Alors que les frappes israéliennes se multiplient sur la banlieue sud de Beyrouth depuis plusieurs jours, cette journée de jeudi a également été marquée par de nouveaux bombardements sur Nabatiyé et une nouvelle poussée israélienne au Liban-Sud. Ces hostilités entre le Hezbollah et Israël, entamées le 8 octobre 2023, ont pris une nouvelle dimension à la fin de l’été, causant au moins 3 386 morts et 14 417 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.
Annoncés en début de soirée, les bombardements sur Nabatiyé ont fait au moins cinq morts, dont deux membres de la même famille, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. La Békaa n’a pas non plus été épargnée. Au moins trois personnes ont été tuées dans un nouveau raid sur un quartier de Baalbeck, a indiqué le ministère de la Santé, qui a fait état de 12 blessés et de « restes humains » retrouvés sur le site bombardé. D’autres localités, comme Taraya dans le même caza, ont aussi été pilonnées, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah. A Douris, une frappe israélienne a ciblé un centre de la Défense civile, faisant un bilan s'élevant à au moins douze morts parmi les secouristes, selon les premières informations confirmées par le gouverneur du mohafez de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr.
Malgré les déclarations d’intention et les informations faisant état de progrès, les discussions devant permettre de parvenir à un cessez-le-feu stagnent.
Bombardements et avertissements
Depuis jeudi matin, l’armée israélienne a mené au moins sept frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, en deux séries suivant chacune des appels à évacuer des immeubles. Les trois premières, vers 9 h du matin, ont visé, à Ghobeyri, un bâtiment proche du cimetière militaire « Rawdat el-Chahidayn ». L’immeuble, identifié en rouge sur la carte publiée par le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, se trouvait effectivement proche de ce lieu. Sur des vidéos circulant en ligne et dans les médias, on peut voir que plusieurs personnes s’étaient attroupées dans une rue avoisinante pour observer le bombardement.
Un autre bombardement a visé Choueifate Amroussiyé, ciblant une zone proche de l’école Dar el-Ouloum, qui apparaissait également près du bâtiment menacé. Une nouvelle salve de frappes a touché Mrayjé et Haret Hreik-Roueiss peu après midi, selon les images de notre photographe Mohammad Yassine, après des appels à évacuer similaires. Vers 16h30, les quartiers de Ghobeyri et de Chiyah ont à nouveau été pilonnés.
Au cours de la nuit, des bombardements avaient déjà eu lieu en deux vagues, visant, après minuit et peu avant 5h du matin, des immeubles de Haret Hreik et Bourj el-Brajné. En milieu d’après-midi, l’armée israélienne a indiqué avoir bombardé au moins 30 cibles du Hezbollah en 48 heures.
Ces raids aériens, menés alors que la banlieue sud de Beyrouth est frappée en journée depuis le début de la semaine, sont souvent accompagnés d’appels aux habitants des zones concernées à « évacuer les lieux immédiatement, à 500 mètres au moins », avant des frappes sur des « infrastructures du Hezbollah ».
Chaîne télévisée pour enfants
Dans la nuit, un des bombardements vers 3 h du matin a détruit, selon le Hezbollah, un bâtiment du quartier de Kafa’at abritant les locaux d’une chaîne de télévision pour enfants, Taha TV, qui diffuse du contenu religieux. L’affiliation de cette chaîne au parti chiite n’est pas mentionnée clairement, ni sur son site ni par le Hezbollah. Taha TV est décrite sur le site web de la chaîne comme un média s’adressant aux jeunes de 2 à 14 ans et qui « respecte les valeurs islamiques tout en travaillant au développement de la créativité de l’enfant ».
Dans la soirée, la chaîne a publié un communiqué pour condamner ce bombardement qui a pris pour cible « un immeuble résidentiel qui abrite les bureaux de la chaîne des crèches pour enfants et nourrissons, une petite salle de cinéma, des magasins de vêtements et d'articles de première nécessité ». La chaîne a décrit cette attaque comme une « tentative désespérée » d'empêcher les enfants de se changer les idées dans le contexte de guerre actuel et un acte qui viole le droit international.
