusait de quitter ce même hôtel, où elle séjournait, en attendant la première de la comédie musicale Sah el-Nom, alors que les frappes de l’attaque israélienne venaient de commencer…

Ces dernières semaines, nous comptions les morts, les blessés, les destructions, le tout accompagné d’une impuissance accablante face à cette barbarie.

Lorsque les frappes se sont rapprochées de l’acropole, l’équipe du Festival de Baalbeck a décidé de réagir. Investis d’une mission, celle de protéger l’histoire de ces temples, nous avons retrouvé notre énergie. Une lettre ouverte à l’ Unesco a été rédigée au nom du festival pour rappeler l’importance de préserver le patrimoine mondial de Baalbeck, un héritage précieux à transmettre aux générations futures.

Nous avons été la première organisation de la société civile à se manifester, mais rapidement, un effet boule de neige s’est enclenché. La Fondation du patrimoine, l’ordre des avocats puis cent députés ont rejoint le mouvement.

Une opportunité m’a permis de rencontrer à Paris notre ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco, Dr Mustapha Adib, accompagné de Dr Jad Tabet. Il m’a raconté leur combat, semé d’embûches. Il avait réussi à obtenir une réunion extraordinaire de la Commission de la protection des sites en période de conflit armé. Le ministère de la Culture et la DGA (Direction générale des antiquités), sous la direction de Dr Sarkis el-Khoury, préparaient les documents nécessaires pour les 34 sites libanais sélectionnés. Convaincre les délégations et la direction de l’Unesco de l’urgence de la situation relevait d’un véritable marathon, mais notre ambassadeur était prêt à relever le défi.

Pour amplifier cette démarche, nous avons mobilisé des voix expertes internationales. Avec Change Lebanon, des membres du Festival de Baalbeck et de la Fondation du patrimoine, et avec le soutien de Claude Doumet Serhal et d’autres conseillers, nous avons lancé un appel signé en quelques jours par 300 experts du patrimoine : conservateurs de musée, chercheurs, universitaires, écrivains et artistes, venus d’Europe, d’Asie et des États-Unis. Cet appel a été transmis à l’Unesco.

Quelle émotion et quel soulagement lorsque, lundi après-midi, à l’Unesco, le président de la commission a annoncé que les 34 sites libanais bénéficieraient désormais d’une protection renforcée.

La salle était conquise à notre cause, le vote fut unanime.

Ces moments ravivent notre fierté nationale. Ils nous rappellent qu’avec un leadership compétent, une administration engagée et une société civile déterminée, il est possible de surmonter les épreuves.

Mais notre combat ne s’arrête pas là. Ce n’est qu’une étape.

Le 21 novembre, un autre débat crucial se tiendra à l’Unesco, cette fois sur la protection des journalistes en temps de guerre. Ce sujet nous tient également à cœur. Nous devons continuer à agir, à mobiliser et à espérer.

Ensemble, nous pouvons protéger le Liban, sur des dossiers précis, en attendant des résolutions de paix durable.

Par Nayla DE FREIGE.

Présidente du Festival de Baalbeck et PDG du groupe L’Orient-Le Jour. 

Il fallait convaincre, et ce n’était pas gagné d’avance.À Baalbeck, une partie du mur de l’enceinte de l’acropole romaine s’est effondrée sous les bombes israéliennes. Quelques jours plus tard, c’est le bâtiment ottoman, el-Minchiyé, qui surplombe le parking de l’acropole, qui est réduit en un tas de pierres. Ce magnifique bâtiment abritait autrefois des abayas brodées...
commentaires (3)

Bravoooo Nayla et toutes les personnes qui ont contribué à faire passer cette décision!

Joumana Hobeika / BEMO BANK

21 h 11, le 19 novembre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bravoooo Nayla et toutes les personnes qui ont contribué à faire passer cette décision!

    Joumana Hobeika / BEMO BANK

    21 h 11, le 19 novembre 2024

  • Félicitations Nayla ! Pour vos initiatives pour protéger nos patrimoines et l’OLJ nous maintient 24 heure sur 24 au courant des nouvelles du Liban et ailleurs .Zeina Chahid.

    zeina chahid

    17 h 36, le 19 novembre 2024

  • BRAVO ET MERCI. Pourvu que les Libanais fassent le même effort pour nous débarrasser de tous nos dirigeants véreux …

    Anis Abboud OLJ02869

    17 h 31, le 19 novembre 2024

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