Avancées de l’armée israélienne dans la région de Bint Jbeil
Ce pilonnage de la banlieue sud a lieu tandis que les frappes se poursuivent sur le Liban-Sud et la Békaa, en parallèle de l’avancée sur plusieurs fronts de l’armée israélienne dans plusieurs villages frontaliers avec Israël, notamment dans les cazas de Marjeyoun et Bint Jbeil. Des affrontements ont en effet été signalés sur différents axes le long de la ligne bleue, dans le sud du Liban, alors que les échanges de tirs entre le Hezbollah et une force israélienne qui tente de s’infiltrer dans le secteur se poursuivent, a rapporté notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah.
Les combats se déroulent à la périphérie des localités de Aïtaroun et Aïnata, toutes deux situées au sud de la ville de Bint Jbeil, ainsi que le long de la zone de Qaouzah-Beit Lif, également dans le caza de Bint Jbeil, afin d’empêcher une force israélienne d’avancer vers la vallée stratégique de Beit Lif. Le parti chiite a également affirmé avoir frappé des soldats israéliens à la périphérie de Markaba et Houla. L’armée israélienne avait annoncé mercredi l’élargissement de son opération militaire terrestre.
Pour sa part, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a affirmé jeudi après-midi, dans un communiqué, que « des personnes non identifiées ont tiré environ 30 coups de feu » en direction de ses membres près de Qalaouié, dans le caza de Bint Jbeil.
« Ce matin, une patrouille de la Finul près de Qalaouié a repéré une cache de munitions près de la route. Après avoir informé l'armée libanaise, les Casques bleus ont poursuivi leur itinéraire prévu. Peu après, ils sont sortis de leur véhicule pour retirer des débris de la route et, en remontant à bord, deux ou trois individus non identifiés ont tiré environ 30 coups de feu dans leur direction », précise le communiqué.
La Finul indique que les Casques bleus « ont riposté depuis leurs véhicules avant de se mettre à l'abri ». « Personne n'a été blessé et aucun dommage n’a été causé aux véhicules, ajoute le texte. Il n'est pas certain si la découverte de la cache d'armes et l'attaque sont directement liées. Une enquête est en cours. »
La Finul rappelle que « les Casques bleus ne peuvent jamais être pris pour cible » et que « tirer dans leur direction constitue une violation flagrante du droit international et de la résolution 1701 ». Cette résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2006, vise à mettre fin aux hostilités entre Israël et le Hezbollah, à rétablir la paix et la sécurité au Liban, et à renforcer l’autorité de l’État libanais dans le sud du pays avec le soutien de la Finul.
Un homme tué dans une oliveraie
Parallèlement, les frappes israéliennes continuent de viser plusieurs localités du Sud, tout le long de la frontière, et notamment à Nabatiyé. Dans cette frappe, un civil et deux ambulanciers du Comité sanitaire islamique, affilié au Hezbollah, ont été légèrement blessés. À Hebbariyé, selon notre correspondant, une frappe de drone a tué un homme qui cueillait des olives. Dans la Békaa, un bombardement sur Baalbeck a fait trois morts, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé. Neuf personnes ont été tuées lors de la frappe sur le quartier d'Al-Chaab, toujours à Baalbeck, et cinq autres ont été blessées, a rapporté notre correspondante.
De son côté, le Hezbollah a annoncé plusieurs frappes sur des localités et positions militaires du Nord israélien, notamment sur Nahariya et « une base logistique de la 146e division » de l’armée israélienne, dans la caserne de Naftali, au nord-est de Netiv Hashayara, à l’est de Nahariya.
-RAIDS SUR LA BANLIEU SUD. -SEULEMENT TRENTE CIBLES. -ILS ONT PAR GRATITUDE, -AU HEZB, ETAIENT FLEXIBLES. -ILS BOMBARDENT DES DES, -RIEN QUE POUR BOMBARDER. -POINT DE DOUTE, A DAHIEH, -PLUS D,IMMEUBLE HABITE. -LA REVANCHE ET LA RAGE, -SONT VOTRE SEUL OUVRAGE.
21 h 16, le 14 novembre 2024